Avec ou sans taxe audiovisuelle
Récemment votée par le Parlement roumain et jugée populiste par une partie des commentateurs politiques, l’élimination de la redevance audiovisuelle et d’une centaine d’autres taxes a provoqué des débats très enflammés en Roumanie. Et ce d’autant plus que le Sénat et la Chambre des Députés de Bucarest ont fait passer la loi en temps record, ce qui arrive plutôt rarement par ailleurs. Représentants de la vie culturelle roumaine, hommes politiques et responsables d’ONGs, ainsi que des médias et des organisations de presse roumains et étrangers ont critiqué cette mesure.
Leyla Cheamil, 08.11.2016, 14:10
Récemment votée par le Parlement roumain et jugée populiste par une partie des commentateurs politiques, l’élimination de la redevance audiovisuelle et d’une centaine d’autres taxes a provoqué des débats très enflammés en Roumanie. Et ce d’autant plus que le Sénat et la Chambre des Députés de Bucarest ont fait passer la loi en temps record, ce qui arrive plutôt rarement par ailleurs. Représentants de la vie culturelle roumaine, hommes politiques et responsables d’ONGs, ainsi que des médias et des organisations de presse roumains et étrangers ont critiqué cette mesure.
Faut-il vraiment renoncer à cette taxe ? Les conséquences en ont-elles été bien estimées ? Quels sont les arguments en faveur de la suppression de la contribution audiovisuelle ? Quelle sera l’influence de cette décision sur l’indépendance des chaînes publiques de radio et de télévision ? Autant de questions ayant rythmé un débat public organisé à Bucarest qui a réuni représentants de la société civile, journalistes, leaders syndicaux, spécialistes en droit constitutionnel et autres personnalité publiques. Ils ont tous mis en garde contre les risques du contrôle politique des médias publics si les Sociétés de radio et de télévision allaient être financées exclusivement par le budget d’Etat.
Par l’élimination de cette contribution, on coupe le lien direct entre le citoyen et les services publics, affirme aussi Ioana Avadanei, directrice du Centre de journalisme indépendant qui a néanmoins précisé que les Roumains continueraient bel et bien à payer pour l’audiovisuel public : « L’élimination de la taxe est un mythe. Elle ne disparaît pas, mais elle est intégrée au budget d’Etat qui est formé toujours par l’argent que nous versons. La seule chose qui change c’est le lien entre les contribuables et les médias, lien qui ne sera plus direct » a déclaré Ioana Avadanei.
Pour sa part, l’académicien Razvan Theodeorescu a critiqué la décision du Parlement, soulignant que la suppression de la taxe pour l’audiovisuel public était tout simplement une vengeance politique. Razvan Theodorescu :« Je crois que le président roumain doit faire ce geste et rejeter cette stupidité, qui pourrait amener les deux sociétés publiques dans une situation difficile. »
Evidemment, les PDGs des deux institutions publiques se sont également exprimés contre l’élimination de la redevance audiovisuelle. Le Président directeur général de la Société Roumaine de Radiodiffusion, Ovidiu Miculescu a affirmé que l’annulation de la redevance audiovisuelle mettait en danger le fonctionnement même des deux médias dès le 1er janvier 2017. La chef de la télévision publique, Irina Radu a pour sa part affirmé que sans la contribution directe du public, le radio et la télévision ne pourront plus fonctionner aux termes de la Loi n° 41 qui règle actuellement leur organisation et fonctionnement.
Pour le moment la loi qui supprime une centaine de taxes, y compris la redevance audiovisuelle, attend d’être promulguée par le président roumain Klaus Iohannis. Ce dernier vient de déclarer que nombre de médias européens, syndicats et associations de professionnels du domaine lui ont déjà demandé de ne pas donner le feu vert à ce document dans sa forme actuelle pour éviter le risque d’un éventuel contrôle politique de la radio et de la télévision publiques. (trad. : Alex Diaconescu)