Année super-électorale en Roumanie.
En 2024, la Roumanie vit une année exceptionnelle sur le plan électoral, avec tous les types délection possibles au sein dune démocratie européenne.
Ştefan Stoica, 08.01.2024, 14:48
La Roumanie organise en 2024 des élections européennes, municipales, législatives et présidentielles, soit un marathon électoral sans précédent qui pourrait créer de nouveaux rapports de force dans la politique roumaine sans pour autant provoquer des perturbations majeures dans l’économie. Alliés au sein de l’actuelle coalition gouvernementale, les sociaux-démocrates et les libéraux ont décidé de se présenter séparément aux élections et la compétition entre les deux partis pourrait toucher le fonctionnement de l’actuelle majorité parlementaire.
Une alliance qui s’érode
Le PSD bénéficie des meilleures chances pour les élections : selon un récent sondage, le parti obtiendrait quelque 30% des voix alors que le PNL ne dépasse plus la barre des 20% des voix. Selon les commentateurs, pour les libéraux l’alliance avec leur rival traditionnel a été très couteuse sur le plan électoral, alors que pour les sociaux-démocrates les pertes ont été négligeables. Au sein d’une alliance ou bien individuellement, les partis traditionnels perdent constamment des voix, sur la toile de fond du contexte économique difficile et de leur incapacité de produire des solutions valides et durables dans ce secteur.
L’AUR, le parti antisystème, le vent en poupe
Les partis antisystème, radicaux-nationalistes, populistes-souverainistes et extrémistes mettent à profit le manque de fermeté des partis traditionnels et font preuve d’ingéniosité afin de conquérir d’amples segments d’électorat. En Roumanie, le principal représentant de ces courants est l’Alliance pour l’Unité des Roumains, déjà crédité de 19,5% des intentions de vote selon les sondages d’opinion. L’AUR a réuni autour d’elle des partis quasi-anonymes pour créer un pôle souverainiste. Au scrutin européen du 9 juin, qui lui offrira une tribune parfaite, ce parti compte faire un pas décisif vers le devant de la scène politique. Et même si sa présence sur la scène politique roumaine est très récente, l’AUR se confronte déjà à une dissidence : celle du parti appelé SOS, créé autour de la sénatrice Diana Sosoaca. Elle s’est fait remarquer par l’agressivité, la répétition de théories conspirationnistes des plus vulgaires, par ses positionnements anti-vax et pro-russe. Mme Sosoaca est devenue infréquentable même parmi les représentants de son ancien parti, l’AUR, qui partage une partie de ses thèmes de campagne. Le parti SOS tourne actuellement autour de 5% des intentions de vote, soit l’actuel seuil législatif. Il y a toutefois une opposition démocratique au binôme social-libéral : l’Union Sauvez la Roumanie, le Parti du Mouvement Populaire et la Force de la Droite ont officiellement lancé à la fin de l’année dernière l’Alliance de la Droite Unie, qui se réclame une alternative à l’Alliance PSD – PNL. Cette nouvelle alliance a déjà décidé d’une liste de candidats aux élections pour le parlement européen.
L’USR, troisième force politique du Parlement de Bucarest
L’absence d’une idéologie claire, l’immaturité et les erreurs de communication ont poussé cette formation politique en quatrième position dans le classement des intentions de vote avec un score d’environ 12%. Les rangs de l’USR seront renforcés par le Parti du Mouvement Populaire, créé autour de l’ex président Traian Băsescu et par les dissidents libéraux dirigés par l’ex premier ministre et leader libéral Ludovic Orban. L’Union démocrate magyare de Roumanie figure aussi dans les calculs électoraux. Grâce à la discipline de son électorat constitué dans sa quasi-totalité de la minorité magyare de Roumanie, l’Union a toujours accédé au Parlement de Bucarest.
A l’exception des élections pour le parlement européen, le calendrier électoral n’a pas encore été établi. Et ce qui plus est, aucun parti n’a annoncé qui sera son candidat pour la course électorale la plus passionnante, celle pour les fonctions de chef de l’Etat. (traduction Alex Diaconescu)