Leçon 162 – L’accent
Leçon 162
România Internațional, 02.01.2020, 01:08
Leçon 162
Dominique: Bună ziua.
Alexandra: Bună dimineaţa.
Alexandru: Bună seara.
Ioana: Bună!
Bun venit, dragi prieteni. Aujourdhui nous quittons la terre ferme du langage quotidien, pratique et prosaïque, pour nous élancer vers un aspect plus subtil, plus poétique du roumain. Cest que chaque langue possède sa propre mélodie.
Parmi tous les éléments qui contribuent à la musicalité dun idiome, nous avons choisi un des plus importants et peut-être le plus facile à analyser: laccent. Laccent est le cœur du mot. Le langage repose, en fait, sur sa pulsation vitale et tout sorganise autour de lui.
En roumain, à la différence du français, laccent nest pas fixe. On peut le retrouver sur nimporte quelle syllabe du mot – évidemment la même pour le même mot.
Pour les mots constitués dune seule syllabe, cest simple, la langue na aucun choix à faire.
Tu – tu, toi
Gând – pensée
Cer – ciel
Dans les mots constitués de deux syllabes, laccent peut frapper aussi bien la première que la seconde syllabe :
bine – bien
mare – grand
frumos – beau
copil – enfant
Dans les mots constitués de 3 ou plusieurs syllabes, laccent peut frapper nimporte laquelle de ces syllabes.
elefant – éléphant
istorie – histoire
muzică – musique
Dans les vocables plus longs, laccent a plutôt la tendance – naturelle – de se déplacer vers la fin du mot. Il ny a donc presque pas de mots longs accentués sur la première syllabe.
interesant
farfurie – assiette
întrecere – compétition
primăvară – printemps
categorie – catégorie
destinaţie – destination
constituţionalitate – constitutionnalité
Le domaine qui met le plus à profit laccent et ses valeurs, cest la poésie. Pour la langue roumaine, la flexibilité de laccent est un atout poétique important. Laccent se glisse à travers les mots, il serpente, dessinant de splendides motifs rythmiques qui font les délices de loreille. Je vous propose, en guise dexemple, la première strophe dun poème très connu de notre grand poète national Mihai Eminescu :
Alexandru: O, rămâi – Oh, reste…
Faites attention plutôt aux accents quau sens des mots.
Dans ce poème, la forêt sadresse au poète – enfant, en lui disant:
Alexandra :
O, rămâi, (oh, reste) rămâi (reste) la mine (auprès de moi)
O, rămâi, rămâi la mine (Oh, reste, reste auprès de moi!)
Te iubesc (je taime) atât (tellement) de mult (beaucoup); je taime tant
Te iubesc atât de mult ! (Je taime tant !)
Ioana:
Ale tale (les tiens) doruri (désirs, souhaits) toate (tous) – tous tes désirs, tes souhaits
Ale tale doruri toate
Alexandru:
Numai eu (moi seule) ştiu (je sais) să le-ascult (les écouter) –
Numai eu ştiu să le-ascult (Je suis la seule à savoir les écouter, les comprendre.)
Puisque le temps ne nous permet pas de nous y attarder davantage, vous trouverez sur le site la traduction littéraire, ainsi quune lecture de ce poème faite par une excellente comédienne.
De la poésie à la musique il ny a quun pas – un petit pas, même, car le poème « O, rămâi » a été magnifiquement mis en musique par un grand troubadour de la chanson roumaine : Nicu Alifantis. Sa chanson « O, rămâi », digne du poème eminescien, est aujourdhui la chanson de notre petite leçon de roumain.
LA REVEDERE!
O, rămâi
« O, rămâi, rămâi la mine,
Te iubesc atât de mult!
Ale tale doruri toate
Numai eu ştiu să le-ascult;
În al umbrei întuneric
Te asamăn unui prinţ,
Ce se uit-adânc în ape
Cu ochi negri şi cuminţi;
Şi prin vuietul de valuri,
Prin mişcarea naltei ierbi,
Eu te fac s-auzi în taină
Mersul cârdului de cerbi;
Eu te văd răpit de farmec
Cum îngâni cu glas domol,
În a apei strălucire
Intinzând piciorul gol.
Şi privind în luna plină
La văpaia de pe lacuri,
Anii tăi se par ca clipe,
Clipe dulci se par ca veacuri. »
Astfel zise lin pădurea,
Bolţi asupră-mi clătinând;
Şuieram l-a ei chemare
Şi-am ieşit în câmp râzând.
Astăzi, chiar de m-aş întoarce,
A-nţelege n-o mai pot…
Unde eşti, copilărie,
Cu pădurea ta cu tot?
(1879, 1 februarie)
Reste, reste près de moi!
(Traduction Jean-Louis Courriol)
« Reste, reste près de moi !
Nul ne taime autant que moi
Et nul mieux que moi ne saurait
Combler tes souhaits les plus secrets.
Dans le clair-obscur des sous-bois,
Je te donne les airs dun roi
Qui plonge au cœur des rivière
Le regard noir de ses yeux clairs.
Dans le grondement de la mer,
Dans le bruissement des prairies
Secrètement je donne vie
Au pas pressé des cerfs inquiets.
Et je te vois, soudain rai,
Chantonner doucement sans bruit.
Sur la tache claire de leau
Tu fais glisser ton pied léger.
Dans le clair de lune étoilé
Tu vois les lacs sembrumer,
Tes années semblent des instants
Et les instants semblent des siècles. »
Ainsi me parlait la forêt,
Pendant sur mon front ses ramées –
Jécoutais ses appels en riant
Et je fuyais à travers champs.
Je coudrais lécouter aujourdhui,
Je voudrais bien mais je ne puis.
Où es-tu mon enfance dorée ?
Où es-tu, où est donc ta forêt ?