Une situation tendue à Chișinău
Corina Cristea, 13.03.2023, 12:55
La
République de Moldova, qui avait fait partie jadis de la sphère d’influence de
Moscou, est aujourd’hui dirigée par des autorités fermement orientées vers
l’intégration européenne. Depuis plusieurs mois, elles font l’objet d’actions
de protestation, les manifestant invoquant notamment des aspects sociaux, tels
la pauvreté ou la hausse des prix. Cependant, les actions n’ont pas un
caractère massif, et les enquêtes ont montré, selon les autorités, que les
manifestants ne participaient pas par conviction, mais en échange pour une rémunération.
C’est le parti de l’oligarque pro-russe controversé Ilan Şor, qui est soupçonné
de payer les participants. Pour rappel, Ilan Şor, qui se cache actuellement en
Israël, a été condamné en 2017 à 7 ans et demi de prison ferme pour escroquerie
et blanchiment d’argent,.
Depuis
l’automne 2022, plusieurs rassemblements de ce type ont été organisés à
Chisinau. Le plus récent a eu lieu dimanche, le même jour où les autorités de
Chișinău ont annoncé la destruction d’un réseau coordonné depuis Moscou, qui
visait à déstabiliser la situation en République de Moldova. Il s’agit d’un
réseau de 10 groupes de 5 à 10 personnes, chacun ayant dû semer de chaos lors
des actions de protestation qui ont eu lieu ce samedi. Les groupes ont été
coordonnés par un représentant des services spéciaux de la Fédération de Russie
et avaient, parai-t-il, reçu comme instruction de déstabiliser l’ordre public
par l’intermédiaire de personnes ayant la double nationalité, russe et moldave,
venues à cet effet de Moscou.
Le
chef du Commissariat général de la police de la République de Moldova, Viorel
Cernăuțeanu, a présenté plusieurs enregistrements vidéo et audio, ainsi que des
fragments de correspondance destinés à démontrer l’implication de plusieurs
personnes de Russie dans la préparation des troubles de masse à Chișinău. 25
suspects ont été interrogés, dont sept ont été arrêtées. Viorel Cernăuțeanu a
également déclaré qu’il y avait un lien direct entre le coordinateur à Moscou
et la société militaire privée russe Wagner, mais aussi entre le réseau que la
police et les organisateurs des manifestations à Chișinău ont démantelé.
D’ailleurs,
la veille des manifestations de dimanche, les procureurs anti-corruption de Chișinău
avaient annoncé qu’à la suite des perquisitions menées contre des représentants
du Parti Șor, ils avaient confisqué plus de 2,5 millions de lei
moldaves, l’équivalent de près de 230 000 euros, argent qui aurait servi à
payer les participants aux manifestations. Les perquisitions ont eu lieu simultanément
dans plusieurs localités, chez des personnes soupçonnées de préparé des
désordres de masse pour déstabiliser de la situation politique en République de
Moldova et mettre en place à Chișinău un gouvernement fidèle à Moscou.
De
plus, lors de ces perquisitions, des menottes, des substances à odeur
spécifique de marijuana, ainsi que des dispositifs de communication et de
stockage d’informations ont également été retrouvés.
Les
personnes enquêtées sont des hommes âgés de 23 à 50 ans, antérieurement
condamnés. Certains d’entre eux sont récemment revenus de Turquie où, selon les
services secrets moldaves, ils ont été formés à résister aux forces de l’ordre,
à utiliser des articles pyrotechniques et des armes lors de manifestations. Les
perquisitions ont également eu lieu dans le contexte où Washington avait accusé
Moscou de tenter de déstabiliser la République de Moldova dans le but probable
d’installer une administration plus favorable à la Fédération de Russie. (trad.
Andra Juganaru)