Une longue série d’échecs pour la police roumaine
Ceux qu’une partie de la presse roumaine appellent « les
hommes de la loi » sont depuis quelques jours le sujet de critiques acerbes
dans l’espace public pour violations grossières de la loi. Le ministre de l’Intérieur,
Lucian Bode, vient d’annoncer le limogeage de toute la direction de l’Inspection
départementale de la Police de Bacau et de la ville d’Onesti, après un double
homicide perpétré dans cette ville de l’est du pays. M Bode a également saisi
le Parquet pour négligence professionnelle. En effet, plusieurs officiers de
police sont accusés d’avoir ignoré la gravité d’un incident sérieux, de ne pas
avoir mis à profit toutes les informations disponibles et de ne pas avoir informé
complètement et correctement l’échelon supérieur.
Bogdan Matei, 05.03.2021, 11:49
Ceux qu’une partie de la presse roumaine appellent « les
hommes de la loi » sont depuis quelques jours le sujet de critiques acerbes
dans l’espace public pour violations grossières de la loi. Le ministre de l’Intérieur,
Lucian Bode, vient d’annoncer le limogeage de toute la direction de l’Inspection
départementale de la Police de Bacau et de la ville d’Onesti, après un double
homicide perpétré dans cette ville de l’est du pays. M Bode a également saisi
le Parquet pour négligence professionnelle. En effet, plusieurs officiers de
police sont accusés d’avoir ignoré la gravité d’un incident sérieux, de ne pas
avoir mis à profit toutes les informations disponibles et de ne pas avoir informé
complètement et correctement l’échelon supérieur.
Lundi, deux ouvriers qui
rénovaient un appartement de la ville d’Onesti ont été poignardés à mort. Le
double homicide a été commis par l’ex-propriétaire l’appartement, un septuagénaire
furieux d’avoir été évacué de l’immeuble il y a plusieurs années. C’est
pourquoi, aidé par son épouse, il a pris en otage les deux travailleurs, les menottant
avec des colliers de serrage en plastique. Après l’échec des négociations avec
les forces de l’ordre, les policiers sont finalement entrés dans l’appartement et
ont ouvert le feu lorsque l’assaillant avait déjà commencé à poignarder ses victimes.
Blessé aux jambes par des balles en caoutchouc, l’agresseur est actuellement
hospitalisé.
Le ministère de l’Intérieur promet un rapport complet sur cet
incident, dont le dénouement sanglant serait une conséquence du manque de
professionnalisme des forces de l’ordre. L’enquête a révélé aussi le fait qu’une
des victimes avait même été touchée par les balles en caoutchouc tirées par les
policiers, fait confirmé aussi par le ministre de tutelle, Lucian Bode :« Il y a des traces de munitions non létales
sur le corps de l’une des victimes. Il se peut qu’elle ait été touchée par les
tirs des policiers durant l’intervention des troupes spéciales. Une enquête
pénale est en cours, deux cartouches ont été tirées, chacune composée de 15
billes en caoutchouc. L’enquête illustrera exactement la position des tireurs,
la position de l’assassin et des victimes », a déclaré le ministre roumain
de l’Intérieur.
Entre temps, à Bucarest, le Tribunal de grande
instance a décidé de placer en détention provisoire trois agents de la police
nationale et a institué le contrôle judiciaire à l’égard de trois autres. Ils
font partie d’un groupe de policiers accusés d’avoir battu, torturé et
abandonné deux jeunes sur un terrain vague. Ils avaient reproché aux agents le
non-port du masque et avoir émis des PVs sans aucune raison, ce qui a provoqué l’irritation
des policiers. Cet incident n’est pas le seul d’une longue série d’abus
perpétrés après la mise en place, il y a une année, de l’état d’urgence, suivi
depuis le mois de mai par l’état d’alerte en raison de l’épidémie de Covid-19. Dès
lors, les forces policières ont reçu de plus en plus de prérogatives.
La situation est d’autant plus inquiétante dans le
cas des différentes forces de police municipale, organisées et financées par
les Conseils municipaux. La réforme d’il y a 15 ans s’est avérée un échec
retentissant et nombre de maires élus l’année dernière promettent de démanteler
ces structures coûteuses et inefficaces. Les anciens gardiens publics en charge
de la sécurité et de l’ordre sur les marchés et dans les parcs ou au voisinage
des écoles ont été transformés en policiers communautaires, dont la
rémunération est parfois supérieure à celle des policiers nationaux, ils ont
été munis de voitures flambant neuves, d’armes à feu et de menottes, ayant obtenu
aussi le droit d’infliger des amendes et d’opérer des arrestations.
La différence,
c’est que si les policiers nationaux rémunérés par le ministère de l’Intérieur
suivent plusieurs années de formation dans des écoles spécialisées, dans le cas
des agents de la police municipale, les critères de recrutement sont beaucoup plus
malléables. Malheureusement, même les années supplémentaires de formation ne
garantissent pas la compétence et le professionnalisme des hommes de la loi.