Un test pour la démocratie américaine
Eugen Coroianu, 07.01.2021, 12:08
Des images stupéfiantes
roulaient mercredi sur les écrans des télévisions du monde entier : l’emblématique
bâtiment du Capitole américain, à Washington, était pris d’assaut par les partisans
de Donald Trump. Celui-ci les avait lui-même incités à le soutenir et à
empêcher la validation par le Congrès du résultat de l’élection présidentielle
qu’il considère comme fraudé. Cette idée d’élection truquée avait été lancée et
promue par Trump avant, pendant et après le scrutin, sans pour autant fournir de
preuve valable. Des dizaines de procès intentés à ce sujet par les républicains
ont été rejetés, l’un après l’autre, par les tribunaux américains, alors que le
Collège électoral a confirmé la victoire du démocrate Joe Biden. Le président
sortant a toutefois ignoré tout cela, restant de plus en plus seul, même au
sein de son propre parti, une bonne partie des membres ayant reconnu sa défaite.
Parmi eux, le vice-président Mike Pence, qui n’avait pas échappé aux pressions
de Trump de ne pas reconnaître la victoire de Biden. Mike Pence a transmis aux
occupants du Capitole qu’ils n’avaient pas vaincu, puisque la victoire ne s’obtient
par la violence, mais par la liberté. A son tour, le leader des républicains au
Sénat américain, Mitch McConnell, visiblement ému, a qualifié la situation d’insurrection
échouée.
De l’autre côté
de la barricade, le leader des démocrates, Chuck Schumer, insiste sur le
fait que ces événements n’ont pas été spontanés. Il accuse le président sortant
d’avoir promu des théories de la conspiration et d’avoir demandé à « ces délinquants
», comme il les appelle, de se rendre dans la capitale. A son tour, le président
élu, Joe Biden a qualifié d’insurrection cette attaque sur le Capitole, et demandé
une intervention ferme de la part de Donald Trump pour arrêter les violences et
pour défendre la Constitution.
Tout cela, dans
le contexte où, mercredi, Donald Trump avait posté plusieurs vidéos sur Twitter,
pour remercier ses partisans pour leur soutien et réaffirmer son refus de reconnaître
sa défaite, estimant toujours qu’il aurait remporté l’élection si le scrutin n’avait
pas été fraudé. Il a quand même écrit que les manifestants devaient quitter les
lieux et rentrer chez eux, pour que la paix, la loi et l’ordre soient
réinstaurés.
Les leaders du
monde entier ont condamné les incidents de Washington. Le secrétaire général
des Nations Unies, Antonio Guterres, a affirmé que les politiciens devaient
convaincre leurs électeurs à ne pas recourir à la violence et à respecter les
processus démocratiques. De même, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell,
et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, estiment que la victoire
de Joe Biden doit être respectée. « Ce qui est arrivé à Washington n’est pas
américain », affirme à son tour le président français Emmanuel Macron, alors
que le premier ministre britannique, Boris Johnson, qualifie ces événements d’honteux.
Enfin, à Bucarest, le ministère des AE, estime que les violences de Washington
sont préoccupantes et inacceptables, et exprime sa confiance en la démocratie
américaine qui doit, à son avis, rester un modèle au niveau global. (Trad. Valentina
Beleavski)