Un déficit commercial à la hausse
Bogdan Matei, 10.01.2023, 11:49
Secouée ces dernières années par les effets de
la pandémie de coronavirus et par ceux de la guerre en Ukraine voisine, l’économie
roumaine s’en ressent. Les pronostics pour son évolution cette année témoignent
d’un optimisme modéré, les gouvernants de Bucarest ayant fondé leur projet de
budget 2023 sur une croissance économique de 2,8 % et un déficit budgétaire à
la hausse, de près de 4,4 % du PIB.
Toutefois,
le bilan 2022 n’est pas tout aussi rose. La différence entre les importations
et les exportations de la Roumanie, au cours des 11 premiers mois de l’année
dernière, a dépassé les 31 milliards d’euros, selon l’Institut national de la
statistique. Il s’agit d’un déficit record de la balance commerciale, avec quelque
10 milliards d’euros de plus par rapport à 2021. C’est valable y compris pour l’industrie
automobile roumaine, où normalement les exportations sont plus importantes que les
importations. Selon les données officielles, dans le même intervalle, les automobiles
et les équipements de transport ont dominé la structure des exportations (41,7
%) et importations (32,7 %). S’y ajoutent d’autres produits manufacturés (30 %
pour les exportations et près de 29 % pour les importations). Somme toute, durant
les 11 premiers mois de 2022, les exportations de la Roumanie ont dépassé les
85 milliards d’euros, alors que les importations se sont chiffrées à plus de 116
milliards, d’où un déficit de la balance commerciale à 45% supérieur à celui de
la même période de 2021.
Cette
croissance a été déterminée principalement par la flambée de l’inflation, qui a
fait croître la valeur des importations. Mais la principale cause reste le fait
que la production autochtone ne peut toujours pas couvrir la demande interne,
même dans les secteurs à tradition, tels l’industrie agro-alimentaire, l’industrie
chimique ou encore la production automobile.
De l’avis
des experts financiers, l’Etat roumain devrait prendre des mesures rapides pour
éviter que la situation empire. Invité au micro de Radio Roumanie, l’analyste
économique Constantin Rudniţchi ajoute : « Evidemment, il faudrait
avoir une politique de promotion des exportations roumaines mieux structurée et
mieux financée. Par ailleurs, j’ai entendu parler dans l’espace public roumain
du fait qu’il faudrait faire une analyse très sérieuse des importations, et que
l’Etat roumain et le milieu des affaires devraient tenter ensemble de lancer des
offres aux compagnies qui importent ou produisent à l’étranger, pour que celles-ci
viennent en Roumanie ».
Avant
de terminer, précisions aussi que le commerce international de la Roumanie est
toujours dominé par les échanges avec les Etats-membres de l’UE, qui comptent pour
plus de 72 % du total des exportations (d’une valeur qui approche les 62
milliards d’euros). Côté importations, environ 70 % des produits qui arrivent en
Roumanie proviennent d’autres Etats de l’Union, leur valeur s’étant chiffée à
82 milliards d’euros l’année dernière. Pour ce qui est des échanges commerciaux
avec des pays situés en dehors de l’espace communautaire, leur valeur a été nettement
inférieure – soit de 23 milliards d’euros pour les exportations (27,4 % du
total) et de 34 milliards d’euros pour les importations (un peu plus de 29 %). (trad.
Valentina Beleavski)