Standard & Poor’s déclasse la note de la Roumanie
Standard & Poor's a révisé la perspective de la Roumanie qui passe ainsi de “stable” à “négative”.
Ştefan Stoica, 27.01.2025, 11:10
Pour la Roumanie et ses perspectives économiques et financières, l’année 2025 s’aligne sur les mêmes tendances que celles enregistrées en fin d’année dernière : l’agence de notation financière Standard & Poor’s a confirmé la note de « BBB – » accordée à la Roumanie, dernier échelon de la catégorie recommandée aux investisseurs. L’agence a aussi révisé les perspectives économiques qui passent de stables à négatives. À la fin de l’année dernière, Fitch avait également revu à la baisse la perspective de la note de crédit à long terme de la Roumanie en devises étrangères, alors que cette dernière avait précédemment maintenu sa note BBB-.
Le contexte économique et politique a pesé dans la balance
Standard & Poor’s signale que l’environnement politique fragmenté et incertain est susceptible de retarder le programme d’assainissement budgétaire du gouvernement. Les experts de l’agence rappellent que toutes les dépenses importantes effectuées avant les élections ont poussé le déficit du pays à près de 8,7 % du PIB, un score bien supérieur à leurs attentes et indique qu’il est difficile de contrôler les coûts dans une économie qui ralentit. Les experts estiment également que des politiques budgétaires plus souples maintiendront les déficits des comptes à un niveau élevé et qu’ils seront de plus en plus financés par des flux générateurs de dette, ce qui exposera le pays à des chocs de confiance de la part des investisseurs étrangers.
Réaction du ministre roumain des Finances
Dans une première réaction, le ministre roumain des Finances Tánczos Barna a déclaré que le changement de perspective de l’agence de notation montre que des mesures sont nécessaires pour réduire le déficit budgétaire, celles du vote d’un budget frugal et de la mise en place d’un État plus léger. « La Roumanie est toujours recommandée aux investisseurs comme un pays sûr. Les décisions prises par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire et renforcer la croissance économique doivent être mises en œuvre rapidement, sous la forme déjà convenue avec nos partenaires européens », a écrit le ministre sur sa page Facebook. Il a souligné que le budget de cette année, qui sera soumis à l’approbation du Parlement très prochainement, renforce cette approche de la gestion des deniers publics. Si l’évolution de l’économie devait confirmer les craintes des agences de notation et la perte de la note “stable”, cela augmenterait les coûts d’emprunt de la Roumanie.
Le gouvernement a déjà opéré un virage à 180° à la fin 2024
Cependant, à la fin de l’année dernière, le nouveau gouvernement de coalition PSD – PNL – UDMR a adopté une ordonnance d’urgence reflétant la volonté de réduire drastiquement toutes les dépenses inutiles, en particulier dans les domaines de l’administration, du gouvernement central et des collectivités locales, afin de réduire les déficits. Le gouvernement a également gelé les salaires et les pensions, dont l’indexation aurait entraîné le budget sur une pente dangereuse. Ces mesures ont déjà déclenché une vague de mécontentement parmi certaines catégories de fonctionnaires, de sorte que le gouvernement de coalition sera mis à rude épreuve sur le plan social. De plus, 2025 est aussi, par la force des choses, devenue une année électorale, tout comme l’a été 2024. En mai, les Roumains voteront à nouveau pour un nouveau président, après que la Cour constitutionnelle a annulé l’élection présidentielle de décembre dernier au motif que le processus électoral était entaché d’irrégularités.