Qui sera premier ministre en République de Moldova ?
Ştefan Stoica, 24.02.2021, 11:34
La victoire de
Maia Sandu au scrutin présidentiel de l’année dernière, a rouvert la voie européenne
pour cette petite république ex-soviétique voisine de la Roumanie. Les premières
actions du nouveau leader de Chisianu, comme par exemple le fait d’avoir été reçue
par le président roumain Klaus Iohannis, confirment ses intentions de retisser les
liens avec Bucarest et Bruxelles, des liens gelés durant la précédente administration
socialiste pro-russe.
Néanmoins, l’enthousiasme
suscité par l’élection de Maia Sandu, a été tempéré par les analystes politiques,
selon lesquels, dans le contexte d’un Législatif hostile et d’un pouvoir
constitutionnel limité, il sera difficile, sinon impossible, pour la nouvelle
présidente moldave de réussir son processus réformateur. Les élections
législatives anticipées seraient une solution pour remédier à cette situation,
suivies par l’installation d’un gouvernement qui soit son partenaire. Pour l’instant,
ce scénario reste peu probable.
Et pour cause. Mardi,
la Cour Constitutionnelle de République de Moldova a déclaré non conforme à la
loi fondamentale du pays le décret par lequel Maia Sandu nommait, à nouveau,
Mme Natalia Gavriliţă au poste de premier ministre afin de former un nouveau
cabinet. La Cour demande aussi aux formations politiques du Parlement et à l’institution
présidentielle de démarrer de nouvelles consultations pour la désignation d’un premier
ministre, vu notamment que la cheffe de l’Etat n’a pas nommé un candidat
soutenu par une majorité parlementaire.
Pour rappel, le
11 février dernier, à l’issue des consultations avec les groupes parlementaires,
Maia Sandu avait proposé une nouvelle fois Natalia Gavriliţă, un candidat déjà
rejetée au poste de premier ministre. C’était une manière de forcer le déclenchement
de la procédure des élections anticipées.
Suite à cette
décision de la Cour Constitutionnelle moldave, Maia Sandu a comparé la
situation actuelle de son pays avec celle de la fin 2015. A ce moment-là, l’ancien
leader démocrate Vlad Plahotniuc était soutenu par une majorité parlementaire proche,
obligeant le président Nicolae Timofti de nommer un candidat provenant de cette
majorité à la fonction de premier ministre.
A l’heure où l’on
parle, Maia Sandu plaide toujours pour l’organisation d’élections législatives
anticipées. Pourtant, à son avis, au sein du Parlement de Chisinau il n’y a pas
de majorité qui soutienne la lutte contre la corruption. Elle se déclare donc
sceptique quant aux intentions des députés de sortir le pays de la crise. « Leur
soi-disant majorité n’a rien à voir avec l’idée de sauver le pays. Il faut
sauver le pays en proie aux voleurs », affirme la présidente moldave.
Dans le camp
adverse, le leader des socialistes et ancien président, Igor Dodon, accuse Mme
Sandu d’avoir enfreint gravement la Constitution et lui demande impérativement
d’émettre le décret d’investiture d’un candidat légal à la fonction de premier
ministre. Il rappelle que la majorité formée autour des socialistes a elle
aussi une proposition à ce poste. En cas contraire, les socialistes menacent
par des protestations.
Notons pour
terminer que selon un récent sondage d’opinion, 42% des Moldaves questionnés
estiment que, vu l’actuelle situation politique, la priorité c’est de former un
nouveau gouvernement, alors que 39% sont favorables aux élections anticipées. (trad.
Valentina Beleavski)