Prison ferme pour Elena Udrea, ancienne ministre du Développement
Ştefan Stoica, 08.04.2022, 11:45
En
Roumanie, le célèbre procès intitulé « Le gala Bute », d’après le nom de l’ancien
grand boxeur roumano-canadien Lucian Bute, touche à sa fin. Jeudi, la Haute Cour
de Cassation et de Justice de Roumanie a rejeté comme non-fondées les
contestations d’annulation déposées par l’ancienne ministre du Développement,
Elena Udrea et par les autres inculpés dans ce dossier. Elena Udrea a écopé
ainsi d’une peine de 6 ans de prison ferme. L’ancien président de la Fédération
roumaine de boxe, Rudel Obreja, a quant à lui une peine de 5 ans de prison
ferme, alors que l’administrateur des terrains détenus par Mme Udrea – passera,
lui, 3 ans derrière les barreaux. Les sanctions dans ce dossier avaient été suspendues
en décembre 2018, après une décision de la Cour Constitutionnelle de Roumanie selon
laquelle la loi n’avait pas été respectée au moment où les tribunaux de 5 juges
avaient été constitués à la Haute Cour de Cassation et de Justice, rendant le
verdict final du dossier du « Gala Bute » complètement non-légal.
Cette
fois-ci, l’Instance suprême a appliqué une décision de la Cour de Justice de l’UE,
qui dit que les juges nationaux peuvent ignorer une décision de la Cour Constitutionnelle
qui annule les peines accordées dans des dossiers de fraude aux fonds européens.
Les juges roumains ont ainsi confirmé la suprématie du droit communautaire face
à celui national, en décidant de ne pas mettre en place une décision de la Cour
Constitutionnelle.
Dans ce
fameux dossier, Elena Udrea est accusée d’avoir coordonné un système permettant
à ses proches de recevoir de l’argent de la part des représentants de différentes
sociétés commerciales, afin de garantir le paiement à temps des travaux financés
par le ministère qu’elle dirigeait à l’époque, tout en étant au courant de cet
état de choses. Selon les procureurs, les sommes obtenues ainsi étaient reçues directement
par Elena Udrea soit en argent comptant, soit par le paiement de certains biens
et services, ou bien par d’autres personnes indiquées par celle-ci. Mme Udrea
est aussi accusée d’avoir déterminé d’autres fonctionnaires de son ministère à
enfreindre leurs attributions pour faciliter l’acquisition de services
publicitaires pour « Le Gala Bute », causant un préjudice au budget du
ministère et créant une prise illégale d’intérêts pour Rudel Obreja, à l’époque
président de la Fédération roumaine de boxe.
Le
premier verdict à l’encontre d’Elena Udrea remonte à 2018 : 6 ans de
prison ferme pour acceptation de pots-de-vin et abus de fonction. A l’époque, elle
avait réussi à fuir la Roumanie, pour le Costa Rica, pays qui n’a pas de
convention d’extradition avec la Roumanie. Même cas de figure ce jeudi, le jour
de son verdict final et définitif : l’inculpée a quitté le pays, mais elle
a été interpellée par les autorités bulgares. D’ailleurs, la Direction
nationale anticorruption de Roumanie avait demandé sa mise sous contrôle judiciaire,
justement pour sa tentative de se soustraire à l’exécution de la peine, mais
cette demande avait été rejetée par le tribunal.
Le
dossier du « Gala Bute » est finalisé. Mais les problèmes d’Elena Udrea
avec la justice ne s’arrêtent pas là. Ella a également reçu un peine de 8 ans de
prison ferme dans un procès visant la campagne électorale de 2009, une sentence
qui n’est pourtant pas définitive. Elle fait l’objet d’un 3e dossier
aussi.
A
préciser qu’Elena Udrea était jadis une militante de la lutte contre la
corruption et la main droite de l’ancien président Traian Basescu, lui aussi
champion de la lutte pour l’indépendance des procureurs, avant que ceux-ci n’aient
pas investigué les faits de corruption de ses proches. L’héritage de l’époque
de Traian Basescu n’est pas des meilleurs : l’ancien président a été
récemment confirmé en tant que collaborateur de la Securitate, la police politique
communiste, alors que son numéro 2 est condamnée pour corruption après avoir
par deux fois tenté de s’échapper. (Trad. Valentina Beleavski)