Pour et contre une « taxe de solidarité »
Ştefan Stoica, 08.12.2021, 10:49
Le gouvernement roumain doit répondre
aux contraintes budgétaires accrues, suite à sa décision d’augmenter à partir
du 1er janvier le salaire minimum, les pensions de retraite et les
allocations familiales. L’Exécutif est donc en train d’élaborer le budget pour
l’année 2022 et, pense qu’un des moyens de faire augmenter les recettes serait
une taxe dite « de solidarité », à payer par les grandes entreprises.
La proposition est issue du membre le plus petit de la coalition
gouvernementale : l’Union démocrate magyare de Roumanie. Le vice-premier
ministre Kelemen Hunor, qui est également président de ce parti a déclaré
qu’une taxe de 1% du chiffre d’affaires serait destinée aux investissements
dans des secteurs prioritaires, tels la santé et l’éducation.
« C’est une proposition qui vise
une période courte de temps, d’une année, dont le but est d’augmenter les
recettes budgétaires durant une période difficile. Nous sommes obligés à cause
de l’inflation et de la flambée du prix de l’énergie, à trouver des sources
censées aider les personnes qui en ont besoin. » a expliqué M Hunor.
Le PSD approuve cette idée, mais le
PNL s’avère plutôt réticent.
Les entreprises visées, privées ou
publiques sont celles dont le chiffre d’affaires est d’au moins une centaine de
millions d’euros. Aux dires de Kelemen Hunor, durant des périodes difficiles,
les entreprises devraient être solidaires avec les citoyens et la société grâce
auxquels elles font du profit. Ce sujet sera également négocié avec le milieu
des affaires. Celui-ci a déjà réagi sur le fond des rumeurs antérieures qui
annonçaient une telle mesure. La Chambre de commerce américaine (AmCham) en
Roumanie, qui réunit plus de 470 entreprises américaines, multinationales et
roumaines a transmis l’inquiétude de la communauté d’affaires au sujet de
l’intention de la coalition gouvernementale de majorer la charge fiscale des
grandes entreprises. Le moment pour une telle décision est également critiqué
car actuellement le climat des investissements et des affaires serait grevé
par plusieurs crises.
« Après une période de crise politique
prolongée pendant laquelle la confiance des compagnies dans le milieu des
affaires de Roumanie s’est effondrée, superposée à une période de pointe de la
crise de Covid, la hausse des tarifs de l’énergie et l’approfondissement des
tensions sur le marché de l’emploi, toutes ces rumeurs à propos de nouvelles taxes
ne font que croître les risques de réorientation des plans des compagnies en
matière d’investissements et d »élargissement », met en garde l’AmCham.
De l’avis de ses représentants, l’absence
de prédictibilité et l’accentuation de l’instabilité par des mesures
intempestives – tout cela est à même de
décourager les investissements et les intentions des compagnies pour le marché
roumain. Dans ce contexte, l’impact négatif sur le moyen et le long terme
dépassera le profit sur le court terme.
Par ailleurs, selon la presse
économique, plus de 300 compagnies roumaines et étrangères actives en Roumanie
pourraient être affectées par l’introduction d’une « taxe de solidarité »
de 1%. Pour sa part, le gouvernement a calculé des recettes de plus de 5
milliards de lei grâce à cette taxe, soit l’équivalent de plus d’un milliard d’euros.
Enfin, le Conseil des investisseurs
étrangers demande aux responsables de Bucarest de renoncer à cette idée, qui, à
ses dires, pénalise justement les sociétés qui se conforment aux normes
fiscales et qui ont réussi à avoir du profit même dans des conditions
sanitaires restrictives.