Moins d’investissements étrangers en Roumanie
L’année dernière les investissements étrangers directs en Roumanie ont baissé de plus d’un tiers par rapport à 2022. Une chute en ligne avec les tendances internationales. Le gouvernement de Bucarest cherche à remédier à la situation.
Bogdan Matei, 01.10.2024, 12:33
Les investissements étrangers ont chuté d’un tiers
C’est la Banque nationale de la Roumanie qui a fait savoir que les investissements étrangers directs dans l’économie nationale ont chuté en 2023 par rapport à l’année précédente. En 2023, leur flux net a atteint les 6,75 milliards d’euros, soit une baisse de 36% par rapport au niveau de 2022. Selon les experts de la Banque centrale, cette évolution s’aligne en fait sur les tendances internationales et s’explique en grande partie par les incertitudes économiques et les tensions géopolitiques actuelles, dont notamment le conflit au Proche Orient. Tout cela a déterminé les investisseurs étrangers à opter pour une approche plus prudente. De l’avis d’autres spécialistes, cette réticence à investir a été amplifiée par ce que l’on appelle « la fin du moteur franco-allemand de l’Europe ».
Quant à la Roumanie, les principaux domaines qui y ont attiré les investisseurs étrangers ont été les secteurs industriel, financier, celui des assurances et le commerce. Si bien qu’à la fin 2023, le total des fonds extérieurs direct absorbés par l’économie roumaine s’élevait à 118 milliards d’euros.
Une tendance similaire au niveau international
De son côté, l’analyste financier Adrian Codirlaşu, note que cette tendance à la baisse a persisté en 2024, étant donné que le pays a bénéficié d’environ 800 millions d’euros de moins cette année. Les investissements autochtones pourraient combler ce vide, estiment certains experts. Selon le ministre des Investissements et des Fonds européens, Adrian Câciu, la valeur totale des investissements lancés par l’Etat roumain, avec des fonds nationaux ou européens non remboursables ou bien par le Plan national de relance et de résilience, se chiffrent à quelque 155 milliards d’euros, soit la moitié du PIB de la Roumanie.
Des programmes gouvernementaux pour soutenir l’industrie
D’ailleurs, le gouvernement de Bucarest a annoncé récemment avoir lancé aussi plusieurs programmes stratégiques pour le développement de l’économie nationale, dont le plus important est le Programme national de soutien pour la grande industrie, chiffré, lui, à un milliard d’euros. Il comporte aussi un schéma réunissant des aides publiques de 500 millions d’euros et des facilités fiscales pour les compagnies qui font des investissements stratégiques de plus de 150 millions d’euros dans l’industrie de transformation.
Pour en bénéficier, les compagnies doivent créer au moins 250 emplois et se baser dans des régions dont le PIB par tête d’habitant est inférieur à la moyenne nationale afin d’aider à leur développement. L’Exécutif promet aussi d’allouer 250 millions d’euros par an aux compagnies qui investissent dans la production de matières premières industrielles.
Les crédits, nécessaires pour continuer les grands projets
Cependant, tout cela ne peut pas se réaliser sans avoir un partenariat public-privé, avouent les autorités. Elles mettent en garde aussi contre le fait que la Roumanie se verra obligée à continuer à emprunter de l’argent pour mener à bout les plus grands projets qui sont en cours, dont la construction d’autoroutes, d’hôpitaux, de nouveaux stades ou salles de sports, la réhabilitation de nombreuses écoles ou encore la modernisation des ports et des voies ferrées. Le gouvernement assure pourtant que ces crédits seront remboursés de manière naturelle grâce à ce que l’on appelle les « écosystèmes économiques » créés par ces investissements. (trad. Valentina Beleavki)