L’UE et les Etats-Unis doivent agir ensemble
Devant les députés européens, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte a plaidé pour l’allocation d’enveloppes plus importantes à la Défense.
Corina Cristea, 14.01.2025, 13:40
L’Europe ne se permet pas de se séparer des Etats-Unis.
Auditionné pour la première fois par les commissions en charge des Affaires extérieures et de la Défense du Parlement Européen, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte a déclaré que l’Europe ne se permettait pas de se séparer des États-Unis, en matière de défense. Et d’ajouter qu’en ce moment les États-Unis couvrent environ 60 % de l’ensemble des dépenses de l’Alliance et que, sans eux, les Européens devraient multiplier par 4 les montants alloués à la défense. Dans ces conditions, la sécurité militaire ne peut être atteinte que d’ici 10 à 15 ans, a encore expliqué le responsable de l’Alliance, qui a aussi mentionné la mise en place de procédures simplifiées d’acquisition et de livraison d’armement. Et pas en dernier lieu, le secrétaire général de l’OTAN a exhorté les Européens à allouer dorénavant un budget plus important à la Défense. Et pour cause. 2 % du PIB s’avère un pourcentage insuffisant dans le contexte de la guerre en Ukraine, a expliqué Mark Rutte, insistant sur le fait que la sécurité était de mise pour garder ce que la démocratie européenne avait réalisé jusqu’ici.
La Russie cible l’Europe par des campagnes de déstabilisation
Il propose en même temps que les « attaques hybrides » dont on parle depuis environ 15 ans déjà, soient désormais appelés « campagne de déstabilisation ». Il s’agit notamment de la Russie qui attaque l’Europe sous différentes formes, précise Mark Rutte :
« Alors que la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine fait rage, Moscou accélère les campagnes de déstabilisation contre nos pays, par des attaques cybernétiques, des tentatives d’assassinat, des actes de sabotage et bien d’autres actions. On les appelait jusqu’ici des « actions hybrides », mais j’aimerais renoncer à ce terme pour utiliser celui de « campagne de déstabilisation ». Et puis, la Russie n’agit pas toute seule. Elle est aidée par la Chine, la Corée-du-Nord, l’Iran. Entre-temps d’autres menaces persistent, à savoir : le terrorisme, la prolifération nucléaire, la désinformation et bien sûr les changements climatiques. Les pays de l’OTAN ont fait croire leurs budgets de Défense. Deux tiers d’entre eux allouent actuellement au moins 2 % de leur PIB à la Défense. C’est très bien et je salue leurs efforts. Mais pour être honnête, 2 % est loin d’être suffisant. Notre industrie est toujours insuffisamment développée, trop fragmentée et, à vrai dire, trop lente. Je salue et j’appuie les actions que l’UE a faites pour redoubler d’efforts et pour élargir sa base industrielle de défense. Par ce programme de l’Union Européenne, nous avons maintenant l’occasion de renforcer notre sécurité commune ».
Pas tous les Etats de l’OTAN allouent 2% à la Défense
Avant de terminer précisons qu’à l’heure actuelle seulement 23 des 32 membres de l’OTAN allouent 2 % de leur PIB à Défense, comme assumé au sein de l’Alliance. La Roumanie en est un. À noter aussi que le président élu des États-Unis, Donald Trump, a récemment demandé aux membres de l’OTAN d’augmenter les budgets destinés à la Défense jusqu’à au moins 5 % du PIB. Un objectif que l’Union européenne considère pourtant comme non réaliste. Une éventuelle décision de majorer cette cible est attendue au prochain sommet de l’OTAN prévu à La Haie en juin prochain et les débats s’annoncent déjà tendus, selon les analystes.