Les enseignants et l’école en ligne
Roxana Vasile, 05.11.2020, 00:49
Le
système roumain de l’éducation nationale compte désormais parmi
les victimes de la pandémie de Covid-19. Interrompus au mois de
mars, suite à l’instauration de l’état d’urgence, les cours ont
repris à la mi-septembre, avec la rentrée 2020. L’année scolaire
2020-2021 a recommencée conformément à trois scénarios de base :
vert, dans le cadre duquel les cours se déroulent en présentiel
dans les salles de classe, rouge avec des cours exclusivement en
ligne, et jaune, avec un mélange des deux.
La joie de la majorité
des quelque 2,8 millions d’enfants et adolescents de se revoir dans
les écoles à la mi-septembre n’a pas duré trop longtemps. La
progression des cas d’infection au nouveau coronavirus a mené à la
fermeture d’un nombre de plus en plus élevé d’écoles dans de
nombreuses régions du pays, y compris à Bucarest, où les autorités
avaient décidé de fermer physiquement les écoles et de dérouler
des cours exclusivement en ligne.
Le délai de sept mois entre mars
et septembre aurait dû constituer pour le ministère de l’Éducation
nationale une bonne occasion d’imaginer des solutions viables pour
que ni les enseignants, ni les élèves ne subissent des conséquences
fâcheuses. Mais voilà que de nombreux professeurs ne savent même
pas maintenant, début novembre, ce que l’enseignement en ligne
présuppose, une bonne partie des élèves n’ont pas les moyens,
c’est-à-dire qu’ils ne possèdent ni tablettes, ni ordinateurs, or
pour les parents, l’effort financier est considérable.
Selon
un sondage d’opinion réalisé par la Fédération des syndicats de
l’éducation « Spiru Haret » parmi 8 500 enseignants à
travers le pays, 53% d’entre eux ont suivi ces cinq dernières années
au moins un cours de formation professionnelle d’utilisation des
nouvelles technologies dans l’enseignement. Et pourtant, la majorité
des professeurs, soit 66%, affirment qu’ils ont toujours besoin de
cours de formation pour pouvoir enseigner en ligne. Près de 46% des
professeurs de Roumanie affirment que les autorités n’ont pas aidé
les écoles durant cette crise sanitaire. 37 enseignants sur 100 ont
été obligés de s’acheter eux-mêmes un téléphone portable où
une tablette et 33% d’entre eux ont payé de leur propre poche plus
de 200 euros pour pouvoir enseigner à distance.
Conformément au
même sondage d’opinion, les professeurs ont également acheté des
cartouches pour leurs imprimantes, des logiciels éducationnels et du
matériel sanitaire (masques et désinfectants). La conclusion de la
Fédération des syndicats de l’éducation Spiru Haret est que tant
les autorités locales que celles centrales devraient allouer des
fonds substantiels pour permettre aux enseignants de mener des
activités éducationnelles de qualité et de garantir l’accès de
tous les enfants aux cours, qu’ils se déroulent en présentiel, en
distanciel ou dans un système hybride.