Les auditions des ministres du Cabinet Orban 2
Ştefan Stoica, 17.02.2020, 12:57
L’équipe gouvernementale
démise le 5 février retourne au Parlement de Bucarest, avec à sa tête le même
patron du Parti national libéral Ludovic Orban, à présent, premier ministre
désigné, avec la même composition, que les élus avaient validée il y a trois
mois, avec un programme légèrement modifié, mais avec un nouvel objectif,
radicalement modifié par rapport au précédent, à savoir ne pas obtenir
l’investiture. Ce qui semble bien bizarre, sauf que c’est l’unique démarche pour
déclencher les élections anticipées, souhaitées par une minorité parlementaire,
rassemblant le Parti national libéral et l’Union Sauvez la Roumanie, ainsi que
le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, partenaire des libéraux. Qualifiée quasi
unanimement de rigide, la Constitution de la Roumanie semble être construite à
bon escient pour ne pas offrir des solutions claires à des situations de crise
ou de blocage comme c’est le cas actuellement. La loi fondamentale exige le
rejet, dans un délai de deux mois, de deux propositions consécutives de
gouvernement, pour que le président puisse ensuite dissoudre le Législatif et
convoquer un scrutin anticipé.
C’est bien la logique des évolutions suite à la
destitution de la première équipe exécutive Ludovic Orban, ainsi sanctionnée
pour avoir engagé sa responsabilité sur le projet de loi électorale du retour à
un scrutin municipal à deux tours. Dès son installation, le premier Cabinet de
Ludovic Orban s’est heurté à un gros problème qui était l’absence d’une
majorité à même de l’aider à mettre en place ses projets. C’est la raison qui
l’a poussé à engager sa responsabilité sur plusieurs projets législatifs, y
compris la loi du budget de l’Etat. Grands favoris des sondages après les
victoires enregistrées aux élections européennes et présidentielles de 2019,
les libéraux roumains considèrent que les législatives anticipées sont une
chance pour eux de se construire une majorité solide et de surmonter l’obstacle
parlementaire. Les trois premiers jours de cette semaine sont consacrés aux
auditions des ministres proposés, le vote étant prévu le lundi 24 février, à la
limite du délai légal qui est de 15 joursdepuis le dépôt du programme du
gouvernement et de la liste des ministres. D’ailleurs, le premier ministre
désigné, Ludovic Orban, soupçonne les sociaux-démocrates d’avoir tenté de
tergiverser les auditions et le vote d’investiture. Il considère aussi que les
élections législatives anticipées pourraient avoir lieu dans la seconde
quinzaine de juin, à la même période que le scrutin local.
Le président par
intérim du Parti social-démocrate, Marcel Ciolacu, a récemment affirmé que les
élus du parti ne voteraient pas le Cabinet Orban 2. Les sociaux-démocrates ont
modifié leur discours ces derniers temps et se déclarent prêts pour tout
scénario, y compris des législatives anticipées. Le PSD ressent toujours le
choc des défaites de l’année dernière, mais il a repris du poil de la bête
après avoir bloqué la modification de la législation électorale. Leader
national en nombre d’élus locaux, le PSD est le principal bénéficiaire d’un
scrutin municipal à un seul tour et mise sur des édiles stimulés par
l’implication électorale, ce qui pourrait améliorer le score aux législatives,
si ces élections ont lieu à la même époque que les locales. (Trad. :
Ileana Ţăroi)