Le système médical, sous pression
Lorsque la pandémie a été déclarée, la Roumanie n’était pas prête à faire face à une crise sanitaire aussi sérieuse que celle générée par le nouveau coronavirus. C’était une situation connue et reconnue par tous les hauts responsables de l’Etat. Il a fallu beaucoup de travail et d’efforts logistiques pour maintenir sous contrôle cette situation. Une importante partie de cet effort était assumé par Unifarm, la compagnie d’Etat en charge de l’achat de la vaste majorité des fournitures médicales et des médicaments nécessaires aux hôpitaux de Roumanie.
Ştefan Stoica, 24.06.2020, 12:45
Lorsque la pandémie a été déclarée, la Roumanie n’était pas prête à faire face à une crise sanitaire aussi sérieuse que celle générée par le nouveau coronavirus. C’était une situation connue et reconnue par tous les hauts responsables de l’Etat. Il a fallu beaucoup de travail et d’efforts logistiques pour maintenir sous contrôle cette situation. Une importante partie de cet effort était assumé par Unifarm, la compagnie d’Etat en charge de l’achat de la vaste majorité des fournitures médicales et des médicaments nécessaires aux hôpitaux de Roumanie.
Mardi dernier, le public a appris que le directeur de la compagnie, Adrian Ionel, avait été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une affaire instruite par les procureurs anticorruption. Il est accusé d’avoir demandé des pots de vin pour attribuer un contrat d’achat de masques chirurgicaux et de combinaisons de protection destinés au personnel médical. C’était à la mi-mars, en pleine crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie, lorsque les masques médicaux étaient carrément introuvables. Adrian Ionel aurait demandé un pot de vin de pas moins de 760.000 euros. En échange de l’argent promis, il aurait signé un contrat avec une société commerciale turque qui s’engageait à fournir à Unifarm quelque 250 mille combinaisons et trois millions de masques de protection. Les procureurs accusent Adrian Ionel d’avoir négocié personnellement les termes du contrat avec une personne qui n’était même pas la représentante officielle du fournisseur. Ce qui plus est, le contrat aurait été attribué sans respecter les procédures légales d’avant l’institution de l’Etat d’urgence.
Lorsque le premier lot d’un million de masques a été délivré, les autorités roumaines ont découvert que ceux-ci n’étaient pas conformes et le directeur d’Unifarm a décidé de résilier unilatéralement le contrat. Les procureurs anticorruption ne peuvent pourtant pas affirmer si cette décision était une conséquence de la mauvaise qualité des masques ou du fait que l’entreprise turque n’avait pas payé les pots de vin promis au directeur d’Unifarm. Celui-ci affirme avoir toutes les preuves nécessaires pour soutenir son innocence. L’enquête a également dévoilé qu’Adrian Ionel occupait illégalement les fonctions de directeur général d’Unifarm depuis pas moins de 4 ans, durant lesquels il aurait encaissé des salaires totalisant plus de 100 mille euros. Le corps de contrôle du ministre de la Santé vérifie depuis un certain temps déjà les affaires de la compagnie Unifarm, y compris les contrats d’achat de fournitures pour combattre le nouveau coronavirus.
La crise sanitaire a créé un terrain très propice à la corruption endémique de Roumanie et cette crise est loin de s’achever. Le grand nombre de cas d’infection au coronavirus recensés chaque jour mettent à l’épreuve le système médical roumain. Le nombre des malades placés en soins intensifs a légèrement augmenté et de nombreux hôpitaux annoncent ne plus avoir de places libres, se déclarant dans l’impossibilité de recevoir de nouveaux patients. Afin de réduire la pression sur les hôpitaux, les critères qu’un malade de Covid 19 doit remplir pour pouvoir quitter un établissement hospitalier ont été modifiés. Les personnes qui ne présentent pas de symptômes évidents pourront quitter les hôpitaux après une dizaine de jours, sous certaines conditions. Sur cette toile de fond, les arguments en faveur d’une nouvelle étape de relâchement sont de moins en moins solides.
En échange, il est possible que certains départements qui enregistrent une flambée du nombre des cas d’infection soient placées à nouveau en quarantaine. Une telle mesure n’est pas envisagée, affirme le gouvernement, qui n’exclut pourtant pas le retour au confinement, dans un quartier ou dans une localité, en cas de transmission communautaire accentuée, a précisé le ministre de la Santé Nelu Tataru. (Trad. Alex Diaconescu)