Le nouvel ancien gouvernement de Ludovic Orban
La pandémie de coronavirus s’est superposée à la
situation politique compliquée, au plus haut niveau, de Bucarest, générant en
égale mesure des cas de figure jamais vus auparavant. En voici les détails.
Après avoir gagné tambour battant les élections européennes et présidentielles,
le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, et le Parti national libéral, qui le
soutient, étaient décidés de provoquer des élections législatives anticipées.
Elles auraient pu avoir lieu au même moment que les élections locales.
Roxana Vasile, 16.03.2020, 14:21
Le
renversement de l’exécutif social-démocrate par motion de censure, en octobre
dernier, aurait dû être suivi, dans la vision des libéraux, par la tentative
d’obtenir une majorité confortable au parlement, censée les aider à mettre en
application le programme de gouvernance. Mécontents de la prestation de la
gouvernement du PNL, le PSD, d’opposition depuis novembre dernier, a déposé à
son tour une motion de censure début février, qui est passée. Si bien que le
gouvernement libéral dirigé par le président du PNL, Ludovic Orban, a été
destitué. Le chef de l’Etat et les libéraux eux-mêmes entrevoyaient dans cette
démarche la possibilité de déclencher des élections anticipées. Par conséquent,
M Iohannis a désigné de nouveau Ludovic Orban à former un nouvel exécutif.
Toutefois, le vote d’investiture du parlement n’a pas eu lieu faute de quorum.
En plus, le président des libéraux a déposé son mandat de premier ministre
désigné. C’est ainsi que le libéral Florin Cîţu a été nommé premier ministre.
Jeudi dernier, il a pourtant créé de la stupeur en déposant, à son tour, son
mandat, une demi-heure avant l’investiture de son gouvernement, qui passait
pour presque sûre.
Entre temps, les informations relatives à l’évolution des cas
d’infection au nouveau coronavirus étaient devenues de plus en plus
inquiétantes, et la Roumanie ne disposait pas d’un gouvernement aux pleins
pouvoirs, à même de prendre toutes les mesures pour gérer la crise. Sur la
toile de fond de cette urgence, le président Klaus Iohannis a annoncé,
vendredi, suite aux téléconsultations avec les partis politiques, qu’il
désignait une nouvelle fois Ludovic Orban aux fonctions de premier ministre. Il
faut se concentrer à 100% sur la lutte contre l’épidémie, a dit le chef de
l’Etat, avant d’ajouter que les formations parlementaires avaient promis de ne
pas bloquer l’investiture de l’exécutif, même samedi, en réunion
extraordinaire. Ce qui est d’ailleurs arrivé ! Le gouvernement Orban 2 -
ou même 3 selon certains – est passé au parlement avec 286 voix pour, 23 contre
et une abstention, et en plus après une procédure inédite. Le comble de
l’ironie : les voix du PSD, qui avait renversé le gouvernement Orban 1,
ont été décisives pour l’investiture, car beaucoup de parlementaires libéraux
étaient en confinement après qu’un de leurs collègues, le sénateur Vergil
Chiţac, avait été testé positif au coronavirus. Le vote a eu lieu sans la
presse, dans une salle désinfectée, et a duré plus de 6 heures. Les
parlementaires sont entrés tour à tour, par petits groupes, portant des masques
et des gants. Ensuite, le soir, le premier ministre – à l’isolement lui aussi -
est sorti pour prêter serment devant le président Klaus Iohannis, portant un
masque et se tenant à 5 mètres du chef de l’Etat. Vu que la pandémie tient la
tête d’affiche, le renouvellement du législatif, souhaité par les libéraux,
pourrait se produire, mais à l’automne, suite à des élections organisées selon
le calendrier initial. (Trad. : Ligia Mihăiescu)
