Le leu s’écroule
Chef de file de la profession de l’investissement, l’association CFA Roumanie prévoyait depuis la fin de l’année dernière une dépréciation de la monnaie nationale, le leu, dans les 12 mois à venir, parallèlement à une majoration des taux d’intérêts à court et long terme. Sur le terrain, la situation semble en ce moment confirmer les estimations. Après qu’en janvier, le taux de change de l’euro à la monnaie roumaine, le leu, a été stable, dans le contexte d’un apaisement des inquiétudes des investisseurs par rapport à la détérioration de la position fiscale de la Roumanie, voilà que dernièrement, la monnaie roumaine se déprécie de plus en plus. C’est une chute anticipée, opinent les spécialistes.
Corina Cristea, 21.02.2020, 12:18
Chef de file de la profession de l’investissement, l’association CFA Roumanie prévoyait depuis la fin de l’année dernière une dépréciation de la monnaie nationale, le leu, dans les 12 mois à venir, parallèlement à une majoration des taux d’intérêts à court et long terme. Sur le terrain, la situation semble en ce moment confirmer les estimations. Après qu’en janvier, le taux de change de l’euro à la monnaie roumaine, le leu, a été stable, dans le contexte d’un apaisement des inquiétudes des investisseurs par rapport à la détérioration de la position fiscale de la Roumanie, voilà que dernièrement, la monnaie roumaine se déprécie de plus en plus. C’est une chute anticipée, opinent les spécialistes.
Dans une allocution sur Radio Roumanie, l’économiste Adrian Codirlasu, à la tête de l’Association des analystes dans le domaine financier- bancaire, affirme :« Le dernier sondage mené par CFA Roumanie, en décembre dernier table sur un taux de change de 4,88 lei pour un euro, en décembre 2020. Ce sont les déficits jumeaux qui en sont la cause. A l’heure actuelle, la Roumanie affiche le plus grand déficit de compte courant de la région, à savoir autour de 5% auquel s’ajoute un des plus importants déficits budgétaires. La Roumanie s’apprête à engager aussi une procédure de déficit excessif. Or tous ces déficits nécessitent un financement, y compris un financement extérieur. Il suffit de nous poser la question : qu’est ce que le déficit de compte courant signifie ? Et bien, des sorties de capitaux en devises. D’où, la pression qu’on met sur le taux de change. »
Aux dires du président de l’Association des analystes financiers, le leu continuera sa chute, alimentée, selon l’expert économique, Dragos Cabat, par l’instabilité politique. Et puis, même le contexte international s’avère fragile, puisque, comme le rappelle M. Cabat, « sur fond d’épidémie de grippe en Chine, les monnaies vulnérables des pays touchés par les déséquilibres macro-économiques se voient fragilisées ». Heureusement, que notre leu n’intéresse pas trop les investisseurs, « car il aurait risqué de se voir attaqué encore plus fort », opine l’analyste qui salue l’intervention du dernier mois de la Banque centrale sans laquelle, l’euro aurait grimpé à 4,85 pour un leu.
Cette dépréciation n’est pas singulière dans la région, affirme le ministre des Finances par intérim, Florin Cîtu, qui rappelle que la Hongrie et la Pologne se confrontent, elles aussi, à ce type de problème. Selon le responsable roumain, les taux d’intérêt continueront à baisser, tandis que la confiance des investisseurs continuera à augmenter. Pour sa part, le premier ministre Ludovic Orban invite au calme et affirme que la situation économique de la Roumanie est stable. (trad. Ioana Stancescu)