Le CV et la responsabilité politique
Mihai Pelin, 16.12.2021, 11:56
Moins
d’un mois après son installation à la tête du ministère roumain de la Recherche
et de la Numérisation, le libéral Florin Roman a démissionné, suite à une
enquête journalistique qui remet en question ses études universitaires. Selon
les journalistes, le diplôme universitaire figurant dans le CV du ministre est
faux, tandis que son mémoire de master est un plagiat. En plus, les médias
accusent Florin Roman d’avoir menti au moment où il avait affirmé avoir écrit un
livre que personne n’arrive à retrouver. Mis au pied du mur,l’ancien dignitaire rejette les accusations
et déclare avoir renoncé à ces fonctions tout simplement pour préserver intacte
l’image du Gouvernement. Il se dit innocent et victime d’un lynchage médiatique
et politique en rapport avec des affaires impliquant des dizaines de milliards
d’euros destinés à la modernisation du Gouvernement grâce au numérique.
Certaines accusations proférées par les médias jouissent du soutien de la direction
de l’Université Babeş-Bolyai de Cluj qui affirme n’avoir délivré aucun
diplôme à Florin Roman qui ne détient qu’un certificat d’études obtenu auprès
d’un lycée d’Alba Iulia. Suite à ce scandale, c’est l’actuel ministre de
l’Energie, Virgil Popescu, qui assure en ce moment l’intérim du portefeuille de
la Recherche et de la Numérisation.
La
presse rappelle que Florin Roman s’est retrouvé pour un bref laps de temps à la
tête de la Chambre des Députés. Considéré comme un des membres du PNL les plus
influents, Roman tient pour principal responsable des attaques à son encontre
le chef de file de l’USR, Dacian Cioloş, qu’il menace de traduire en justice. Indifférent
à cette intimidation, Cioloş, ancien premier ministre entre 2015 et 2017,
affirme que la démission de M. Roman était « un acte
nécessaire » et ajoute : « Florin Roman n’est pas une victime,
mais un représentant de la classe politique roumaine qui a détruit tout ce que
la Roumanie avait de meilleur ».
Les
accusations de plagiat à l’adresse des responsables politiques roumains se sont
multipliées ces dernières années. En ce sens, la répliquede Robert Negoiță, ancien député social-démocrate et maire
du 3e arrondissement de la capitale, reste la plus révélatrice.
Accusé de plagiat dans sa thèse de doctorat et poursuivi par les procureurs
dans cette affaire, Negoiță s’est disculpé à l’époque en affirmant « je
l’ai fait parce que tout le monde le faisait ».
Robert Negoiță a passé son baccalauréat
en 2003, à 31 ans, et une année après avoir terminé sa deuxième faculté, en
2009, il a décidé de s’inscrire au doctorat. Mais l’affaire de plagiat la plus scandaleuse
de Roumanie reste celle ayant au centre l’ancien leader du PSD, Victor Ponta,
qui a démissionné de ses fonctions, mais pour d’autres raisons. A la tête du
gouvernement de 2012 à 2015, Ponta a fait objet d’un dossier dans lequel les
procureurs l’accusaient de plagiat dans la rédaction de sa thèse de doctorat en
droit. L’affaire a été classée sans suite par le Parquet général. Toujours sur
la liste des responsables politiques roumains accusés de plagiat on retrouve
l’ancien premier ministre Mihai Tudose, l’ancien vice premier ministre et ministre
de la Défense, Radu Stroe ou l’ancien ministre de l’Intérieur, Mihai
Stănișoară. En 2020, la Roumanie était 69e aue classement dressé par
Transparency International en
fonction de l’indice de perception de la corruption. (Trad. Ioana Stancescu)