La Roumanie à la Biennale d’art de Venise
La Roumanie participe cette année à la Biennale d’art de Venise avec le projet « Qu’est-ce que le travail » ?
Leyla Cheamil, 16.04.2024, 12:42
« Etrangers partout », l’exposition au cœur de Venise
Evénement marquant de la scène internationale d’art contemporain, la Biennale d’art de Venise ouvrira prochainement ses portes ce 20 avril. Au cours des sept prochains mois, la ville italienne deviendra une fois de plus la Capitale mondiale de l’art. Organisé tous les deux ans, l’événement réunit pour cette 60e édition plus de 330 artistes, dont la majorité d’Amérique Latine, du Moyen-Orient et d’Asie. S’y ajoutent 88 participations nationales dans les pavillons nationaux historiques situés aux Giardini et dans l’Arsenal, ou bien dans le centre de Venise. La Biennale s’ouvre sur une exposition centrale appelée « Etrangers partout », dont le commissaire est Adriano Pedrosa, le premier commissaire de la Biennale originaire d’Amérique du sud. Selon ce dernier, l’expression « Etrangers partout » implique plusieurs significations. « Cela signifie d’abord que partout on rencontre des étrangers : ils sont ou bien nous sommes partout. Ensuite où que l’on se trouve, on se sent toujours, à l’intérieur, des étrangers », explique Adriano Pedrosa. La proposition de la Roumanie s’appelle « Qu’est ce que le travail ? » et elle porte la signature de Şerban Savu, avec Ciprian Mureșan comme commissaire. Le projet qui explore la relation entre le travail et les loisirs sera exposé au Pavillon national inauguré en 1938 par l’historien Nicolae Iorga, mais aussi en plein cœur de Venise, dans la nouvelle galerie de l’Institut roumain de culture et de recherche humaniste.
Découvrir le pavillon roumain
Dans le pavillon de la Roumanie, les visiteurs peuvent admirer une quarantaine de toiles – un regard sur la pratique de Savu durant les 15 dernières années. Selon l’Institut culturel roumain, l’exposition examine l’iconographie du travail, puisant son inspiration dans le réalisme historique et l’art de la propagande dans les pays qui faisaient partie du « Bloc de l’est ». Plutôt que de contester ou de démonter directement ces démarches, Savu les questionne, afin d’illustrer des moments de pause et de suspension durant lesquels la frontière entre le travail et le temps libre s’estompe, note l’Institut culturel roumain. Ces moments de flottement apparaissent en tant que reflets des transformations et des crises sociales plus amples. Şerban Savu s’est dit intéressé par « le monde entre les mondes, entre le rural et l’urbain, entre le travail et le temps libre, un monde hybride et non-défini ou qui commence à s’esquisser, c’est le monde des périphéries qui contient toutes les possibilités de l’avenir ». « Nombre de mes personnages », explique l’artiste « se reposent pendant qu’ils travaillent et travaillent sur leur temps libre, dans un état de suspension anarchique, à l’extérieur du système productif ». Les personnages de Şerban Savu sont, selon lui, en opposition à l’idée et à la représentation du travailleur dans l’art officiel du régime communiste. Elles ne sont ni héroïques, ni monumentaux. Elles parlent en même temps de l’échec d’un projet politico-social en faillite, mais surtout de la vie d’aujourd’hui dans laquelle elles travaillent de trouver la place et le sens.