La République de Moldova et la crise énergétique
La présidente moldave accuse la Russie d’avoir suspendu les livraisons de gaz vers la Transnistrie pour provoquer une crise politique en République de Moldova.
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Daniela Budu, 15.01.2025, 10:57
50% de la consommation d’électricité de la République de Moldova sur la rive droite du fleuve Dniestr provient des sources intérieures, y compris des sources renouvelables. Le reste de 50% est fourni par la Roumanie. C’est ce qu’a déclaré Maia Sandu, mardi, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue d’une réunion du Conseil suprême de sécurité consacrée à la crise énergétique et aux mesures d’assistance à la population.
La Transnistrie refuse l’aide de Chisinau
La cheffe de l’Etat a accusé la Fédération de Russie d’avoir suspendu les livraisons de gaz vers la région séparatiste russophone de Transnistrie pour provoquer une crise en Moldavie. Malgré la crise humanitaire que la région traverse, son administration a refusé l’aide et imposé des conditions pour accepter les solutions proposées par Chisinau. Parmi celles-ci, acheter du gaz sur le marché européen pour le livrer à la Transnistrie ou encore, offrir avec le concours de l’Ukraine, des stocks de charbon à la région séparatiste pour la production de l’électricité.
Autant de solutions restées sans réaction de la part de Tiraspol, déplore Maia Sandu. « Chisinau a déjà affirmé que s’il existe de patients dont l’état de santé se dégrade, ils peuvent être transférés de l’autre côté du fleuve. Même une proposition pareille est restée sans réponse. A l’heure où l’on parle, les ambulances se voient interdire l’accès sur la rive gauche pour offrir de l’aide à ceux qui en ont besoin. Par cette crise humanitaire déclenchée sur la rive gauche du Dniestr, le Kremlin envisage de provoquer une crise politique sur la rive droite et déstabiliser la Moldavie ».
Gazprom reproche à Chisinau 700 millions de dollars de dette
Récemment, les autorités transnistriennes ont annoncé que suite aux mesures adoptées pour économiser l’énergie, les restrictions mises en place suite à la suspension des livraisons de gaz russe pourront connaître un certain relâchement. La durée des coupures d’électricité pourrait donc être réduite, ont affirmé les autorités séparatistes. Séparée de la République de Moldova à la fin du régime soviétique, la Transnistrie a compté jusqu’à présent sur le gaz russe transporté via l’Ukraine. Mais, en guerre avec la Russie depuis trois ans bientôt, Kiev a refusé de prolonger en 2025 l’accord de transit du gaz. Le géant russe Gazprom refuse d’emprunter des routes alternatives pour livrer son gaz à la Moldavie à laquelle il reproche une dette de plus de 700 millions de dollars. Un chiffre contesté par Chisinau, qui dénonce l’invasion russe en Ukraine. Selon la présidente moldave Maia Sandu, Gazprom pourrait continuer ses livraisons vers la Transnistrie via le gazoduc Turkstream, qui passe par la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie.
Pas de problème d’approvisionnement en gaz en Roumanie
A Bucarest, le ministre de l’énergie, Sebastian Burduja, a de nouveau assuré que la Roumanie ne se confronte à aucun problème d’approvisionnement énergétique. Le pays recense suffisamment de stocks pour la saison froide et la consommation interne n’est pas impactée par les exportations quotidiennes vers la République de Moldova voisine. Dans ce contexte, il a remis sur le tapis la nécessité que l’Europe réduise sa dépendance du gaz russe.