La nécessité d’un dialogue culturel
Le pape François, âgé de 87 ans, a effectué une visite pastorale à Venise, au cours de laquelle il a également rejoint les artistes de la Biennale d'art
Corina Cristea, 29.04.2024, 12:24
Suite à quelques problèmes de santé ces derniers mois, le pape François n’est arrivé que dimanche dernier à Venise. C’est la première visite du pape dans cette ville depuis son élection en 2013 et c’est aussi la première fois qu’un pontife se rend à la 60e Biennale d’art contemporain de Venise, une prestigieuse exposition d’art avec des expositions présentées par de nombreux pays. La Roumanie organise aussi une exposition, dont le projet se déroule dans le Pavillon du pays aux Jardins de la Biennale et dans la Nouvelle Galerie de l’Institut roumain de culture et de recherche humaniste de Venise.
L’importance de l’art pour la paix et la tolérance
La rencontre de Venise a été l’occasion pour le pontife de réitérer que « le monde a besoin d’artistes » et que les artistes sont appelés à fonder de véritables « villes-refuge », pour « libérer le monde des antinomies qui n’ont pas de sens et qui sont désormais vides », derrière lesquels se trouve toujours « le rejet de l’autre ». Dans la Bible, les « villes-refuge » étaient censées protéger ceux qui venaient s’y réfugier quand ils étaient poursuivis par une justice vengeresse ou pour des crimes dont ils étaient innocents ou commis involontairement.
« J’avoue que, près de vous, je ne me sens pas étranger, je me sens chez moi. Je pense qu’en réalité cela est vrai pour tout être humain car, en effet, l’art est une forme de « ville-refuge », une entité qui n’est pas soumise au régime de violence et de discrimination, pour créer des formes d’appartenance humaine, capable de reconnaître, d’inclure, de protéger et d’embrasser tout le monde. Tous, en commençant par les derniers », a déclaré le Pape François, au cours de la rencontre tenue dans l’église Sainte-Marie-Madeleine, la chapelle de la prison de l’île de la Giudecca, où le Pape a débuté sa visite par une rencontre avec les détenues. C’est en fait l’île qui abrite le pavillon du Saint-Siège à la Biennale.
L’écologie, un sujet cher au Souverain pontif
Selon l’AFP, le Pape, toujours préoccupé par l’écologie, a énuméré les « nombreux problèmes qui menacent » Venise, dont le changement climatique, « la fragilité du patrimoine culturel » et le tourisme de masse. « Venise ne fait qu’un avec les eaux sur lesquelles elle se trouve, et sans le soin et la protection de ce cadre naturel, elle pourrait cesser d’exister », a-t-il mis en garde.
Devant la Basilique Sainte-Marie-du-Salut, le Pape s’est adressé aux jeunes. « Nous vivons immergés dans des produits fabriqués par l’homme, ce qui nous fait perdre notre émerveillement face à la beauté qui nous entoure. Et pourtant la création nous invite à être, à notre tour, créateurs de beauté, à faire quelque chose qui n’existait pas auparavant. La vie exige d’être offerte, pas gérée. Sortons du monde hypnotique des réseaux sociaux qui anesthésient nos âmes », a exhorté le Souverain Pontife.
Lors de la traditionnelle prière de dimanche dans le cadre de la cérémonie qui s’est tenue sur la Place Saint-Marc, devant plus de 10 500 fidèles, le Pape François a lancé un nouvel appel à la paix et, parlant de l’impact du tourisme de masse sur l’environnement, a appelé à « prendre grand soin de notre maison commune ».
La Roumanie à la Biennale de Venise
La Roumanie participe cette année à la Biennale de Venise, représentée par l’artiste Şerban Savu et son exposition « Ce este munca » (Qu’est-ce que le travail). Comme son nom l’indique, l’artiste a choisi de s’inspirer des poèmes de Philip Levine sur la relation entre le travail et le temps libre. Le projet sera visible du 20 avril au 24 novembre 2024, dans le Pavillon de la Roumanie des Giardini della Biennale ainsi que dans la Nouvelle Galerie de l’Institut roumain de culture et de recherche humaniste de Venise.
Dans une interview récemment accordée à RRI, Şerban Savu a expliqué la place du travail dans la propagande du régime socialiste roumain, un héritage dont il est encore difficile de se départir aujourd’hui. « Dans la Nouvelle Galerie de l’Institut culturel roumain, nous avons produit durant sept mois une ample mosaïque de grandes dimensions représentant une scène de pique-nique, dans une ambiance détendue lors d’une fête du 1er Mai, différente de la réalité d’autrefois. Un 1er Mai dans la liberté, quand tout le monde peut faire la fête à sa guise, sans aucune implication de propagande. », a raconté l’artiste Şerban Savu, pour expliquer ce à quoi devait s’attendre le public. (trad : Andra Juganaru)