La Commission européenne contre les agriculteurs
Face à la colère des agriculteurs, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a retiré un projet de loi visant à réduire l'usage des pesticides.
Mihai Pelin, 07.02.2024, 11:59
Ce mardi, lors de la séance plénière du
Parlement européen à Strasbourg, la présidente de la Commission européenne,
Ursula Von Der Leyen, a proposé de retirer un projet de loi visant à réduire de
moitié l’utilisation de pesticides dans l’Union Européenne. Le projet législatif
est un élément fondamental du « Pacte vert pour l’Europe » et prévoit
plus précisément de réduire de moitié l’utilisation de produits chimiques
phytosanitaires d’ici 2030 par rapport à la période 2015-2017. La proposition,
rejetée fin novembre au Parlement européen, alors que les négociations entre
les Etats étaient dans une impasse, « est devenue un symbole de
polarisation », a déclaré la cheffe de la Commission européenne devant les
députés réunis en séance plénière.
Des protestations devant le Parlement européen
Lors des pourparlers, une vingtaine de
tracteurs et plusieurs dizaines d’agriculteurs se sont rassemblés devant le
siège du Parlement européen pour faire pression sur les députés. Les mesures de
sécurité ont été renforcées dans la zone pour bloquer l’accès aux manifestants,
qui ont affiché des drapeaux et des pancartes pour exprimer leurs
revendications.
Il y a eu deux manifestations différentes :
l’une de la Coordination rurale, pour dénoncer l’importation de produits en
provenance de pays comme l’Ukraine, qui ne sont pas soumis aux mêmes normes
qu’en France, et l’autre d’une confédération qui s’oppose aux nouveaux
organismes génétiquement modifiés.
Des manifs dans d’autres pays
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs
pays européens ces derniers jours. En Espagne, les agriculteurs ont bloqué
mardi la circulation sur certaines des autoroutes les plus importantes,
rejoignant leurs homologues européens pour protester contre les coûts élevés,
la bureaucratie et la concurrence des pays tiers. Beaucoup sont descendus dans
les rues avec des tracteurs, créant des embouteillages dans tout le pays. A
l’instar de leurs collègues de France, des Pays-Bas, de Belgique et du
Portugal, les agriculteurs espagnols se plaignent de la lourdeur de la bureaucratie
européenne, des prix bas qu’ils reçoivent pour leurs produits ainsi que de la
hausse des coûts. En Grèce, les agriculteurs ont aussi manifesté dans la
plupart du pays, en renforçant les barrages routiers régionaux et en organisant
des rassemblements de tracteurs. Ils exigent la révision de la politique
agricole commune de l’UE, qui, selon eux, a considérablement réduit leurs
revenus, mais aussi des compensations pour les pertes subies en raison des prix
élevés des produits nécessaires aux cultures. Les manifestations se sont
également étendues à l’Allemagne et à la Pologne. Du côté de l’Italie, les
agriculteurs se préparent à des manifestations à grande échelle dans les
prochains jours. Les agriculteurs bulgares ont également protesté mardi en bloquant
temporairement les routes principales et les postes de passage aux frontières,
notamment avec la Roumanie.
Des protestations à Bucarest
Le gouvernement de coalition de Bucarest a
conclu, à la fin de la semaine dernière, un accord avec les agriculteurs et les
transporteurs. En Roumanie, des centaines d’agriculteurs et de chauffeurs poids-lourds
ont protesté contre la hausse des coûts des entreprises. En même temps, des
convois de tracteurs et de camions ralentissaient ou bloquaient la circulation
sur les routes nationales à proximité des grandes villes, y compris autour de
la capitale. D’ailleurs, les manifestants ont brièvement bloqué un passage de
frontière avec l’Ukraine et ont tenté de couper l’accès au port de Constanta
sur la mer Noire.