Fitch – score à la baisse pour la Roumanie
L’agence de notation Fitch a abaissé le score de la Roumanie, invoquant l’instabilité politique et le déficit budgétaire.
Mihai Pelin, 19.12.2024, 14:46
« BBB – » pour la Roumanie
L’agence de notation Fitch a confirmé à BBB minus le score de la Roumanie à long terme en devise, mais a abaissé la perspective de stable à négative en ce qui concerne les crédits à long terme en devise, ce qui signifie qu’une nouvelle dégradation reste possible. L’agence souligne que l’élément essentiel de l’abaissement de la note de la Roumanie est la hausse soutenue de la dette du pays. Y contribue aussi le déficit budgétaire élevé de la Roumanie, que l’agence place à 8,2% du PIB cette année. Selon les prévisions de Fitch, la dette souveraine de la Roumanie se chiffrera à quelque 70% du PIB à l’horizon 2028 alors qu’en 2023 elle s’élevait à 49%. L’évaluation a été réalisée deux mois avant le calendrier habituel et reflète les risques majeurs auxquels la Roumanie est confrontée en raison de l’instabilité politique, des déséquilibres fiscaux et de l’augmentation de la dette publique. L’analyste économique Aurélien Dochia affirme que cette décision n’est pas une surprise et que la raison principale est liée au niveau très élevé du déficit budgétaire.
Aurelian Dochia : « La tendance pour 2025 n’est pas du tout encourageante. Le déficit ne pourra pas être facilement corrigé en 2025, étant donné que l’économie souffre clairement d’un ralentissement. La croissance économique pour 2025 sera assez faible et les mesures visant à réduire le déficit parallèlement à une diminution des dépenses sont très difficiles à accepter, tant socialement que politiquement. » a déclaré l’analyste économique Aurelian Dochia.
Des coûts d’emprunt plus élevés
La décision de Fitch pourrait entraîner une augmentation des coûts d’emprunt de la Roumanie, qui sont de toute façon les plus élevés de l’UE à l’heure actuelle. La Roumanie traverse des turbulences causées par l’instabilité politique et l’annulation des élections présidentielles, mais la coalition gouvernementale prendra des mesures de consolidation budgétaire pour revenir à une perspective stable, assurent les dirigeants politiques de Bucarest. Pour l’instant, ce fut uniquement la sonnette d’alarme qui a été tirée, déclare le ministre des Finances Marcel Boloş. Il a expliqué que les prochaines mesures se retrouveront dans un futur décret, qui sera publié dans les prochains jours. Le Premier ministre Marcel Ciolacu, leader du PSD, affirme que les incertitudes qui pèsent sur le pays seront dissipées par la création, d’ici la fin de l’année, d’une majorité pro-européenne et d’un gouvernement qui s’occupera du plan budgétaire structurel assumé au niveau européen. Il a ajouté que la Roumanie avait la capacité de mobiliser des ressources pour revenir sur une « voie stable ».
Réduire le déficit, la mission de l’année 2025
Le déficit budgétaire doit être considérablement réduit, estime le leader de l’UDMR (d’opposition), Kelemen Hunor, mais pour le moment, on ne sait pas exactement comment davantage d’argent pourrait être attiré vers le budget, sans augmenter les taxes et impôts. L’USR (d’opposition) plaide pour la réduction des dépenses de l’État par la voix de son porte-parole, Cristina Prună, qui souligne que la décision de Fitch a été prise en raison de la détérioration fiscale et de l’énorme déficit budgétaire. Pour sa part, le premier vice-président de l’AUR (opposition), Marius Lulea, accuse l’actuel gouvernement de pousser le pays vers l’apocalypse qui se prolongera jusqu’à l’année prochaine, car il ne prend pas de mesures pour réduire le déficit et continue de faire augmenter les prêts étrangers à des taux d’intérêt très élevés.