Eurobaromètre hiver 2025 : perceptions et attentes des Roumains
Selon l'Eurobaromètre Hiver 2025, les Roumains sont davantage préoccupés par le coût de la vie que par la sécurité et la défense.

Ştefan Stoica, 25.03.2025, 11:49
Alors que l’Europe fait face à un conflit majeur à ses frontières orientales, suscitant l’inquiétude jusque dans les États les plus éloignés et accélérant les décisions en matière de sécurité collective, la Roumanie adopte une posture singulière. Selon le dernier Eurobaromètre, seuls 47 % des Roumains estiment que l’Union européenne devrait jouer un rôle plus important pour les protéger contre les crises mondiales et les menaces sécuritaires. Ce chiffre est inférieur de 19 points à la moyenne européenne, plaçant le pays à l’avant-dernière position en la matière, juste devant la Pologne. À l’inverse, des pays comme la Suède (87 %), la Finlande et les Pays-Bas (84 %) ou encore Chypre (83 %) expriment une forte attente envers l’UE en matière de défense.
Des priorités divergentes et un scepticisme sur l’avenir de l’UE
Cette réticence se confirme lorsqu’il s’agit d’anticiper l’évolution du rôle de l’UE dans le monde : seuls 34 % des Roumains pensent que l’Union gagnera en influence dans les prochaines années, contre 44 % au niveau européen. Lorsqu’on leur demande sur quels axes l’UE devrait concentrer ses efforts pour renforcer sa position internationale, les Roumains placent en priorité la sécurité alimentaire et l’agriculture, suivies de la défense, de la compétitivité et de l’économie. À l’échelle de l’UE, en revanche, la défense et la sécurité arrivent en tête. Ce décalage se traduit également dans leur perception de la solidarité européenne : seulement 75 % des Roumains souhaitent un renforcement de l’unité entre États membres face aux défis mondiaux, un score parmi les plus bas d’Europe, loin derrière Malte, le Danemark, le Luxembourg et Chypre, où ce chiffre dépasse 95 %.
Entre prudence et attachement pragmatique à l’Europe
Lorsqu’il s’agit de préoccupations politiques majeures, les Roumains privilégient l’inflation, la hausse des prix et le coût de la vie, ainsi que le soutien à l’économie et la création d’emplois, reléguant la défense et la sécurité au sixième rang. À l’échelle de l’UE, ces sujets arrivent pourtant en deuxième position, au même niveau que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Malgré cette distance relative avec les priorités européennes, l’image de l’UE reste globalement positive pour 51 % des Roumains, un niveau légèrement supérieur à la moyenne européenne (50 %). Surtout, 70 % des Roumains considèrent que leur pays a bénéficié de son adhésion, principalement grâce aux nouvelles opportunités d’emploi. Un attachement pragmatique qui témoigne d’une relation complexe et nuancée avec l’Europe.