Direction militaire pour un hôpital en quarantaine
Leyla Cheamil, 03.04.2020, 12:47
L’hôpital départemental de Suceava, dans le nord de la
Roumanie, est devenu un des points faibles de la Roumanie, suite à la montée en
flèche des cas de contamination au nouveau coronavirus tant parmi ses patients
que parmi le personnel soignant. En raison d’un management déficitaire, cet
hôpital, dans lequel des dizaines de millions d’euros avaient été investis, a compté
parmi les premiers à être frappé par la crise sanitaire, plusieurs dizaines de
personnes y ayant déjà perdu la vie. Son manager par intérim, nommé à peine une
semaine avant le désastre, a tout de suite présenté sa démission, alors que les
autorités de Bucarest ont décidé que l’hôpital soit désormais dirigé par un médecin
militaire.
En occupant officiellement son poste, le docteur colonel
Daniel Ionuţ Derioiu a déclaré :
« On procédera à la réorganisation de l’ensemble du personnel travaillant
à l’Hôpital départemental de Suceava et à une évaluation de la situation dans laquelle
il se trouve. A l’heure actualle, aucune section ne connaît le nombre exact des
malades, des personnes se trouvant en confinement à domicile, ni le nombre précis
du personnel actif. On comprend bien que les gens ont peur, mais il faut savoir
sur qui on peut compter. Dans un premier temps, on fera venir du personnel
soignant de Iasi, dont la cheffe du Service de réanimation qui jettera les
bases nécessaires pour redémarrer l’activité d’anesthésie et de thérapie
intensive à l’hôpital de Suceava, on fera venir aussi un nouveau médecin épidémiologiste.
»
A son tour, le président
Klaus Iohannis a assuré que les conditions existent pour que le personnel
médical de cet hôpital revienne travailler en toute sécurité et confiance,
surtout que plusieurs établissements sanitaires du pays, dont celui-ci, viennent
d’être dotés d’équipements de protection et de médicaments spécifiques.
Le chef de l’Etat a appelé les médecins qui souhaitaient
démissionner à reprendre le travail : « Il y a des médicaments, il y a
des équipements de protection, il y a des procédures. Je m’adresse principalement
aux médecins et au personnel soignant de l’Hôpital de Suceava. Je vous en prie,
reprenez le travail, soignez les malades, respectez les procédures. On compte
sur vous. »
Les médecins qui entrent en contact direct avec les
patients atteints par le COVID-19 sont confrontés à une situation de stress
majeur, a renchéri le président. Il a donc demandé à l’Exécutif de trouver rapidement
une solution pour allouer un bonus mensuel de 500 euros de fonds européens à cette
catégorie de personnel médical.
Par ailleurs, vu le nombre important de décès causés par le COVID-19 jusqu’ici, la ville de Suceava et 8 communes avoisinantes
ont été placées en quarantaine en début de semaine, par décret militaire. C’est
le plus grand foyer de coronavirus du pays, alors que la période de la propagation
de l’épidémie est loin d’être terminée, a averti de son côté le ministre de la
Santé, Nelu Tătaru. Malgré cette
mesure et les restrictions mises en place, on voit encore de nombreuses
personnes dans la rue, a-t-il constaté. C’est pourquoi il a été décidé de « militariser
» l’hôpital départemental de Suceava. Afin de le remettre en service au plus vite,
les autorités ont de nouveau fait appel à l’armée, pour faire la désinfection
de l’hôpital et des alentours. En même temps, une équipe de spécialistes
militaires doit opérer une désinfection dans la zone de Suceava à compter de ce
vendredi. (Trad. Valentina Beleavski)