Des volontaires pour l’armée roumaine ?
La Roumanie ne se confronte pas au danger dune guerre, mais larmée nationale devrait être prête à gérer tout scénario possible.
Ştefan Stoica, 06.02.2024, 12:00
A la veille d’un véritable marathon électoral en 2024, les politiciens roumains évitent d’évoquer un thème de plus en plus présent dans les analyses militaires et géopolitiques occidentales : celui d’une éventuelle guerre que la Russie pourrait étendre même au-delà des frontières occidentales de l’Ukraine. Ce n’est pourtant pas le cas du chef de l’Etat major de la Défense, le général Gheorghiţă Vlad. Dans une interview récente pour une chaine de radio, il a déclaré que la population roumaine devrait s’inquiéter et que les autorités devraient la préparer pour un scénario tel la guerre. Le chef de l’Etat major a souligné que l’armée roumaine se confrontait à un déficit de personnel inquiétant et que les réservistes étaient tout simplement trop vieux pour combattre en première ligne. Par conséquent, la Roumanie devrait passer une loi permettant aux éventuels volontaires, hommes et femmes de moins de 35 ans, d’apprendre à utiliser une arme ou à se décontaminer. Certains politiciens ont qualifié cet avertissement d’alarmiste et d’incompatible avec la position que le chef militaire de l’armée devrait avoir. Et pourtant, le général Vlad n’a fait que transmettre un message similaire à ceux lancés par son homologue britannique ou par d’autres responsables politiques et militaires occidentaux.
Aucun projet de loi sur le thème des préparatifs en cas de guerre
Dans ce contexte, les députés et les sénateurs membres des commissions de défense ont décidé de rencontrer les représentants du ministère de la Défense, a annoncé le président par intérim de la Chambre des Députés, Alfred Simonis. Selon lui, il n’y a aucun risque pour que la Roumanie se voit impliquée dans une guerre et la population doit toujours garder son calme, puisqu’en fin de compte le pays est toujours membre de l’OTAN. Pour autant, cela ne signifie pas que la Roumanie ne devrait être à tout moment prête à répondre à tout scénario possible a ajouté Alfred Simonis. Et à lui de souligner qu’actuellement il n’y a aucun projet de loi sur le thème des préparatifs que la Roumanie devrait entamer en cas de guerre.
Stage militaire à base de volontariat
Sur une chaine de télévision, le ministre de la Défense, Angel Tâlvăr, a déclaré que le stage militaire obligatoire était tout simplement hors de question, mais que le ministère de la Défense analysait un stage militaire à base de volontariat. Il a reconnu que l’armée se confrontait à un déficit de personnel après la réduction des effectifs de 320 000 personnes à seulement 80 000. Rien que l’année dernière près de 7 000 personnes ont quitté le système, précise le ministre. C’est pourquoi, il faut constituer des réserves, à partir de militaires volontaires. Selon le ministre Tâlvăr, il existe déjà un projet de loi portant sur la mise en œuvre d’un stage militaire de quelques mois et l’octroi d’une prime à la fin de cette formation. Les participants seraient des personnes âgées de 18 à 35 ans. A l’instar d’autres hauts responsables, le ministre de la Défense a assuré que la Roumanie ne se confrontait pas au danger d’une guerre. Cela ne signifie pourtant pas qu’un Etat sérieux, membre de la plus importante alliance politique et militaire de l’histoire de l’Humanité, ne doit pas faire ce que font d’autres armées alliées, précise encore le général Vlad. Et à lui de mettre en garde sur le fait que les usines roumaines d’armement n’ont toujours pas la capacité de produire des munitions compatibles avec l’armement de l’OTAN que l’armée nationale utilise. (Ştefan Stoca)