Controverses sur les finances de la Roumanie
Le ministre des Finances du nouveau
gouvernement libéral, Florin Cîţu, a déclaré jeudi que la situation économique
et financière du pays dépassait les prévisions les plus pessimistes. C’est l’héritage,
estime le ministre, de la gouvernance du Parti social-démocrate et surtout de
son prédécesseur, Eugen Teodorovici. Le libéral Florin Cîţu accuse : ces
trois dernières années, l’économie roumaine a fonctionné avec deux budgets.
L’un était le budget public, présenté au Parlement, mais c’était l’autre qui comprenait
des informations réelles et qui était utilisé pour financer les leaders socio-démocrates
locaux. Le ministre Cîţu donne sa version du fonctionnement de cette double
comptabilité de type mafieux : les collectifs budgétaires enlevaient de l’argent
des fonds d’investissements pour les diriger vers le parti.
Ştefan Stoica, 15.11.2019, 12:45
Le ministre des Finances du nouveau
gouvernement libéral, Florin Cîţu, a déclaré jeudi que la situation économique
et financière du pays dépassait les prévisions les plus pessimistes. C’est l’héritage,
estime le ministre, de la gouvernance du Parti social-démocrate et surtout de
son prédécesseur, Eugen Teodorovici. Le libéral Florin Cîţu accuse : ces
trois dernières années, l’économie roumaine a fonctionné avec deux budgets.
L’un était le budget public, présenté au Parlement, mais c’était l’autre qui comprenait
des informations réelles et qui était utilisé pour financer les leaders socio-démocrates
locaux. Le ministre Cîţu donne sa version du fonctionnement de cette double
comptabilité de type mafieux : les collectifs budgétaires enlevaient de l’argent
des fonds d’investissements pour les diriger vers le parti.
Le ministre déclare
d’ailleurs analyser la possibilité de saisir les autorités pénales pour association
en vue de créer un groupe criminel organisé. 21 milliards de lei, soit 4,4
milliards d’euros, serait le déficit réel en Roumanie. Florin Cîţu : « Les
entrées estimées pour les neuf premiers mois devaient atteindre les 249
milliards de lei. Avec 228 milliards collectés, c’est un déficit de 11
milliards, c’est de l’argent non collecté. Le reste est constitué de fonds
européens. Le déficit à neuf mois devait être de 2,28 et il est de 2,6. Aujourd’hui
je peux vous confirmer les chiffres à dix mois : nous sommes à un déficit
de 2,84, soit plus que le chiffre estimé pour la fin de l’année. Le budget des
retraites a été beaucoup débattu. Comme vous le savez, au parlement il y a eu
toute une discussion sur une prévision d’excédent sur ce budget. Or, à dix mois,
le déficit est déjà de 2,9 milliards de lei. Les choses vont s’empirer à la fin
de l’année si nous n’agissons pas. »
La conclusion du ministre est inquiétante :
sans mesures, concernant notamment la collecte des taxes et des impôts, le
déficit pourra dépasser la barre des 4% du PIB à la fin de l’année. Soit un
point de pourcentage de plus par rapport au niveau admis dans l’Union
européenne.
L’ancien ministre des Finances, Eugen Teodorovici, accuse à son
tour son successeur de ne pas comprendre les données d’un budget et il rejette
fermement l’idée d’une double comptabilité des finances publiques. Eugen
Teodorovici : « Je
veux exprimer ma profonde déception que Monsieur Cîţu ne sait pas lire un
budget. Quand à l’exécution budgétaire, il y a toujours des différences, c’est
ça le déficit public. Prenons 2019, par exemple, le moment présent. Les
recettes estimées s’élèvent à 21,7 milliards de lei, et les dépenses sont de 21
milliards. Il est alors clair qu’il n’y a pas de trou dans le budget de l’Etat.
J’ai aussi eu vent des affirmations de Monsieur Cîţu par rapport à des groupes
criminels, à des budgets doubles. Je pense qu’il n’y a pas de différences entre
ce que le ministre des Finances affirme, au moins jusqu’à mon départ du
ministère, et ce qu’il existe en réalité. Ce sont des données que les collègues
du ministère des Finances, toute une équipe de professionnels, présentent de
manière claire et qu’ils assument entièrement. »
Les urgences du moment pour les finances
publiques de Roumanie sont le collectif budgétaire 2019, mais aussi le projet
de loi de finances pour 2020. (Trad. Elena Diaconu)