Consultations politiques sur la sécurité de la Roumanie
Il est nécessaire d’investir davantage dans le domaine de la défense, affirment les partis parlementaires roumains, mais ils ne souhaitent pourtant pas déployer de troupes roumaines en Ukraine.
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Daniela Budu, 27.02.2025, 12:59
Le président roumain par intérim, Ilie Bolojan a participé à des consultations avec les représentants des partis parlementaires roumains pour définir la position de Bucarest au Conseil européen extraordinaire du 6 mars prochain, un sommet qui devrait aboutir sur des décisions importantes concernant la sécurité européenne. Tant les partis au pouvoir que ceux de l’Opposition, ont rejeté le scénario conformément auquel la Roumanie devrait déployer des troupes de maintien de la paix en Ukraine voisine.
L’avis de la coalition gouvernementale
Le Parti Social-Démocrate (PSD), qui mène la coalition gouvernementale, n’est pas d’accord avec déploiement de troupes roumaines de maintien de la paix et se prononce pour l’allocation supplémentaire de fonds pour la défense sous la forme d’investissements dans l’industrie nationale d’armement. Dans un communiqué, le chef de file du parti et premier ministre, Marcel Ciolacu, propose d’exclure les dépenses militaires du calcul du déficit budgétaire.
Le Parti National Libéral (PNL), membre de la coalition gouvernementale, soutient aussi la majoration des investissements dans le domaine de la défense, mais précise dans un communiqué que, dans le contexte des pourparlers diplomatiques sur le cessez-le-feu, le sujet de l’envoi de troupes de maintien de la paix est prématuré.
Troisième partenaire au sein la coalition gouvernementale, l’Union Démocrate Magyare de Roumanie (UDMR) est elle aussi favorable aux investissements dans des capacités militaires modernes. Son président Kelemen Hunor n’est pas d’accord non plus avec l’envoi de militaires roumains en Ukraine.
Kelemen Hunor : « Les garanties de sécurité devraient être assurées aussi par les Etats-Unis et la Roumanie peut assurer un soutien logistique et d’infrastructure à l’Ukraine, pour les Etats de l’UE et pour ceux qui souhaitent s’impliquer plus activement, mais sans troupes en Ukraine ».
Avis partagé par l’opposition
Dans l’opposition, le parti souverainiste l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) est contre l’envoi de troupes au pays voisin en guerre.
Son leader, George Simion estime que : « La seule solution en ce moment est un armistice, qui respecte les accords internationaux et les garanties de sécurité qui doivent être offertes à la Roumanie et à tous les pays de la région».
Toujours dans l’opposition, le parti pro-européen l’Union Sauvez la Roumanie (USR) estime que la Roumanie doit investir davantage dans la défense et souligne la nécessité d’avoir aussi un plan clair pour la participation roumaine à la reconstruction de l’Ukraine.
Même avis du côté des souverainistes de SOS Roumanie : pas de troupes roumaines en Ukraine et la guerre doit s’arrêter.
Deux lois pour une meilleure défense nationale
Entre-temps, le Sénat de Bucarest a récemment adopté, en tant que chambre décisionnelle, un projet permettant à abattre les drones qui pénètrent illégalement dans l’espace aérien de la Roumanie et un autre qui régit le déroulement par temps de paix des missions militaires en Roumanie. Une de ces mesures permet de transférer temporairement la commande de certaines structures de l’Armée roumaine à un chef des forces militaires alliées participant à ces missions.
Washington veut investir dans la base Deveselu
Dans le même contexte, il convient aussi de mentionner que Washington prépare un nouvel investissement sur la base militaire de Deveselu, dans le sud de la Roumanie, qui accueille des éléments du bouclier antimissile américain. Dans une première étape, le Pentagone a annoncé son intention d’organiser un appel d’offres pour la création de connexions spéciales de télécommunications entre le bouclier antimissile de Deveselu et autre bases américaines d’Europe, notamment d’Italie et d’Allemagne.