Comment l’enseignement roumain se présentera-t-il dans le proche avenir ?
Roxana Vasile, 13.05.2020, 12:20
Les écoles viennent de rouvrir leurs portes dans
plusieurs états européens. Mais la Roumanie n’en est pas un. Ici, les cours ne
reprendront pas avant l’automne. Pour ne pas suspendre l’actuelle année en
cours, les classes se tiennent en ligne, alors que la matière qui n’a pas été
parcourue sera récupérée à la rentrée. Les moyennes seront calculées avec au
moins deux notes ou qualificatifs. Seuls les élèves en terminale de collège et
de lycée devront retourner en classe en juin, dans des conditions spéciales,
pour préparer les examens qui les attendent.
Toutefois, la question qui se pose est de savoir non pas
quand les cours pourront recommencer, mais surtout comment ils se dérouleront dorénavant
dans les conditions où les spécialistes insistent sur le maintien de la
distance entre les élèves.
Selon la ministre roumaine de l’Education, Monica Anisie,
il faudra mettre en place de nouvelles normes. Par exemple, les élèves ne
pourront plus partager un banc, ni s’asseoir les uns derrière les autres. Des
masques de protection seront distribués aux enfants et au personnel enseignant
et il n’y aura plus d’établissement scolaire sans médecin, promet encore la
ministre. De même, 150 millions de lei (environ 31 millions d’euros) ont été alloués
à l’achat de dispositifs électroniques avec une connexion Internet pour les
élèves des milieux défavorisés. A l’heure où l’on parle, on ignore toujours le
nombre d’enfants ayant accès aux cours en ligne, soit parce que toutes les
familles ne disposent pas d’un ordinateur ou d’une tablette, connectés à
Internet, soit parce que tous les professeurs ne sont pas capables de donner
des cours en ligne, comme il a été recommandé par le ministère.
De son côté, l’ancien ministre de l’Education, Mircea
Miclea, estime que la situation des cours via Internet aurait été plus claire
si la Roumanie avait créé d’avance une plate-forme d’apprentissage en ligne,
qui aurait pu exister déjà en 2014-2015 si la volonté politique y était
présente. A son tour, l’ONG « Sauvez les enfants » met en garde
contre le risque que l’exclusion sociale des enfants des milieux vulnérables ne
s’approfondisse dans ce contexte et exige que les autorités lancent des
politiques publiques garantissant le droit à l’éducation pour tous les enfants.
Selon le ministère de l’Education de Bucarest, sur
l’ensemble du pays, quelque 250.000 élèves n’ont pas d’accès à la technologie.
Parallèlement, pour montrer qu’il est possible d’assurer l’accès à l’éducation
en ligne pour tous les élèves à des couts réduits, plusieurs compagnies du
domaine numérique, représentants de la société civile, enseignants et
personnalités publiques ont réuni leurs forces pour créer la première tablette
éducationnelle roumaine. Elle permettra l’accès à une centaine d’applications
et sites scolaires et ne pourra être utilisée qu’à des fins éducationnelles. Elle
sera offerte aux enfants des milieux défavorisés, ce qui est un premier pas
vers un nouveau type d’enseignement. (Trad. Valentina Beleavski)