Après la sécheresse, les intempéries
Daniela Budu, 17.06.2020, 12:54
2020 est une année sans doute atypique, non seulement en
raison de la pandémie de coronavirus, mais aussi à cause de la sécheresse, qui
a causé beaucoup de dégâts dans l’agriculture. Le secteur n’apportera pas trop
de recettes au budget de l’Etat cette année, alors que les producteurs, les
fermiers et les commerçants enregistrent des pertes considérables, a déclaré
pour Radio Roumanie le président de la Fédération des syndicats de l’industrie
alimentaire, Dragoş Frumosu. Le prix des céréales augmentera, celui des
fourrages aussi, ce qui entraînera la majoration du prix de la viande et des
produits de boulangerie, explique-t-il encore. Les pays de l’UE voudront, eux,
protéger leur production en faveur de la consommation locale. Dans ce contexte,
il est possible que les exportations de certains produits diminuent, alors que
la Roumanie compte beaucoup sur les importations.
Comment peut-on remédier à cette situation ? Dragoş
Frumosu fournit quelques solutions : « De mon point de vue, la seule
solution est de savoir gérer la situation, dans le sens de créer des réserves
d’Etat de produits de base, pour assurer les quantités nécessaires pour une
année, jusqu’à la prochaine récolte. Puis, c’est très important de maintenir
des prix stables, de ne pas avoir de fluctuations au cours de l’année. Je pense
que l’ensemble de la classe politique est responsable de cette situation, dans
laquelle se retrouve l’agriculture roumaine 30 ans après (la chute du
communisme). »
La sécheresse de ce printemps n’est pas le seul problème
de l’agriculture roumaine. S’y ajoutent les tempêtes et les chutes de grêle
fréquentes ces dernières semaines, qui ont sérieusement endommagé les cultures
agricoles de nombreuses régions. Par exemple, dans le nord-ouest du pays, les
fermiers affirment avoir des pertes importantes notamment pour ce qui est des
légumes et des céréales, des arbres fruitiers et de la vigne. L’apiculture en
souffre aussi. Les apiculteurs roumains demandent aux autorités de leur
accorder des compensations financières, vu que les phénomènes météo
défavorables ont compromis la production de miel de cette année. A noter que la
Roumanie est le 4e producteur de miel en Europe. A leur tour, les
fermiers demandent aux autorités de créer des programmes d’investissements pour
encourager les producteurs locaux. Dans une lettre ouverte, ils affirment que
l’agriculture roumaine traverse une période très difficile sur toile de fond de
la crise économique causée par la pandémie de coronavirus, doublée par une
sécheresse sans précédent depuis 30 années. Ils proposent aussi plusieurs
mesures à prendre tout de suite, dont l’octroi d’une aide financière aux petits
fermiers et la poursuite de la réhabilitation urgente des systèmes
d’irrigation.
La semaine dernière, le ministre de l’Agriculture, Adrian
Oros, déclarait de son côté que son institution allait accorder d’ici l’automne
des dédommagements aux fermiers dont les cultures ont été détruites par la
sécheresse. Le montant en sera établi après l’évaluation des dégâts.
Et puis, ce mardi, Adrian Oros a annoncé que les calculs
effectués jusqu’ici faisaient état de 1.165.000 hectares endommagés par la
sécheresse sur les 3 millions semés l’automne dernier. Les spécialistes de
Bloomberg le confirment : la sécheresse la plus sévère du dernier siècle a
touché la Roumanie et plusieurs autres pays d’Europe de l’Est. (Trad. Valentina
Beleavski)