Une rétrospective des événements internes de l’année 2020
Bogdan Matei, 02.01.2021, 13:25
La Roumanie au temps de la pandémie
Plus de 600 000 contaminations et
environ 15 000 décès – ce sont les chiffres roumains les plus pertinents pour la pandémie de COVID-19.Hôpitaux anciens, mal gérés et mal équipés, où les
patients meurent dans des incendies, comme c’est arrivé à Piatra-Neamt
(nord-est), personnel médical en nombre insuffisant ou avec une formation
insuffisante, école en ligne sans tablettes suffisantes, usines avec une production
temporairement à l’arrêt, secteur HoReCa à la limite de la survie, théâtres et
cinémas fermés, marchés fermés et petits producteurs agricoles vendant leur
marchandise à l’extérieur, dans le froid, pendant près d’un mois. L’épidémie
n’a épargné personne et a affecté toute l’économie et l’ensemble de la société
roumaine. Mis
en place en mai après deux mois d’état d’urgence, l’état d’alerte a été
prolongé, au-delà des vacances d’hiver, jusqu’en 2021. À la fin de l’année, les
autorités ont mis sur pied un plan national de relance après la
crise sanitaire, qui apportera à la Roumanie plus de 30 milliards d’euros de fonds européens, ainsi qu’une
campagne de vaccination de masse contre le nouveau coronavirus, considéré comme
le seul moyen de sortir du cauchemar de la pandémie.
Nouveau gouvernement à Bucarest
Les derniers jours de l’année, Un cabinet de
coalition, PNL-USR-PLUS-UDMR, a remplacé le gouvernement libéral, monocolore et
minoritaire de Ludovic Orban. Le chef du nouveau cabinet, l’ancien ministre
libéral des Finances Florin Cîtu, est secondé par les leaders des partis
partenaires, Dan Barna et respectivement Kelemen Hunor. Le PNL conserve neuf
portefeuilles, dont celui de la Défense, attribué au général à la retraite
Nicolae Ciucă, et celui des Affaires étrangères, dévolu au diplomate de
carrière Bogdan Aurescu. L’Alliance USR-PLUS compte six ministères, dont ceux des
Fonds européens et de la Santé, repris par les anciens militants civiques
Cristian Ghinea et Vlad Voiculescu, alors que l’UDMR, avec trois portefeuilles,
a désigné Eduard Novak, président de la Fédération roumaine de cyclisme, à la
Jeunesse et au Sport.
Scrutin législatif: absentéisme record
Avec le
libéral Ludovic Orban à la tête des députés et avec Anca Dragu, élue USR+, à la tête des sénateurs, la nouvelle
coalition au pouvoir a réussi à assumer aussi la direction du Législatif de
Bucarest, issu des élections du 6 décembre dernier. Un scrutin marqué par un
seul record, celui de l’absentéisme, puisque deux tiers de l’électorat ont
préféré ne pas voter, du jamais vu pendant les plus de trois décennies de
démocratie postcommuniste. La peur du coronavirus, la météo morose et, surtout,
le manque de confiance dans l’ensemble de l’offre politique expliquent ce
boycott massif du scrutin. Les maigres scores réalisés par chacun des cinq
partis qui ont réussi à franchir le seuil électoral expliquent aussi les
longues négociations pour former une majorité au Parlement et un nouveau
gouvernement. Au bout d’une année passée dans l’opposition, selon une recette
déjà vérifiée, le PSD s’est adjugé environ 30% des voix, se positionnant à
nouveau en gagnant des élections, mais il est complètement isolé au Parlement. Bien
que soutenus en campagne par le président Klaus Iohannis, les libéraux n’ont
réussi à ramasser que 25% des suffrages. Les 15% obtenus par l’Alliance
USR-PLUS sont bien meilleurs que le score de leur début parlementaire, il y a
quatre ans, mais visiblement en dessous du résultat réalisé au scrutin européen
de mai 2019. L’UDMR a conservé les 5% habituels, exprimant le poids électoral
de la communauté magyare de Roumanie. Avec près de 10% des suffrages, le
parti nationaliste AUR, dont on parle beaucoup mais on n’en sait pas trop, a
réussi une percée très remarquée au Parlement. À l’autre bout du classement
électoral, les partis politiques dits « du chef », fondés par
d’anciennes vedettes de la scène politique, n’ont pas atteint le seuil
électoral et disparaissent du parlement: c’est le cas du PMP, de l’ancien chef
de l’Etat, Traian Băsescu, du parti Pro România, fondé par l’ex premier
ministre Victor Ponta, qui avait été rejoint par un autre ex chef du
gouvernement et ancien leader de l’ALDE, Călin Popescu Tăriceanu.
Elections locales : changement à Bucarest
Le 27 septembre, aux élections locales, le taux de
participation à l’échelle nationale a été de 46%. Les sociologues expliquent
que c’est seulement deux pour cent de moins que lors des élections précédentes
pour les mairies, les conseils locaux et départementaux. A ce moment-là, les
gens n’avaient pas dû surmonter leur peur du virus. L’appétit le plus faible
pour le vote était enregistré à Bucarest, à peine 37%, un pourcentage toutefois
supérieur à celui d’il y a quatre ans. Le nouveau maire est le mathématicien et
militant civique Nicuşor Dan, qui remplace la sociale-démocrate Gabriela Firea.
Il a repris une ville étouffée par la pollution, paralysée par un trafic
surchargé, avec la régie de chauffage urbain en faillite et une infrastructure
défaillante. Les six secteurs de la capitale ont été divisés, trois et trois,
entre les candidats de gauche et ceux soutenus par le PNL et l’USR. Des scores
serrés entre les principales forces politiques ont également été enregistrés à
la tête des conseils départementaux. Les sociaux-démocrates ont conservé bon
nombre de leurs fiefs dans le sud et l’est, et les libéraux – ceux de l’ouest.
L’USR a remporté, en première, plusieurs chefs-lieux de départements : Timişoara
(ouest), Brasov et Alba Iulia (centre) et Bacău (est).
Bilan sportif mitigé
En décembre,
au Championnat d’Europe de gymnastique artistique féminine organisé à Mersin, en
Turquie, la Roumanie s’est adjugé cinq médailles : l’argent dans le
concours par équipe, l’or à la poutre et au sol par Larisa Iordache, l’argent
au saut encore une fois par Larissa Iordache et l’argent aussi à la poutre par
Silviana Sfiringu. En revanche, avec une seule victoire et cinq défaites,
la sélection de Roumanie de handball féminin a fini en 12-e position au Championnat
d’Europe, organisé par le Danemark, en décembre. C’est le pire résultat des handballeuses
roumaines sur les treize présences à la compétition européenne. En football,
l’équipe nationale a raté la qualification au tournoi final continental, reporté
à l’année 2021 en raison de la pandémie et dont des matchs seront aussi
accueillis par Bucarest. Par contre, la nationale espoir s’est qualifiée pour
la deuxième fois de suite à l’Euro des moins de 21 ans. Au printemps, dans la
Poule A, la Roumanie affrontera l’Allemagne, les Pays-Bas et la Hongrie, un des
pays hôtes du tournoi final. A l’édition italienne de 2019, la Roumanie est
allée jusqu’en demi-finale, s’assurant ainsi la présence aux JO de Tokyo. (Trad. : Ileana Ţăroi, Ligia Mihăiescu)