L’année 2023 en Roumanie
Voici les principaux événements politiques, économiques, culturels et sportifs qui ont marqué l'année 2023 en Roumanie.
Daniela Budu, 31.12.2023, 02:14
La rotation gouvernementale – une première dans
l’histoire politique démocratique de la Roumanie
En 2023 en
Roumanie le gouvernement a été marqué par la rotation de premier ministre entre
les principaux partis de la coalition, soit le Parti Social-Démocrate et le
Parti National Libéral, suivie par la sortie immédiate de l’Union Démocrate
Magyare de Roumanie de la coalition à la gouvernance. Jusqu’à la mi-juin le
gouvernement avait été dirigé par le libéral Nicolae Ciuca, qui a cédé sa place
de premier ministre au social-démocrate Marcel Ciolacu selon l’accord conclu un
an et demi auparavant.
L’année 2023 a également signifié pour l’Exécutif roumain
la poursuite des engagements assumés par le PNRR, la renégociation avec Bruxelles
de certains points du plan, mais aussi l’engagement de sa responsabilité devant
le Parlement sur un paquet de mesures fiscales et budgétaires. Celles-ci
visent, entre autres, à réduire le gaspillage budgétaire et à soutenir les
financements du pays sur le long terme par l’élimination des exceptions
fiscales, par des taxes supplémentaires sur le luxe et par la réduction de
l’évasion fiscale. En 2023, la scène politique roumaine a été agitée dans le
contexte ou l’enjeu en est énorme – l’année prochaine, la Roumanie organisera des
élections européennes, locales, législatives et présidentielles.
Encore une année en dehors de l’espace Schengen
Le dossier Schengen, une priorité majeure pour
la Roumanie cette dernière décennie, a marqué l’année 2023 aussi, Bucarest ayant
fait des pas importants vers l’adhésion à l’espace de libre circulation
européenne. Suite à des négociations intenses, l’Autriche, le seul Etat qui
s’opposait encore à l’admission dans l’espace Schengen, a accepté que la
Roumanie et la Bulgarie y adhérent par leurs frontières maritimes et aériennes
à partir de mars 2024. Pour les frontières terrestres il n’y a pas encore de
date exacte, mais les négociations se poursuivront en 2024. Au sein du Conseil
européen, à la mi-décembre, Vienne avait avancé l’idée d’accepter Bucarest dans
l’espace aérien de Schengen, tandis que Bucarest avait demandé un plan concret
d’adhésion, y compris pour la voie terrestre. Depuis déjà 2011, la Roumanie
remplit tous les critères d’adhésion, elle bénéficie de l’appui des
institutions européennes, qui ont reconnu plusieurs fois ses progrès dans le
domaine du contrôle frontalier, de la migration et de l’asile – autant de
problèmes indiqués par l’Autriche lorsqu’elle a refusé l’adhésion de Bucarest,
qui n’ont pas pour autant été confirmés par des documents, ni de statistiques.
De la
corruption au sommet
Des nouveaux scandales visant des acquisitions
publiques durant la période de pandémie ont secoué récemment la scène politique
roumaine. Les procureurs anti-corruption ont ouvert une enquête pénale à
l’encontre de l’ancien premier ministre libéral, Florin Cîtu, d’un secrétaire
d’Etat et de deux anciens ministres de la Santé. Les quatre sont accusés d’avoir
autorisé un trop plein de doses de vaccins anti-Covid, ce qui a provoqué un
trou d’un milliard d’euros dans le budget de l’Etat. Le deuxième scandale
concerne l’acquisition de masques de protection non conformes. Au cœur de cette
affaire on retrouve Victor Piţurcă, ancien sélectionneur de l’équipe nationale
de football, et son fils, Gabriel Ţuţu, à la tête de Romarm, la plus grande
compagnie roumaine de produits militaires. D’autres cas de corruption ont été
signalés dans les rangs des représentants des autorités publiques et des
médecins dont plusieurs ont été accusés d’avoir perçu des pots-de-vin.
Des mouvements de protestation
En mai dernier, avant que les grandes vacances ne
commencent, les enseignants sont entrés en grève trois semaines durant, en
perturbant le calendrier des examens de fin d’année. Des dizaines de milliers
de personnels auxiliaires du secteur de l’Education ont rejoint les 150.000
professeurs en grève pour dénoncer les politiques salariales et sociales du
gouvernement. Les responsables politiques ont accepté la plupart des
revendications et ont adopté les nouvelles lois de l’Education nationale
censées réformer le système en profondeur. Les lois reposent sur le projet
présidentiel de la Roumanie éduquée.
Un mouvement de grève a perturbé aussi le
système médical de Roumanie. Les personnels sanitaires ont protesté contre les
salaires trop bas et les conditions inappropriées de travail. D’ailleurs, tout
au long de l’année 2023, les syndicats et les Fédérations syndicales ont
organisé des mouvements de protestation. Les magistrats, les juges, les
procureurs, les fonctionnaires publics, les cheminots, les policiers, les
sylviculteurs ce sont les catégories salariales ayant protesté en 2023 contre
les politiques gouvernementales.
Timisoara – Capitale européenne de la culture en 2023
2023 a été l’année où Timisoara est devenue
capitale de la culture européenne. Parmi les 2000 événements organisés pour
l’occasion, l’exposition consacrée au grand sculpteur roumain, Constantin
Bracusi, reste sans nul doute un des coups de cœur de ce projet culturel
qui a mobilisé presque 900 organisations et plus de 3000 bénévoles.
Du 27 août
au 24 septembre, un autre événement culturel d’envergure a eu lieu en
Roumanie. Il s’agit de la XXVIème édition du Festival international de
musique George Enescu. Considéré comme l’un des festivals de musique classique
les plus importants au monde, l’événement a réuni à son affiche plus de 3500
musiciens célèbres accompagnés par 40 orchestres de seize pays.
Une
belle performance pour le football roumain
2023 s’est avérée une bonne année pour le football
roumain. Au bout de 8 ans de pause, la sélection nationale de football de
Roumanie s’est qualifiée au tournoi final du Championnat d’Europe d’Allemagne.
Suite au tirage aux sorts, la Roumanie se retrouve dans le groupe E, tout comme
la Belgique et la Slovaquie. Par ailleurs, les Tricolores roumains ont réussi à
devenir champions du monde en titre de football en salle, après une victoire
contre le Kazakhstan. Avec 6 titres européens et deux médailles d’argent, la
sélection roumaine est la plus titrée de l’histoire européenne du football en salle.
A la fin, quelques mots sur le
tennis roumain : Simona Halep, double championne en tournoi du grand
chelem et ancienne numéro un mondiale a été suspendue quatre ans pour dopage.
La décision est tombée en septembre et elle appartient à l’Agence
internationale pour l’intégrité du tennis. La Roumaine l’a contestée auprès du
Tribunal arbitral du sport de Lausanne. Elle sera auditionnée en février. (trad. Andra Juganaru, Ioana Stancescu)