La semaine du 7 au 13 décembre
Corina Cristea, 12.12.2020, 13:15
La scène politique roumaine, après le scrutin législatif
La formule parlementaire des quatre prochaines années issue des élections du 6 décembre comprendra le PSD, le PNL, l’Alliance USR-PLUS, l’AUR (qui accède pour la première fois au Parlement de Bucarest), l’Union démocrate magyare et les représentants des minorités nationales, autres que la minorité magyare. La présence aux urnes à ce scrutin législatif a été d’un peu plus de 33%, soit la plus faible de l’histoire démocratique de la Roumanie. Parmi les facteurs qui pourraient expliquer cette situation figure l’épidémie de Covid-19 avec à plusieurs milliers de nouvelles infections quotidiennes, alors que le nombre des décès associés à cette maladie n’a plus baissé en dessous de la centaine par jour. C’est pourquoi l’exécutif a décidé de prolonger l’état d’alerte en vigueur depuis la mi-mai de 30 nouveaux jours. Cette décision est introduite durant l’intérim assuré par le ministre de la Défense, Nicolae Ciuca, en tant que chef du cabinet de Bucarest. Il a été nommé après la démission du premier ministre libéral Ludovic Orban. Ce dernier avait choisi de faire un pas en arrière et de mener en tant que président du PNL les négociations pour la constitution d’une majorité parlementaire censée soutenir un prochain gouvernement de centre-droit. Le président Klaus Iohannis a convoqué les représentants des partis à des consultations lundi en vue de la désignation d’un premier ministre. La série des négociations commencera par les représentants du PSD, formation qui a obtenu le plus grand nombre de voix, environ 30%. La surprise du scrutin a été le résultat décroché par l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), qui, une année seulement après sa création, a réussi à convaincre plus d’un million de Roumains à lui accorder leur voix, devenant ainsi la quatrième force du législatif. Ses leaders se déclarent radicaux, partisans de valeurs telles la famille, la nation et la foi chrétienne. Pour ce qui est de la diaspora, qui sera représentée par 6 parlementaires, le vote s’est déroulé le long de deux jours. 265.000 Roumains ont voté à l’extérieur des frontières nationales.
Le président Klaus Iohannis au Conseil européen
Le président Klaus Iohannis a participé jeudi et vendredi à la réunion des leaders de l’UE qui ont scellé un accord sur le budget de l’Union pour la période 2021-2027 et sur le Fonds de relance économique post-Covid 19 qui totalise plus de 1 800 milliards d’euros. La Pologne et la Hongrie ont renoncé à leur intention de bloquer ce plan massif de financement. Les deux États s’opposaient au conditionnement de l’octroi des fonds européens du respect de l’Etat de droit ; le compromis accepté vise l’implication dans ce processus de la Cour de justice de l’Union européenne. Suite à cet accord, la Roumanie devrait obtenir 46,7 milliards d’euros du budget commun pour différentes politiques, allant de l’agriculture à la cohésion, en passant par le développement rural, l’infrastructure et les transports. En plus, par le Fonds de relance, elle se verra allouer 33,5 milliards sous forme de subsides et de crédits. Selon le président Iohannis, ils seront utilisés pour entreprendre des réformes et des investissements dans des secteurs clé, au bénéfice de tous les Roumains. Un autre sujet à l’agenda de la réunion a été la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% avant 2030. Le chef de l’État roumain a plaidé pour la création d’un cadre flexible censé permettre à tous les pays membres d’accomplir avec efficacité leurs objectifs dans le domaine des changements climatiques. Par ailleurs, les leaders européens estiment que la situation épidémiologique demeure préoccupante malgré l’apparition de vaccins et qu’il faut redoubler d’efforts pour prévenir une nouvelle vague d’infections au SARS-CoV-2.
Le nouveau Centre européen de cybersécurité aura son siège en Roumanie
Bucarest accueillera le siège du futur Centre européen de compétences industrielles, technologiques et de recherche en matière de cybersécurité. Il est censé distribuer des fonds européens et nationaux aux projets de recherche en matière de sécurité cybernétique mis en place partout dans l’UE. Pour accueillir le Centre européen, la Roumanie s’est portée candidate contre sept autres Etats communautaires. Bucarest a finalement remporté la compétition devant des villes telles Munich, Varsovie, Vilnius ou Luxembourg. Des sources de Bruxelles ont expliqué pour Radio Roumanie que sur les deux derniers pays restés en lice, la Roumanie a été préférée à la Belgique. Le fait que le futur Centre européen de compétences industrielles, technologiques et de recherche en matière de cybersécurité sera en Roumanie est un succès important pour Bucarest et représente le fruit des démarches diplomatiques menées au plus haut niveau, a précisé le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu. Le Centre sera la première agence européenne basée en Roumanie.
Coopération roumano-américaine dans le domaine de l’énergie
Un accord entre la Roumanie et les États-Unis sur la coopération pour les projets d’énergie nucléaire à Cernavodă (sud-est) a été signé mercredi à Bucarest par le ministre roumain de l’Économie, Virgil Popescu, et par l’ambassadeur américain, en présence du premier ministre par intérim, Nicolae Ciucă. Les termes du document avaient été établis dès le début du mois d’octobre, lors d’une visite aux États-Unis du ministre de l’Économie, lorsqu’un mémorandum d’accord avec la Banque américaine pour les Importations et les Exportations, Eximbank, avait également été signé. Pour atteindre ses objectifs de décarbonisation et de sécurité énergétique, la Roumanie souhaite renouveler la technologie de l’un des réacteurs nucléaires de la centrale de Cernavodă (sud-est) et en construire deux autres. Ce projet est évalué à 8 milliards de dollars. Eximbank financera ce projet à hauteur de 7 milliards de dollars. Une fois achevé, la centrale de Cernavodă devrait couvrir environ 40% de la demande d’électricité de la Roumanie, soit le double de ses capacités actuelles. Les Etats-Unis pourraient également financer l’extraction des gisements de gaz en mer Noire. Une fois ces investissements débloqués, la Roumanie pourrait devenir le producteur de gaz et d’énergie le plus important d’Europe. (Trad. Ioana Stăncescu, Alex Diaconescu)