La semaine du 6 au 12 mars 2016
La Roumanie, entre croissance économique et pauvreté
Roxana Vasile, 12.03.2016, 13:32
La Roumanie, entre croissance économique et pauvreté
La Roumanie, aux côtés de la Suède, de la République Tchèque et de la Slovaquie, a enregistré la troisième plus élevée croissance économique de l’Union Européenne au dernier trimestre de l’année passée, selon les chiffres de l’Office européen des statistiques. Les analystes économiques affirment que le phénomène est dû notamment à la consommation de 15% plus élevée en 2015 grâce aux majorations salariales et à la baisse des taxes et des impôts, dont notamment de la TVA. Ça fait déjà plusieurs années que la Roumanie se situe parmi les premiers pays d’Europe pour ce qui est de la croissance économique. Pourtant, la présence du pays dans un top de la pauvreté prouve que son modèle de croissance ne profite pas aux citoyens, met en garde la Commission européenne dans son rapport sur la Roumanie.
La cheffe de la représentation de la Commission européenne à Bucarest, Angela Filote : « Cela démontre que l’actuel modèle de croissance économique n’agit pas dans l’intérêt du citoyen, car, alors que l’économie connaît des avancées, le citoyen lambda demeure tout aussi pauvre. Or, il ne faut pas encourager un tel modèle, puisqu’il ne s’inscrit pas dans la durée et n’assouvit pas l’aspiration des gens à une vie meilleure.»
La Commission européenne recommande aux autorités de se concentrer sur trois domaines prioritaires : la relance des investissements, la poursuite des réformes structurelles et l’adoption de politiques budgétaires responsables.
La Cour constitutionnelle et le Service roumain de renseignements
Le Conseil suprême de défense de Roumanie s’est réuni d’urgence ce vendredi pour examiner les effets produits par la décision de la Cour constitutionnelle de déclarer non conformes à la loi fondamentale les écoutes téléphoniques réalisées par le Service de renseignement intérieur dans des affaires pénales. Le président de la Cour, Augustin Zăgrean, a toutefois précisé qu’il appartenait aux autorités touchées de reconsidérer leur activité à la lumière de ladite décision et qu’aucun auteur de faits pénaux n’échapperait aux sanctions légales : « Savez-vous qu’en Angleterre, les écoutes téléphoniques ne peuvent pas être admises comme preuves en justice ? Personne n’a été condamné uniquement sur la base d’un tel enregistrement. Si la communication interceptée n’est appuyée par des preuves, personne ne peut être condamné. »
Vu que les enquêtes en cours dans des milliers d’affaires, y compris de corruption, sont mises à mal par la décision de la Cour constitutionnelle, les parquets de Roumanie ont demandé l’allocation de plusieurs dizaines de millions d’euros de fonds supplémentaires et quelques centaines d’officiers de police judiciaire détachés pour prendre en charge les écoutes. La ministre de la justice Raluca Pruna a fait savoir que le gouvernement de Bucarest avait trouvé une solution à cette situation qui bouleverse le système judiciaire : « La solution proposée par le gouvernement est, évidemment, d’utiliser l’infrastructure qui appartient au Service de renseignement, mais sans aucune intervention humaine du Service, et avec l’implication du procureur et de la PJ, c’est-à-dire les organes d’enquête pénale que la Cour constitutionnelle a définis comme étant les seuls à procéder à de telles mesures de surveillance. »
Des organisations de défense des droits de l’homme affirment que la décision des juges constitutionnels est bienvenue, estimant qu’elle aura un impact temporaire sur l’instruction pénale et que les problèmes trouveront une solution.
Le premier ministre Dacian Ciolos à Bruxelles et aux Pays Bas
Après la participation lundi au sommet UE-Turquie, consacré à la crise des réfugiés, le premier ministre roumain Dacian Ciolos a rencontré également à Bruxelles le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Le responsable roumain a déclaré que Bucarest s’attendait à ce que les Alliés renforcent leur présence sur le flanc oriental de l’Alliance et dans la région de la Mer Noire. La Roumanie contribuera au renforcement de la coopération avec les pays de la région membres de l’OTAN – soit la Bulgarie et la Turquie, et espère que cette coopération régionale se transforme en une coopération internationale, avec la présence d’autres membres de l’Alliance. Ce qui plus est, le premier ministre Dacian Ciolos a exprimé l’intention ferme du gouvernement roumain d’allouer, à partir de l’année prochaine, 2% du PIB à la défense.
Après Bruxelles, le chef du cabinet s’est rendu aux Pays-Bas, qui détiennent la présidence semestrielle de l’UE. Il y a rencontré des responsables du pays, mais aussi des représentants de la communauté roumaine installée aux Pays-Bas. La société roumaine est capable de s’assumer, sans qu’elle fasse l’objet d’un suivi extérieur en matière de lutte contre la corruption et d’indépendance de la justice a déclaré Dacian Ciolos, lors de ses entretiens avec son homologue néerlandais Mark Rutte. Prévue initialement pour mars 2011, l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen de libre circulation européenne, a été reportée en raison de l’opposition de certains Etats membres, y compris des Pays-Bas, qui ont regardé avec réticence l’efficacité du système juridique roumain.
Le président roumain en Israël et en Palestine
Le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis s’est rendu cette semaine en Israël et en Palestine. A Jérusalem, il a dit à son homologue Reuven Rivlin que la Roumanie accordait une attention particulière aux relations avec Israël et que sa visite était censée honorer la tradition des 68 ans de relations diplomatiques ininterrompues et dessiner l’avenir de la coopération bilatérale. Les deux pays déroulent un très bon dialogue sur des sujets de l’actualité internationale, a affirmé M Iohannis, ajoutant que, pour assurer la sécurité d’Israël, il ne pouvait pas y avoir de compromis. Jeudi, à Ramallah, lors d’une réunion avec le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Klaus Iohannis a souligné que, dans les régions touchées par des crises et des conflits, il fallait trouver des solutions politiques et faire des efforts conjugués pour donner davantage d’espoir à la population.
Klaus Iohannis : « Nous pensons que la question la plus importante qu’il faut aborder en ce moment est celle des modalités permettant de rétablir la confiance mutuelle. Les aspirations légitimes du peuple palestinien à vivre en sécurité et prospérité dans son propre Etat ne sauraient se concrétiser que par le biais d’un processus pacifique, à l’aide de solutions acceptées et assumées par les deux parties concernées. »
A son tour, le leader palestinien a plaidé en faveur d’une paix reposant sur ce qu’il a appelé la justice et la vérité ; il s’est aussi déclaré contre la violence et l’extrémisme, quelles qu’en soient les motivations.