La semaine du 4 au 9 mars
L’ancienne cheffe de la DNA, face aux procureurs
Roxana Vasile, 09.03.2019, 13:41
L’ancienne cheffe de la DNA, face aux procureurs
L’ex procureur en chef du Parquet anticorruption, Mme Laura Codruta Kövesi, a appris, au bout de quelques heures d’audition menée par la Section chargée d’enquêter les magistrats, qu’elle est accusée dans un deuxième dossier. Les nouvelles accusations qui planent sur l’ancienne cheffe de la DNA portent sur le fait qu’elle aurait dirigé une association de malfaiteurs réunissant des procureurs du Parquet anticorruption. Mme Kövesi a rejeté toutes ces accusations qu’elle a qualifiées de mensongères. « Cela fait déjà deux ans déjà que je suis la cible des harcèlements dans l’espace public », a-t-elle déploré, en précisant que l’Inspection judiciaire l’avait déjà vérifiée une cinquantaine de fois. Cela n’a pas été une simple coïncidence de me voir convoquer au Parquet le jour même où le Parlement européen menait des activités visant la nomination du futur procureur européen, a déclaré Mme Kövesi: « Je ne pense pas qu’il s’agisse là d’une simple coïncidence, je pense avoir été convoquée exprès ce jour-là pour être empêchée de faire des déclarations et d’éclaircir la situation. Je pense que ce n’est pas par hasard que j’ai été citée dans un dossier et qu’une fois sur place, j’ai constaté que j’étais auditionnée dans une autre affaire. »
Laura Codruta Kövesi a été convoquée jeudi à la Section chargée denquêter sur les éventuelles infractions commises par les magistrats pour être entendue dans une affaire dans laquelle elle est accusée dabus de pouvoir, de corruption et de faux témoignage. Rappelons que l’ancienne cheffe de la DNA a été révoquée l’été dernier de ses fonctions. Le ministre de la Justice, Tudorel Toader, lui reprochait, à l’époque, d’avoir défié l’autorité du Parlement et d’avoir contesté les décisions de la Cour constitutionnelle.
Le ministre Tudorel Toader, contesté
Le ministre romain de la Justice, Tudorel Toader, qui, lui non plus n’a pas été épargné par les problèmes, se sent pourtant soulagé, pour l’instant. Le vote sur la motion simple déposée à son encontre par le Parti national libéral et par lUnion Sauvez la Roumanie a été ajourné, faute de quorum. Les députés sociaux-démocrates ont décidé de boycotter le vote sur une motion qui, disent-ils, comporte des contre-vérités. Le leader du PSD, Liviu Dragnea, a décidé dexaminer avec les partenaires de lAlliance des libéraux et des démocrates le mécontentement à l’égard de Tudorel Toader. Ministre indépendant, soutenu par l’ALDE, Tudorel Toader fait également lobjet des critiques des sociaux-démocrates, et de lUnion démocrate magyare de Roumanie (UDMR). De lavis des libéraux, par labsence du quorum, la coalition PSD-ALDE met de la pression sur le ministre de la Justice pour qu’il promeuve les modifications législatives espérées.
Le ministre est contesté par une partie de la société civile aussi. Enseignants et étudiants ont manifesté jeudi en signe de solidarité avec la protestation des magistrats, condamnant ce qu’ils appellent l’assujettissement de la Justice. Antérieurement, les comédiens de plusieurs théâtres de Bucarest et du pays ont eux aussi organisé des manifestations, mécontents du récent décret d’urgence n° 7 portant modification des lois de la Justice.
Le projet de la Loi du budget 2019, renvoyé au Parlement une nouvelle fois
Le projet de la Loi du budget dEtat 2019 respecte la loi fondamentale du pays, a décidé mercredi la Cour constitutionnelle de la Roumanie, en réponse à la saisine déposée par le chef de l’Etat, Klaus Iohannis. Refusant de commenter la décision de la Cour, le président a annoncé qu’il allait renvoyer à nouveau au Parlement le projet de loi en question, affirmant qu’il s’agissait d’un budget de « la honte nationale: Le budget d’Etat 2019 est construit sur un scénario fantaisiste et ne donne pas de garanties concernant sa mise en application, chose confirmée d’ailleurs par les institutions européennes et internationales. Il met en question le respect des traités internationaux dont la Roumanie est partie et même la législation en la matière. Ce budget a été conçu pour servir avant tout les intérêts politiques dun groupe restreint. »
Un point de vue partagé par lopposition de droite, notamment par le Parti national libéral et par l’Union Sauvez la Roumanie, qui a avancé les mêmes arguments que ceux du président du pays. En réplique, la coalition au pouvoir, a qualifié de mensonger, de politicien et d’irresponsable le renvoi de la loi du budget au Parlement. « Il est évident que le président Iohannis ne vise qu’à gagner un nouveau mandat. Ses gestes ternissent l’image de la Roumanie et mettent en danger les indicateurs économiques du pays. Dire que l’on vit un désastre économique, alors que les chiffres officiels prouvent le contraire, c’est manquer de responsabilité et de respect envers la vérité. Bloquer l’activité du gouvernement est devenu son unique préoccupation » — a déclaré la première ministre Viorica Dăncilă.
Par la voix du vice-président de la Chambre des députés, Florin Iordache, les sociaux-démocrates ont fait savoir qu’ils feraient promulguer la loi sous la forme adoptée initialement par le Législatif. Selon eux, le budget 2019 assure les ressources nécessaires pour tous les domaines importants de l’économie.
Bilan d’étape de la présidence roumaine du Conseil de l’UE
La première ministre roumaine, Viorica Dăncilă, a présenté vendredi, à Bucarest, le bilan des deux premiers mois du mandat de la Roumanie à la tête du Conseil de l’UE. 67 dossiers sont désormais finalisés, plus de la moitié ayant déjà été approuvés par les ambassadeurs des Etats membres. La présidence roumaine et le Parlement européen ont abouti à un accord provisoire sur des mesures temporaires et limitées visant à garantir une connectivité de base du transport routier de marchandises et de voyageurs dans le but d’atténuer les perturbations les plus graves qui pourraient se produire si le Royaume-Uni quittait l’UE sans accord négocié.
Lors des discussions menées à Bruxelles avec le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, la première ministre roumaine a déclaré que les autorités de Bucarest étaient préparées pour n’importe quel scénario, y compris pour une sortie de Londres de l’Union sans accord. (Trad. Mariana Tudose; Ioana Stancescu)