La semaine du 27 juin au 03 juillet 2022
La Russie n’est plus
un partenaire, c’est une menace
Bogdan Matei, 03.07.2022, 10:01
La Russie n’est plus
un partenaire, c’est une menace
Le sommet de l’OTAN de Madrid représente l’une des
réunions des alliés les plus importantes pour la Roumanie, ces dernières
années, a indiqué le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis. Dominé par
l’invasion russe en Ukraine, voisine de la Roumanie, le sommet a débouché sur
l’adoption d’un nouveau concept stratégique dans le contexte sécuritaire actuel.
Désormais, la Russie n’est plus un partenaire, mais la menace la plus importante
et la plus directe à la sécurité et la stabilité des pays alliés. Pour la
première fois, la Chine est mentionnée comme un « défi systémique » pour
l’Occident auquel l’Alliance doit se préparer. Les ambitions déclarées de Pékin
et ses politiques coercitives représentent de véritables défis pour nos
intérêts, notre sécurité et nos valeurs, constatent les alliés, en dénonçant le
partenariat stratégique sino-russe qui menace l’ordre mondial. Du coup, l’OTAN
a confirmé un renforcement de sa présence militaire sur le flanc est, y compris
en Roumanie. La force de réaction passera donc à plus de 300 000 hommes de haut
niveau de formation, contre 40 000 actuellement. « C’est le plus grand
remaniement de notre défense collective depuis la Guerre froide », a
précisé le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Pour sa part, le
chef de l’Administration américaine, Joe Biden, a déclaré que « l’OTAN est
plus nécessaire que jamais » et que les Etats-Unis s’apprêtent à
consolider leur présence partout en Europe. Réunis à Madrid, les alliés se sont
également engagés à soutenir l’Ukraine tant qu’il sera nécessaire pour que le
pays résiste face à l’armée russe. « Soutenir Kiev est une obligation
morale et politique » a tenu à préciser Jens Stoltenberg.
La Roumanie et la crise du gaz
Un
des pays européens les moins dépendants des hydrocarbures russes, la Roumanie
pourrait obtenir son indépendance énergétique, en devenant un important
fournisseur de sécurité énergétique dans la région et un corridor de transport
pour le gaz et les énergies vertes de la mer Caspienne. C’est ce qu’a déclaré
le ministre roumain de l’Energie, Virgil Popescu, lors d’une cérémonie déroulée
à Vadu, dans le département de Constanta, censée marquer le début de
l’exploitation offshore dans le périmètre Midia. Aux dires du responsable
roumain, les réserves de gaz de la Roumanie en mer Noire seraient de 200
milliards de mètres cubes. Ce projet d’extraction est le premier projet
développé depuis 30 ans dans le secteur roumain de la mer Noire et les
premières quantités de gaz sont déjà arrivées en juin dans le système de
transport national. Présent à son tour à la cérémonie d’inauguration de l’usine
de traitement de Vadu, le premier ministre roumain, Nicolae Ciucă, a affirmé
qu’à l’heure où l’on parle, le niveau de stockage du gaz dans les entrepôts
nationaux est de 41 %, mais il augmentera à 80 % d’ici le 1er
novembre.
Politiques sociales par temps
de crise
Pour compenser la hausse des prix, le gouvernement
roumain a décidé d’une série de facilités pour ceux ayant des difficultés de
remboursement des crédits bancaires. Ainsi, les débiteurs personnes morales
ayant enregistré des pertes de 25 % de leur chiffre d’affaire, peuvent réclamer
un report de leurs mensualités bancaires à condition de faire la preuve de leur
situation. Quant aux personnes physiques, celles-ci doivent démontrer une
hausse de 25 % de leurs dépenses mensuelles pour obtenir un report d’échéances.
Ce report sera de neuf mois tout au plus et il pourra se faire seulement dans
le cas des crédits sans arriérés de paiement les six derniers mois. Reporter
les mensualités de prêt bancaire de ceux touchés par la flambée des prix n’est
qu’un avantage à court terme, a averti l’expert Adrian Mitroi, professeur à
l’Académie des Sciences économiques de Bucarest. Dans un entretien à Radio
Roumanie, le spécialiste a expliqué que ce report provoque, en fait, des couts
supplémentaires. Au moment où le débiteur reprend le paiement, les sommes à
rembourser seront plus grandes en raison de plusieurs frais bancaires
supplémentaires. Le gouvernement a adopté également un acte règlementaire pour
la mise en place des crédits garantis par l’Etat à hauteur de 80 %, à
l’intention des jeunes couples et des étudiants. Les étudiants pourront
souscrire à un prêt de 10 000 euros tout au plus, tandis que les couples pourront
demander un crédit de 15 000 euros tout au plus.
La loi du silence chez les
Roumains
La
cheffe du Parquet européen, et ancienne cheffe du Parquet national
anticorruption de Bucarest, Laura Codruţa Kövesi, a annoncé examiner la
possibilité de saisir la Commission européenne pour activer le mécanisme de
conditionnement des fonds européens du respect de l’État de droit en Roumanie.
Selon un communiqué du Parquet européen, le motif relève de la loi récemment
votée au parlement, qui transpose une directive européenne sur la protection
des lanceurs d’alerte. Le fait de rapporter de manière anonyme les faits de
corruption a été éliminé de ce texte. La principale préoccupation, c’est que
cela pourrait avoir un effet de dissuasion des lanceurs d’alerte potentiels de
Roumanie, ce qui affecterait de manière négative le niveau de détection des
fraudes aux fonds européens, indique le Parquet européen dans un communiqué. De
nombreuses organisations civiques roumaines ont annoncé qu’elles saisiraient l’Avocat
du peuple (l’équivalent du Défenseur des droits) sur le projet de loi sur la
protection des lanceurs d’alerte dans l’intérêt public et ont attiré
l’attention que la Roumanie risquait de se voir sanctionner, parce que le texte
transpose la directive européenne de manière sélective.
Nouvelle démission pour Florin
Cîţu
Les
fonctions de président de la Chambre supérieure du parlement sont devenues
vacantes ; les sénateurs roumains ont pris acte de la démission du libéral
Florin Cîţu. Antérieurement, M Cîţu avait déclaré que sa démission avait été
réclamée par le président du PNL, le premier ministre Nicolae Ciucă, et par le
secrétaire général, le ministre de l’Intérieur, Lucian Bode, qui l’ont informé
que le soutien du parti pour ces fonctions politiques lui avait été retiré. Il
soutient que les déclarations qu’il avait faites pendant des années contre les
politiques sociales et salariales du PSD, partenaire au pouvoir du PNL, lui
avaient été reprochées. Pour certains journalistes roumains, c’est un
économiste très compétent, pour d’autres – un personnage ridicule. Il a eu une
ascension et une chute politique tout aussi rapides. Tant qu’il a été apprécié
par le président Klaus Iohannis, il a été premier ministre et président du PNL.
Après être tombé en disgrâce, il a perdu les deux fonctions, au bénéfice du
général Ciucă. L’intérim pour ces fonctions est assuré par la libérale Alina
Gorghiu, une juriste aux initiatives législatives controversées, considérée une
protégée du chef de l’Etat. Voici deux ans, elle proposait que les délinquants condamnés
à sept années de prison tout au plus purgent leur peine à domicile, ce qui a
donné lieu à une vague de critiques dans l’espace public roumain. Trad. :
Ioana Stăncescu, Ligia Mihaiescu)