La semaine du 26 au 31 janvier 2015
Une nouvelle mission des bailleurs de fonds internationaux à Bucarest
Roxana Vasile, 31.01.2015, 13:13
Une nouvelle mission des bailleurs de fonds internationaux à Bucarest
Une mission du FMI, de la Commission européenne et de la Banque mondiale, se trouve depuis mardi en Roumanie pour la troisième évaluation de l’actuel accord préventif, chiffré à 2 milliards d’euros. Jusqu’au 10 février, les membres de la mission analyseront, avec les autorités de Bucarest, les récentes évolutions de l’économie roumaine, ainsi que les priorités des réformes économiques. La visite de la mission des bailleurs internationaux intervient sur la toile de fond de l’envolée du franc suisse face au leu, qui a provoqué de la panique parmi les quelque 75.000 Roumains, titulaires de crédits en devise helvétique. L’occasion également pour le Parlement de se pencher sur la loi de la faillite personnelle. Les experts de l’institution financière ont déjà envoyé une lettre aux autorités roumaines dans laquelle ils se déclarent inquiets d’une éventuelle introduction de cette loi en l’absence d’une étude d’impact et sans consulter les associations impliquées.
Le Service roumain de renseignements, sans directeur
A l’heure actuelle, les principaux services de renseignement de la Roumanie n’ont pas de directeurs civils. En octobre dernier le chef du Service de renseignement extérieurs, Teodor Meleşcanu avait présenté sa démission. Il a été suivi cette semaine par George Maior, directeur du Service de renseignements intérieurs. Les deux institutions ont à l’heure actuelle des directions intérimaires assurées par des généraux. Toutefois, selon l’engagement assumé devant l’OTAN, les services de renseignements doivent se trouver sous un contrôle civil, démocratique. Par conséquent la nomination de nouveaux chefs civils est impérative. En attendant, la démission de George Maior agite de nombreux esprits, surtout que l’on ignore toujours les raisons officielles de cette décision. De l’avis des observateurs politiques, le départ du chef du SRI serait étroitement lié au rejet par la Cour Constitutionnelle du paquet comportant 3 lois surnommées « Big Brother », durement critiquées par George Maior. Il s’agit notamment de la Loi de la sécurité informatique, de celle obligeant les fournisseurs de téléphonie et d’Internet à stocker les données des utilisateurs pendant 6 mois, et de la loi concernant les données personnelles des utilisateurs de cartes de téléphones pré-payées et de réseaux wi-fi.
Le parquet national anti-corruption accuse des hommes politiques importants de Roumanie
Ces derniers mois, de plus en plus d’hommes politiques et d’affaires importants ont franchi le seuil du siège de la Direction nationale anti-corruption pour expliquer leur implication dans des affaires onéreuses. Parmi eux, après plusieurs heures d’auditions, la députée Elena Udrea, chef du Parti du Mouvement Populaire, d’opposition, et ancienne candidate présidentielle, a été placée sous contrôle judiciaire dans un dossier visant l’acquisition frauduleuse de logiciels. Plus précisément, elle est accusée d’avoir reçu et utilisé des biens sachant qu’ils provenaient des infractions commises par son ancien époux, Dorin Cocoş. Le fils de ce dernier, Alin, est lui aussi accusé de corruption active et de trafic d’influence, étant retenu dans un autre dossier, lié à l’enquête pénale dont fait l’objet l’ancienne procureure chef de la Direction d’Investigation des Infractions de Crime Organisé et de Terrorisme, Alina Bica. Par ailleurs, jeudi, Adriean Videanu, ancien ministre de l’Economie, a été retenu par les procureurs du Parquet national anti-corruption, pour complicité à labus de fonctions. Et toujours ce jeudi, les procureurs anti-corruption ont auditionné Toni Grebla, juge à la Cour Constitutionnelle, poursuivi pour trafic d’influence.
Le rapport MCV de la Commission Européenne
La Commission européenne a publié mercredi ses traditionnels rapports sur la Justice réalisés dans le cadre du Mécanisme de Coopération et de Vérification par lequel l’exécutif communautaire suit les évolutions dans le domaine en Roumanie et Bulgarie. La CE félicite la Direction nationale anti-corruption pour son rôle essentiel dans la multiplication des enquêtes et des condamnations, notamment dans les cas de grande corruption. La Cour constitutionnelle, l’Agence nationale d’intégrité, la Haute cour de cassation et de justice et le Conseil supérieur de la magistrature sont d’autres institutions judiciaires dont l’activité a été remarquée par la Commission. Par contre, le Parlement fait toujours l’objet de critiques de la part de la Commission Européenne qui l’accuse d’avoir bloqué certaines enquêtes pénales contre des élus nationaux, d’avoir promu des lois qui portent atteinte à la lutte contre la corruption et d’avoir tergiversé l’adoption de lois censées aider la justice. D’ailleurs, mercredi, le jour même de la publication du rapport, le président roumain a appelé à des consultations les représentants des partis parlementaires. Ceux-ci ont tous exprimé leur disponibilité à soutenir la simplification des procédures de placement en détention provisoire et d’arrestation des élus nationaux et de perquisition de leurs résidences et bureaux. “Le moment est venu pour la Roumanie de passer à une nouvelle étape de la démocratie”, a déclaré le président Klaus Iohannis, faisant référence entre autres à la nécessité de créer des conditions optimales de vote pour tous les Roumains. Cela, dans le contexte où en novembre dernier de nombreux Roumains de la diaspora n’ont pas pu exercer leur droit de vote en raison de la mauvaise organisation du scrutin présidentiel.
Les priorités de la diplomatie roumaine
L’adhésion à l’espace Schengen et le passage à l’euro figurent en tête de liste des objectifs de politique étrangère du président Klaus Iohannis. Celui-ci a continué la tradition de ses prédécesseurs et rencontré les ambassadeurs accrédités à Bucarest pour leur présenter les grandes directions daction de la diplomatie roumaine. Les objectifs restent les mêmes: l’européanisation complète du pays, un partenariat stratégique renforcé avec Washington et un appui accordé aux démocraties voisines de la Roumanie: la République de Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie. Le président Iohannis a déclaré que la crise ukrainienne affectait les relations de la Roumanie avec la Fédération de la Russie. Pour les améliorer, il faudrait que Moscou respecte le droit international. Jeudi, lors de la réunion extraordinaire des chefs des diplomaties européennes organisée à Bruxelles, le ministre roumain des Affaires Etrangères, Bogdan Aurescu, s’est dit favorable à une prolongation de six mois des sanctions contre la Russie. (Trad. Valentina Beleavschi, Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)