La semaine du 24 février au 1er mars 2014
L’USL, l’alliance de centre-gauche qui était au pouvoir en Roumanie, s’est démantelée
Mihai Pelin, 01.03.2014, 13:00
L’USL, l’alliance de centre-gauche qui était au pouvoir en Roumanie, s’est démantelée
L’alliance USL, considérée une des plus grandes constructions politiques du dernier quart de siècle, s’est effondrée, après avoir gouverné la Roumanie pendant près de deux ans. Aux parlementaires de 2012, l’USL était créditée de près de 60% des suffrages. Pourtant, le record absolu en la matière continue d’appartenir au Front du Salut national, l’ancêtre du PSD, qui remportait un peu plus de 65% des voix aux élections de 1990, les premières après la chute du communisme. Les dissensions se sont fait jour dans l’USL voici près de 3 semaines, lorsque les libéraux ont avancé la proposition que l’édile de Sibiu, Klaus Iohannis, occupe simultanément les fonctions de ministre de l’Intérieur et de vice premier ministre. Le PSD s’est opposé à cette idée, et tous les ministres et secrétaires d’Etat libéraux ont présenté leur démission, après que leur formation eut décidé de quitter le gouvernement. Le premier ministre social-démocrate Victor Ponta présentera la semaine prochaine, au Parlement, la composition du futur exécutif, dont feront partie un grand parti, le PSD, et ses alliés plus petits, le PC et l’UNPR. D’autre part, le PSD négocie aussi avec l’UDMR, formation présente dans quasiment tous les gouvernements entre 1996 et 2012, en vue de la coopter dans le nouveau cabinet. Suite au démantèlement de l’USL, l’ancien premier ministre libéral Călin Popescu Tăriceanu a quitté le parti à la re-fondation duquel il avait pris part, dans les années ’90 et qu’il a même dirigé pendant un certain temps. Il a annoncé la création du Parti réformiste libéral, mais aussi une possible candidature à l’élection présidentielle prévue en décembre prochain.
L’Exécutif de Bucarest approuve la lettre d’intention convenue avec le FMI
Le gouvernement roumain a approuvé la lettre d’intention convenue avec le FMI, afférente à l’accord de précaution conclu l’automne dernier. Ladite lettre a été avalisée par un cabinet restreint, formé de seulement 9 ministres, suite au retrait des libéraux de l’exécutif. Le document a par la suite été soumis au président de la Roumanie, Traian Basescu. Ce dernier avait conditionné la signature de la lettre par le renoncement à la majoration de l’accise sur les carburants. La lettre en question ne comporte aucune mention à ce propos. Elle ne parle pas non plus d’un autre aspect contesté par le président de la République, à savoir l’octroi de facilités au remboursement des mensualités par les personnes physiques ayant contracté des crédits auprès des banques. L’accord de type préventif que Bucarest a passé avec le FMI et qui s’étend sur deux ans se chiffre à près de deux milliards d’euros.
Le Parquet national anticorruption à l’heure du bilan
Rien qu’en 2013, les procureurs roumains ont mis en examen plus d’un millier de personnes, parmi lesquelles plusieurs ministres, parlementaires, présidents de conseils départementaux, maires et PDG. Le préjudice total causé par les fraudeurs s’est élevé à quelque 250 millions d’euros. C’est là le bilan avancé par la présidente du Parquet national anti-corruption, Laura Codruta Kövesi, lors de la présentation du rapport d’activité de l’institution qu’elle dirige. Par ailleurs, Mme Kövesi a dénoncé les pressions publiques et les attaques à l’encontre de la justice qui ont visé les procureurs anti-corruption. Les derniers dignitaires entrés dans le collimateur de la DNA sont l’ancien ministre délégué aux Roumains du monde, Cristian David, l’ex-ministre des Finances, Daniel Chitoiu, et le président de l’Autorité de Surveillance Financière, Dan Radu Rusanu. La corruption institutionnelle a touché tous les domaines d’activité en Roumanie, en 2013 aussi, peut-on lire dans le dernier rapport du Département d’Etat américain. Selon cette source, le système judiciaire a agi afin de poursuivre en justice les dignitaires responsables d’abus. Pourtant, les autorités roumaines ont reporté à maintes reprises la mise en place des procédures légales dans des affaires d’abus présumés de la police, dont pas mal ont été finalisées par des acquittements.
Les ressortissants de la République de Moldova peuvent voyager sans visas dans l’espace Schengen
Le ministère roumain des Affaires étrangères a salué le vote historique du Parlement européen approuvant à une large majorité la suppression des visas pour les ressortissants de la République de Moldova. Ce pays ex-soviétique à population majoritaire roumanophone devient ainsi le premier membre du Partenariat Oriental à bénéficier de la libéralisation du régime des visas. Cette mesure permettra aux ressortissants moldaves qui possèdent des passeports biométriques de circuler librement dans l’espace Schengen pendant 90 jours répartis sur 6 mois. La décision pourrait entrer en vigueur à partir de cet été, une fois approuvée par le Conseil européen. La libéralisation du régime des visas a figuré parmi les priorités des coalitions pro-européennes qui ont remplacé les communistes au pouvoir en République de Moldova. En 2013, le pays a également paraphé l’Accord d’association avec l’UE, qu’il espère signer au cours de cette année.
Le législatif de Kiev annule la loi reconnaissant le statut des langues régionales
Sur la toile de fond des changements de régime à Kiev, le Parlement ukrainien a abrogé la loi par laquelle la langue d’une minorité pouvait être utilisée dans un cadre officiel si la minorité en question représentait 10% de la population d’une région. Une loi qui visait entre autres les Roumains des régions de Cernăuţi et de Transcarpatie (dans l’ouest). Le ministère des Affaires étrangères de Bucarest a pour sa part averti que l’Ukraine devrait protéger les droits de ses minorités nationales, si elle souhaitait poursuivre son parcours européen. De même, le ministère roumain des Affaires étrangères suivra de près la situation des ethniques roumains d’Ukraine et la manière dont leurs droits sont respectés. A son tour, le premier ministre Victor Ponta souhaite que cette loi soi remplacée au plus vite par une reglémentation européenne, insistant sur l’importance de l’observation des droits des minorités roumaines pour les autorités de Bucarest. (aut.: Mariana Tudose, Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)