La semaine du 24 au 30 octobre 2022
Démission du ministre de la Défense
Ştefan Stoica, 30.10.2022, 12:38
Démission du ministre de la Défense
La semaine politique a débuté de manière spectaculaire en Roumanie :
par la démission du ministre social-démocrate de la Défense, Vasile Dîncu.
Celui-ci a annoncé son départ, le lundi 24 octobre, la veille de la Journée de
l’Armée et de la réunion du Conseil Suprême de Défense de la Roumanie. Il a
motivé sa décision par l’impossibilité de collaborer avec le chef de l’Etat,
Klaus Iohannis, qui est aussi le Commandant suprême de l’armée roumaine.
Antérieurement, Vasile Dîncu avait fait des déclarations qui ont surpris
l’ensemble de l’opinion publique, affirmant que la seule chance pour la fin de
la guerre en Ukraine était une négociation entre Kiev et Moscou. Le président
lui a tout de suite rappelé que la position officielle de la Roumanie et de ses
partenaires était unique : l’Ukraine est la seule à même de décider quand,
comment et quoi négocier. Il a donc invité M Dîncu, d’une manière plus ou moins
ironique, à lire plus souvent la revue de presse à ce sujet. Après la démission
de Vasile Dîncu, c’est le premier ministre Nicolae Ciuca qui a repris par
intérim le portefeuille de la Défense. Par ailleurs, c’est toujours en début de
cette semaine que le Conseil Suprême de Défense de la Roumanie s’est réuni pour
approuver, entre autres, la mise à jour du programme « L’armée 2040 »,
avec ses lignes directrices : le budget pour le nécessaire de personnel,
la reconfiguration des programmes de dotation et la modernisation de
l’industrie de la défense.
Le Flanc Oriental de l’OTAN continue de se renforcer
Les premiers convois de technique militaire française, formés de blindés d’infanterie
légers et lourds, sont arrivés dimanche dernier en Roumanie. Ils s’ajoutent aux
moyens techniques du Groupement tactique de présence avancée de l’OTAN déployé
à Cincu (centre). Créé en mai dernier, le groupement est commandé par la France.
Ainsi, le bataillon français déployé en Roumanie, considéré comme le fer de
lance de la Force de Réaction rapide de l’OTAN, sera rejoint, par rotation, par
des forces belges et néerlandaises. L’Espagne contribuera elle aussi au
renforcement du Flanc Est de l’Alliance, en envoyant des avions de combat F-18
et Eurofighter en Roumanie et en Bulgarie. Les avions qui arriveront en
Roumanie, dans la zone de Fetesti (sud-est) en décembre prochain auront pour
mission de patrouiller de l’espace aérien de la région. A noter que l’Espagne a
déjà installé un grand radar de surface en Dobroudja (sud-est).
Le premier ministre roumain, en visite à Bruxelles
Confronté en Roumanie avec des protestations contre la pauvreté et avec des
négociations difficiles avec ses partenaires sociaux-démocrates concernant
l’augmentation des pensions de retraite, le premier ministre libéral Nicolae
Ciuca a quand même reçu une nouvelle encourageante lors de sa visite à
Bruxelles, cette semaine : il est possible de remplacer la limite
budgétaire de 9,4 % du PIB pour les pensions de retraite, figurant dans le Plan
national de relance et de résilience, par un autre indicateur financier.
Il a eu une discussion de principe à ce
sujet avec la cheffe de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, alors
que les détails techniques en seront établis avec les experts financiers. Pour
explication : à Bucarest, les partis de la coalition à la gouvernance
souhaitent aligner les pensions de retraite sur le taux d’inflation qui a
dépassé les 15 %. Autre sujet important à l’agenda de la visite à Bruxelles du
chef de l’Exécutif roumain : l’adhésion de la Roumanie à l’espace
Schengen. Les responsables européens l’ont assuré de leur plein soutien pour
l’adhésion. « Nous avons prouvé que nous sommes capables de protéger les
frontières extérieures de l’Union », a insisté de son côté Nicolae Ciuca.
Toutefois, il faut avoir l’unanimité des voix pour devenir membre de l’espace
Schengen, alors que les Pays-Bas, dont le gouvernement dépend des radiaux
euro-sceptiques et anti-migration, hésitent encore de donner un avis favorable
à Bucarest. Enfin, c’est toujours à Bruxelles que le premier ministre roumain
s’est entretenu avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui l’a
assuré que la Roumanie était un allié très valeureux, que l’Alliance était
prête à défendre.
Décision controversée sur la prescription des faits
Mardi, la Haute cour de cassation et de justice de
Roumanie a pris une décision avec des conséquences majeures sur la prescription
des faits. Cette décision sera appliquée de manière rétroactive, en suivant le
principe d’une loi pénale plus favorable. Selon des sources judiciaires, cette
nouvelle décision de la Cour Suprême affectera des milliers de dossiers en
déroulement au sein des tribunaux ou en cours d’investigation auprès des
procureurs, permettant aux inculpés d’échapper aux condamnations et
d’accusation, par la prescription des faits. La situation est d’autant plus controversée
que des noms retentissants du monde politique roumain sont visés par de telles
enquêtes. Parmi eux : Elena Udrea, ancienne ministre et une présence constante devant
les tribunaux et dans les pénitenciers ces 8 dernières années, après la fin du
second mandat de l’ancien chef d’Etat Traian Basescu, considéré comme son
protecteur. En prison actuellement pour corruption, Elena Udrea fait l’objet de
deux autres procès. Le premier porte sur le financement, en 2009, de la
campagne électorale de Traian Basescu, pour lequel l’ancienne ministre a écopé
d’une peine de 8 ans de prison ferme pour incitation à acceptation de
pots-de-vin et blanchiment d’argent. S’y ajoute la fille aînée de l’ancien
président, Ioana Basescu, qui a écopé d’une peine de 5 ans de prison ferme.
Désormais, la plupart de ces procès qui durent depuis des années risquent
désormais d’être arrêtés
Le tennis est sous le choc
Enfin, Simona Halep, ancienne numéro 1 du tennis mondial et détentrice de
deux trophées d’un tournoi du Grand Chelem, a été suspendue temporairement pour
dopage, après avoir été dépistée positive au Roxadustat à la récente édition de
l’US Open. La meilleure joueuse de tennis de la Roumanie entame maintenant ce
qu’elle a appelé « le match le plus dur de sa vie : une lutte pour la
vérité ». Caractérisée comme un modèle d’intégrité sportive, Simona Halep
promet ainsi de lutter de toutes ses forces pour prouver ne pas avoir pris
cette substance interdite de son plein gré. En cas d’échec, elle risque une
suspension de 4 ans. Les chances d’exonération sans sanction sont faibles.
Autrement dit, toute suspension, quelque courte qu’elle soit, pourrait se
traduire par la fin de la carrière de cette joueuse de 31 ans. Entre temps, la
presse internationale note qu’il s’agit du cas de dopage le plus retentissant du
monde du tennis, après celui de la multiple championne russe Maria Charapova,
il y a 6 ans. Dans le sport roumain, les deux cas dopage les plus connus sont
celui de la gymnaste Andreea Raducan et du footballeur Adrian Mutu. (Trad.
Valentina Beleavski)