La semaine du 23 avril au 29 avril 2018
Coup de théâtre sur la scène politique roumaine
Roxana Vasile, 28.04.2018, 13:52
Coup de théâtre sur la scène politique roumaine
Le chef de l’Etat roumain a annoncé retirer sa confiance au premier ministre social- démocrate, Mme Viorica Dancila après que celle-ci eut décliné son invitation de participer aux consultations prévues vendredi entre le gouvernement et la Banque centrale au sujet de leur dispute visant l’inflation. Et ce n’est pas tout ! Considérant Mme Dancila incapable de faire face aux exigences de sa fonction, le leader roumain lui a réclamé sa démission.
La goutte qui a fait déborder le vase fut la visite officielle que la chef du gouvernement a faite en Israël sans prévenir en préalable le chef de l’Etat : « Je vous assure que je demanderai à Mme Dăncilă pourquoi elle s’est rendue en visite officielle en Israël sans dire un mot, sans m’appeler ou passer me voir par simple courtoisie, puisque, même si le PSD n’est pas confortable avec ça, je suis tout de même le président de la république et c’est moi qui suis en charge de la politique étrangère. »
Accompagnée par le président de la Chambre des députés, Liviu Dragnea, et par le ministre des affaires étrangères, Teodor Meleşcanu, Viorica Dancila a discuté avec le président israélien, Reuven Rivlin et avec le premier ministre, Benjamin Netanyahu de la nomination d’un ambassadeur roumain en Israël vue que cela fait déjà un an et demie que Bucarest n’a pas un chef de mission diplomatique sur place. Le renforcement de la coopération bilatérale, des questions stratégiques et militaires ont également figuré à l’agenda des pourparlers.
De retour sur Bucarest, Mme Dancila a passé en revue les points forts de cette visite: «Lors de l’entretien avec le premier ministre Netanyahu, nous avons décidé d’un commun accord de tenir, à Bucarest, une réunion commune de gouvernement pour examiner une série de projets. J’ai eu aussi un entretien avec le président d’Israël, pendant lequel nous avons discuté de la situation géopolitique de la région, mais aussi du fait qu’il est nécessaire d’avoir un ambassadeur roumain en Israël. J’ai dit que j’avais nommé quelqu’un et que nous attendions que M. le président Iohannis signe la nomination. Enfin, mais pas en dernier lieu, j’ai aussi visité le Saint Sépulcre, avant de rencontrer le patriarche de Jérusalem; le fait d’avoir été décorée de la Croix et de l’Etoile de Jérusalem a été pour moi une grande joie. »
Toujours à l’agenda des discussions : le transfert proposé de l’ambassade de Roumanie à Jérusalem, après que Liviu Dragnea eut déjà annoncé la signature par le gouvernement roumain d’un mémorandum en ce sens. Le chef de l’Etat avait exprimé lundi dernier son mécontentement, provoqué plutôt par la manière intempestive dont le gouvernement avait lancé cette idée. Une discussion exploratoire sur ce thème n’est pas une erreur, a estimé le chef de l’Etat. Il existe cependant, a ajouté M. Iohannis, de nombreuses résolutions de l’Organisations des Nations Unies ainsi qu’une recommandation ferme de l’Union européenne à tous les Etats membres : tant que les Israéliens et les Palestiniens ne solutionnent le statut de la ville de Jérusalem, aucun Etat ne devrait y transférer son ambassade. Iohannis a rejeté toute accusation d’antisémitisme et a affirmé n’avoir utilisé aucun terme péjoratif au moment où il s’est exclamé à propos de la présence de Liviu Dragnea aux côtés de Mme Dancila « qui sait quel arrangement secret est-il en train de faire avec les Juifs ? »
La réunion Roumanie- Bulgarie-Grèce-Serbie
Réunis mardi, à Bucarest, les premiers ministres roumain, Viorica Dăncilă, grec, Alexis Tsipras et bulgare, Boiko Borisov, ainsi que le président serbe, Aleksandar Vučić, se sont penchés sur des projets communs d’infrastructure, la participation au développement régional, le renforcement du dialogue et la meilleure coopération au sein de l’UE, qui représentent autant d’objectifs pour les quatre leaders mentionnés. L’occasion pour Mme Dancila d’affirmer que cette formule quadripartite permet le renforcement du dialogue et l’identification des meilleures modalités de coopération, surtout économiques, entre les pays de l’Europe du sud-est. Et la responsable roumaine de réitérer le soutien que la Roumanie accorde au parcours européen de la Serbie. Elle a une fois de plus assuré le premier ministre Boiko Borisov que la Roumanie appuyait les objectifs de la présidence bulgare du Conseil de l’UE, pour laquelle les Balkans occidentaux ont un rôle important. Par ailleurs, la chef du cabinet de Bucarest a salué la présence de son homologue grec, Alexis Tsipras, qui effectuait sa première visite à Bucarest. La Roumanie, qui estime que la Grèce est un de ses partenaires clés dans la région, souhaite développer la coopération bilatérale, a-t-elle déclaré. La prochaine réunion quadripartite de haut niveau Roumanie, Grèce, Bulgarie et Serbie se tiendra en juin à Athènes
Les professionnels de la Santé protestent
Le vice-premier ministre roumain, Viorel Ştefan, a promis aux syndicalistes du secteur de la Santé qu’il trouverait très prochainement une solution au problème de la diminution de leurs salaires. Pour leur part, les syndicalistes, qui ont participé jeudi à une manifestation organisée dans la capitale, ont fait savoir qu’ils ne renonceraient pas au calendrier du mouvement de protestation. Plusieurs catégories de personnels médicaux dénoncent la baisse de leurs revenus salariaux nets, suite à l’entrée en vigueur des nouvelles réglementations et exigent l’élimination du seuil maximal de 30% pour les suppléments de salaire. La manifestation de Bucarest sera suivie d’une grève d’avertissement le 7 mai et d’une autre, générale, le 11 mai.
Des mesures alternatives à la prison ferme
La Chambre des députés de Bucarest a adopté cette semaine en tant que forum décisionnel un projet de loi visant la mise en place des peines alternatives d’emprisonnement. Y figurent, entre autre, l’assignation à résidence ou encore le placement des détenus pendant le weekend dans des centres de détention spécialisés. Ces alternatives pourraient concerner les détenus condamnés à 5 ans de prison tout au plus et qui ont en déjà purgé un cinquième. Y font exception les récidivistes ou encore ceux condamnés pour des actes de violence, des faits de corruption, trafic d’influence ou pots de vin. Le Département américain d’Etat a remis récemment sur le tapis la question du surpeuplement dans les prisons roumaines, tout en affirmant que les conditions de détention ne sont pas conformes aux normes européennes. La Cour européenne des droits de l’homme a menacé la Roumanie de lui infliger des amendes substantielles.(Trad. Ioana Stancescu)