La semaine du 21 au 26 février 2022
Guerre aux frontières roumaines
Roxana Vasile, 26.02.2022, 02:30
Pandémie, flambée des prix, inflation… autant d’aspects qui faisaient dernièrement la Une de l’actualité roumaine ont complètement disparu jeudi matin, au moment où le spectre de la guerre est apparu à nos frontières. L’Ukraine voisine, où les Roumains forment la deuxième communauté ethnique la plus importante du pays, s’est réveillée en pleine guerre après que l’armée russe a déclenché son offensive. Selon ses déclarations, le président Vladimir Poutine a ordonné une ample intervention militaire pour protéger les citoyens des soi-disant abus commis par le gouvernement de Kiev dans les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk, dans la région séparatiste du Donbass, dans l’est ukrainien. Deux républiques dont le Kremlin avait officiellement reconnu l’indépendance en début de semaine. C’est suite à leur appel que Vladimir Poutine a lancé ce qu’il a appelé une « opération militaire spéciale » visant à « démilitariser et à dénazifier » l’Ukraine. Les forces militaires russes ont bombardé des villes ukrainiennes pacifiques et des explosions se sont fait entendre même dans la capitale, Kiev. Les attaques massives ont visé les objectifs stratégiques d’infrastructure, tels les aéroports, les entrepôts de carburants et les commandements militaires. L’Ukraine a décrété la loi martiale et a riposté. Des victimes ont été enregistrées des deux côtés. De nombreux civils ukrainiens ont également perdu la vie.
La réaction politique de Bucarest
A Bucarest, le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, a condamné fermement l’agression militaire russe contre l’Ukraine – une violation très grave du droit international, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un pays européen. Selon lui, l’attaque russe prouve une fois de plus que Moscou n’est pas intéressée par le dialogue, mais par le désir de confrontation afin d’imposer de force ses prétentions soumises à la logique désuète des sphères d’influence. Présent à une réunion extraordinaire de ses homologues européens consacrée à la crise russo-ukrainienne, Klaus Iohannis a appelé la Russie à mettre un terme à son agression militaire en Ukraine de manière immédiate, intégrale et inconditionnelle, et à retirer ses troupes.
Avant de partir pour Bruxelles, le leader de Bucarest a convoqué le Conseil suprême de défense de la Roumanie, à l’issue duquel il a déclaré : « La Roumanie bénéficie des plus amples garanties de sécurité possibles. Le statut d’Etat membre de l’OTAN et de l’UE et le Partenariat stratégique avec les Etats-Unis constituent une ombrelle de sécurité extrêmement solide. Jamais dans toute son histoire, la Roumanie n’a été si bien protégée face à une agression potentielle. Je le souligne clairement, notre pays ne sera pas attiré dans le conflit militaire d’Ukraine. En plus, je vous assure qu’avec le Gouvernement, le Parlement et nos alliés internationaux, je prendrai toutes les mesures qui s’imposent pour que la sécurité et la sûreté des Roumains ne soient nullement affectées. »
A son tour, le premier ministre Nicolae Ciucă a condamné fermement l’invasion russe en Ukraine, un acte illégal d’agression, contraire à tous les principes du droit international. Au nom du Gouvernement roumain, le premier ministre, un général d’armée en réserve, a exprimé sa solidarité avec le gouvernement de Kiev, et a réaffirmé le soutien roumain à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine voisine. La Roumanie est aux côtés de l’Ukraine, a écrit à son tour le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, dans un message. Et lui d’avertir que Moscou aurait un prix lourd à payer pour avoir violé la législation internationale.
La communauté internationale resserre les rangs
Immédiatement après l’invasion de l’Ukraine, des réunions ont été convoquées à l’OTAN et à l’UE, car du point de vue de l’Occident, la guerre déclenchée par la Russie a annulé l’ensemble de l’ordre de sécurité européen et même mondial. La Russie n’attaque pas seulement l’Ukraine, mais aussi la stabilité de l’Europe et la paix internationale – a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a qualifié Vladimir Poutine de principal coupable de la guerre, mais aussi d’homme qui met en danger l’avenir du peuple russe. L’UE, ainsi que les États-Unis, ont annoncé de nouvelles sanctions qui viseront des secteurs stratégiques de l’économie russe, avec un effet sévère sur les intérêts de la Russie et sa capacité à financer la guerre. Quant à l’OTAN, elle a annoncé qu’elle prendrait de nouvelles mesures de dissuasion et de défense. Le secrétaire général Jens Stoltenberg a insisté sur le fait que les Alliés activeraient l’article 5 relatif à la défense commune si un État membre était attaqué. Enfin, une réunion extraordinaire du Format Bucarest 9 était prévue vendredi, par visioconférence, pour coordonner la réponse des alliés sur le flanc est de l’OTAN. Pendant ce temps, des éléments de technique militaire du détachement d’environ 1 000 soldats américains ont continué d’arriver en Roumanie. C’est le soutien que les États-Unis ont décidé d’envoyer aux alliés d’Europe de l’Est, en plus des plus de 900 militaires déjà présents sur le sol roumain.
Quelles conséquences économiques et humanitaires ?
La Roumanie est prête à faire face à toutes les conséquences économiques et humanitaires qu’un éventuel conflit de longue durée entre la Russie et l’Ukraine pourrait engendrer, ont assuré les autorités de Bucarest. Un groupe de travail a été mis en place pour coordonner les mesures de toutes les structures gouvernementales visant à assurer le fonctionnement des services publics. Le gouvernement a annoncé qu’il évaluait les entrées et les sorties de gaz du pays, afin de pouvoir prendre, en fonction de l’évolution de la situation, les mesures nécessaires concernant la continuité de l’approvisionnement, mais a précisé que la Roumanie disposait de stocks suffisants pour la saison froide. D’autre part, le ministère des Affaires étrangères supervise la situation des citoyens roumains d’Ukraine et a convoqué la cellule interinstitutionnelle de crise pour leur fournir une assistance consulaire. Dans le même temps, les structures gouvernementales sont prêtes à prendre en charge les flux de réfugiés en provenance d’Ukraine. Bucarest a annoncé qu’il est prêt à recevoir environ 500 000 personnes. Elles seraient initialement logées dans des camps situés dans quatre départements du nord, du nord-est et du sud-est de la Roumanie, mais d’autres comtés ont également indiqué leur volonté d’accueillir des réfugiés ukrainiens.(Trad. : Ioana Stăncescu, Ligia)