La semaine du 2 au 8 avril 2018
Effets de la grille unique des salaires en Roumanie
România Internațional, 07.04.2018, 13:04
Le président roumain, Klaus Iohannis, a demandé mardi à la première ministre sociale-démocrate Viorica Dăncilă et à la ministre du Travail, Lia Olguţa Vasilescu, d’éclaircir la situation de la mise en œuvre de la grille unique des salaires dans le secteur public, 3 mois après l’entrée en vigueur du document. Le chef de l’Etat a motivé sa démarche par le fait que plusieurs catégories de salariés se disent toujours mécontentes de leurs revenus et ne cessent de manifester. Le président a attiré lattention de lExécutif de Bucarest sur le fait que la Loi des salaires dans le secteur public était en contradiction avec les principes de légalité et de la prédictibilité. Il a demandé au gouvernement de conduire les politiques économiques avec prudence. Le transfert des contributions sociales de lemployeur à lemployé et la réduction de limpôt sur les salaires ont entraîné une croissance modique des salaires nets, qui a par la suite été annulée par linflation à la hausse, a encore averti le président Iohannis. Ces déclarations ont été faites lors de discussions avec la première ministre sociale-démocrate Viorica Dăncilă et la ministre du Travail, Lia Olguţa Vasilescu. A leur tour, les deux responsables ont assuré le chef de lEtat de la stabilité des ressources financières nécessaires pour mettre en œuvre la Loi des salaires et les majorations assumées jusquici. Rappelons que dernièrement, le gouvernement de Bucarest a été la cible de plusieurs protestations engendrées par la nouvelle loi des salaires.
Discours de la première ministre sur l’état de l’économie
La première ministre roumaine, Viorica Dăncilă, a été interpellée au Parlement par l’opposition libérale et conviée à s’expliquer sur l’état de l’économie. Le Parti national libéral a accusé la coalition gouvernementale d’avoir généré un chaos fiscal avec pour conséquence la stagnation des salaires dans le secteur public, et ce en dépit des engagements pris, voire certaines baisses salariales dans le privé. Les libéraux accusent encore le gouvernement de favoriser l’émigration massive de dizaines de milliers de Roumains qui ne trouvent pas la possibilité de décrocher un emploi, alors que le corps des fonctionnaires est politisé à l’excès, et que les postes dans l’administration sont occupés par la clientèle politique sociale-démocrate. En réplique, la cheffe de l’exécutif de Bucarest a fait état de la croissance économique enregistrée l’année précédente ainsi que des résultats économiques qui, disait-elle, ont amélioré le niveau de vie des Roumains. Viorica Dăncilă a rappelé les augmentations salariales enregistrées, alors que le salaire moyen s’est accru de 14% et les retraites de 18% par rapport à 2016. La première ministre a encore précisé :
« Les frais de personnel ont augmenté de 19%. Cela signifie que les salaires ont augmenté de 19% par rapport à 2017, donc 1,2 millions de familles vivent mieux. Les statistiques officielles font état d’un accroissement de 12,7% du pouvoir d’achat dans le cas des personnes actives, et de 10,3% dans le cas des retraités. »
La première ministre a affirmé que la viabilité du programme économique du PSD avait été démontrée par la croissance économique et que les scénarios alarmistes ont été infirmés par les faits.
Motion simple contre le ministre de la Culture
La Chambre des députés de Bucarest a rejeté mercredi la motion simple lancée par le Parti national libéral (dopposition) à ladresse du ministre de la Culture, George Ivaşcu. Les libéraux laccusaient de négligence dans la préparation des événements qui seront consacrés au Centenaire de la Grande Union et savouaient préoccupés par ce quils appelaient lincapacité du gouvernement dadministrer le bon déroulement de la fête du 1er Décembre. Ils considèrent en même temps quun débat public est nécessaire, afin de trouver des solutions pour reconsidérer un plan national consacré au Centenaire de la Grande Union. En réplique, le ministre George Ivascu a affirmé que lorganisation de ces événements restait sa préoccupation permanente.
Pour et contre la publication des protocoles secrets conclus entre les renseignements intérieurs et d’autres institutions de l’Etat
Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a demandé mercredi au Conseil suprême de défense du pays de rendre public le décret de 2005 sur lequel repose le protocole signé entre le Parquet général et le Service roumain de renseignements. Il a également demandé que tous les protocoles entre le SRI et les institutions judiciaires soient rendus publics. Aux dires de Codrut Olaru, le vice — président du CSM, ces demandes sont justifiées parce que la société a le droit de savoir que les procureurs n’avaient pas utilisé des méthodes à la limite de la loi dans leurs enquêtes. En fait, le Conseil supérieur de la magistrature, la Haute Cour de cassation et de justice et l’Inspection judiciaire ont conclu des protocoles avec les structures de renseignement de Roumanie, a précisé M Olaru. Les représentants du Conseil supérieur de la magistrature avaient signé un protocole avec le SRI en 2012 ; il a été dénoncé en 2017. L’Inspection judiciaire avait elle aussi un protocole datant de 2016, tout comme la Haute Cour de cassation et de justice. Ces précisions surviennent dans le contexte du scandale engendré par la publication, la semaine dernière, d’un protocole de 2009 aux termes duquel les Renseignements intérieurs avaient accordé, 7 années durant, de l’assistance aux procureurs du Parquet général.
Démarches pour lancer l’instruction dans le dossier de la Révolution de décembre 1989
Le procureur général de la Roumanie, Augustin Lazăr, a sollicité, lundi, au président Klaus Iohannis, l’accord pour lancer la procédure pénale à l’encontre des suspects poursuivis dans ce que l’on appelle le « dossier de la Révolution ». Y sont poursuivies les personnes impliquées dans les sombres événements qui ont eu lieu à la fin du mois de décembre 1989, lors de la chute du régime communiste en Roumanie. Dans la procédure pénale sont accusés de crimes contre l’humanité de nombreux dignitaires sociaux-démocrates, membres du régime instauré après la chute du communisme, tels Ion Iliescu, l’ancien président, Petre Roman, l’ancien premier ministre, Gelu Voican Voiculescu, vice premier ministre de l’époque et une des éminences grises du nouveau régime. Selon le ministère Public, les incidents militaires qui ont eu lieu après le 22 décembre dans un nombre important de villes de la Roumanie indiquent une action concertée et préétablie, et dont l’objectif était la prise du pouvoir et la légitimation du nouveau pouvoir instauré le 22 décembre 1989, après le départ précipité, puis l’arrestation de Nicolae Ceausescu, le dernier président communiste. Pour rappel, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la Roumanie pour les retards enregistrés dans l’instruction de ce dossier. Selon la Cour, l’importance extrême de ce dossier pour la société roumaine aurait dû motiver les autorités roumaine à l’instruire avec célérité, or, manifestement, cela n’a pas été fait. Les décomptes officiels font état de plus de 1.100 morts et plus de 3.000 blessés enregistrés lors des événements sanglants de décembre 1989.
(Trad. Valentina Beleavski, Ionut Jugureanu)