La semaine du 19 au 24 juin 2017
Le gouvernement de Bucarest, destitué suite à une motion de censure
Daniela Budu, 24.06.2017, 13:48
L’inédit s’est fait jour au Parlement de Bucarest cette semaine. Pour la première fois après 1989, un gouvernement a été destitué par motion de censure déposée par les partis qui l’ont soutenu à son investiture, le PSD et l’ALDE. 241 des élus ont voté en faveur de la motion, soit huit de plus que le nombre nécessaire prévu par la loi. Les autres partis parlementaires – le Parti national libéral, l’Union Sauvez la Roumanie, l’Union démocrate magyare de Roumanie et le Parti du mouvement populaire ne se sont pas exprimés par vote, affirmant que cette situation était un problème interne de la coalition gouvernementale. La motion a été introduite après le refus du premier ministre de démissionner, même si la coalition lui avait retiré son soutien. Il a rejeté comme non fondées les conclusions de l’évaluation faite par le PSD aux six mois depuis l’installation du cabinet, qui indiquaient qu’il y avait des retards dans la mise en application du programme de gouvernance. Après le vote, le premier ministre destitué, Sorin Grindeanu, a déclaré qu’il est important que le PSD reste uni.
Sorin Grindeanu: « J’espère que le vote au Parlement ne soit pas une grande erreur, et que le PSD nomme le futur premier ministre. L’important, c’est de sortir de ce blocage et de transmettre aux investisseurs et aux chancelleries du monde entier que la Roumanie reste stable et prédictible. Le PSD, ce n’est pas Liviu Dragnea, le PSD, ce n’est pas non plus Sorin Grindeanu.»
Pour sa part, le président des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea, a précisé que cette action politique avait eu pour effet le renforcement du parti qu’il dirige, et que le futur premier ministre serait une personne qui aura une vision, et sera capable de mettre en œuvre le programme de gouvernance.
Liviu Dragnea: « La Roumanie est revenue à la normale et aux rigueurs de la Constitution. Cette action politique a été assumée par le Parti social-démocrate et par l’Alliance des libéraux et des démocrates. Nous ne voulons pas risquer qu’un programme de gouvernance ambitieux soit mis en doute. Pour nous, le programme de gouvernance est resté, il reste et il restera le plus important car il change la Roumanie pour le meilleur.»
Le président Iohannis aura lundi des consultations avec les partis parlementaires en vue de la création d’un nouveau gouvernement.
Roumanie – Allemagne, relations privilégiées
Peu après la visite à Washington et juste avant le Conseil européen de Bruxelles, le président roumain Klaus Iohannis s’est rendu à Berlin, établissant ainsi un nouveau repère essentiel pour la politique étrangère de la Roumanie. Lundi, il a abordé, avec le président fédéral, Frank-Walter Steinmeier, et avec la chancelière Angela Merkel, les relations bilatérales privilégiées, l’état de l’UE et des rapports transatlantiques.
La chancelière n’a pas caché sa satisfaction de constater que Bucarest et Berlin partageaient les mêmes points de vue sur des dossiers sensibles, tels le Brexit la protection des frontières communautaires, la migration et le terrorisme. Mme Merkel considère que la Roumanie a enregistré des progrès importants en matière de fonctionnement de l’Etat de droit, tout en attirant l’attention qu’un ralentissement de la lutte anticorruption ne serait pas une bonne idée.
Pour la Roumanie, la relation avec l’Allemagne n’a pas uniquement une importance stratégique. C’est une relation privilégiée, une des meilleures que nous ayons, a déclaré à son tour le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, lors d’un événement consacré au 25e anniversaire des relations bilatérales roumano-allemandes. Il a également mentionné la coopération économique bilatérale, toujours croissante, ainsi que la minorité allemande de Roumanie, véritable catalyseur du dialogue entre les deux pays, a son avis.
Klaus Iohannis : «Pour la Roumanie, le partenariat stratégique avec l’Allemagne est un élément fondamental de la politique extérieure. Les 10 années d’appartenance à l’UE et l’ensemble du parcours européen et euro-atlantique de la Roumanie ont représenté une période de transformations spectaculaires dans notre histoire. L’Allemagne, sous la présidence tournante de laquelle nous avons intégré l’UE, a toujours été un de nos partenaires de confiance ».
Lors de sa visite, Klaus Iohannis a tenu aussi une allocution au Musée historique allemand de Berlin, à l’occasion de la commémoration des victimes du refuge et de l’expulsion, soulignant qu’à présent, le phénomène de la migration pose des problèmes à l’ensemble de la communauté internationale.
Le président roumain au Conseil d’été de Bruxelles
Le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, participe, à Bruxelles, au Conseil européen d’été. En marge de cette réunion, il s’est entretenu avec son homologue français Emmanuel Macron, sur des sujets liés aux relations bilatérales et aux affaires européennes, sans oublier les dossiers internationaux. Cette fois-ci, le Conseil européen d’été a été consacré à l’avenir de la construction communautaire, avec un accent sur la lutte contre le terrorisme. L’occasion également pour les leaders européens de décider de coopérer plus étroitement avec l’industrie en ligne ainsi que de créer un mécanisme permanent de coopération européenne pour la défense. Celui-ci suppose entre autres une meilleure intégration des Etats membres. Pour sa part, la Roumanie est très attentive à tout ce qui est lié à la défense européenne. Bucarest s’intéresse vivement à la coopération structurée en matière de sécurité et de défense extérieure, même si, pour l’instant, on ne peut pas dire de quels groupes de combat elle fera partie, ni quelles capacités militaires elle doit développer, a affirmé à Bruxelles le président roumain.
Klaus Iohannis : « La Roumanie en est très intéressée, parce que nous souhaitons qu’il existe une coopération étroite entre tous les Etats membres de l’Union. Nous souhaitons y contribuer, avec la mention que j’ai déjà faite à d’autres occasions : nous ne voulons pas développer de parallélisme avec l’OTAN, nous voulons développer des structures à même de satisfaire d’une part les besoins de l’Union, et d’autre part compléter les structures otaniennes, sans toutefois leur faire de la concurrence. »
Mentionnons pour terminer que les leaders européens réunis à Bruxelles se sont également mis d’accord de finaliser d’ici la fin de l’année le nouveau système d’échange d’informations sur les frontières. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)