La semaine du 13 au 19 mai 2024
Les salariés protestent en Roumanie/ Le Parlement durcit plusieurs lois/ La Roumanie lance sa Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes / Le port de Constanta s’agrandit
Daniela Budu, 19.05.2024, 12:15
Les salariés protestent en Roumanie
La semaine a commencé par la manifestation du Bloc National Syndical en Roumanie, ainsi que des 29 fédérations affiliées, contre le niveau élevé de la taxation sur le travail. Quelques milliers de syndicalistes ont organisé un rassemblement devant le siège du gouvernement, demandant la réduction des impôts qu’ils jugent trop élevés par rapport aux salaires. Les manifestants estiment que la situation actuelle ne favorise pas l’emploi, et que les impôts élevés encouragent le travail au noir. Selon le Bloc National Syndical, la Roumanie est le seul pays au monde où les contributions des entreprises au système de sécurité sociale ont été transférées aux salariés depuis 2018. Le BNS attire l’attention sur le fait que la Roumanie a actuellement l’une des charges fiscales les plus élevées sur le coût de la main-d’œuvre dans l’UE : 42,8 % contre une moyenne européenne de 38,6 %. De plus, selon le BNS, qui cite les données d’Eurostat, les bas salaires et la fiscalité élevée ont conduit la Roumanie à enregistrer le troisième taux d’emploi le plus bas de l’UE en 2023, après l’Italie et la Grèce. Seuls 69 % des Roumains âgés de 20 à 64 ans travaillent, ce qui signifie que près d’un tiers des Roumains ne sont pas employés. D’autre part, les données de l’Institut National de Statistique montrent qu’en Roumanie le salaire brut moyen a atteint 8 500 lei (environ 1 700 euros) en mars dernier, ce qui se traduit par un salaire net de 5 185 lei (1 040 euros), soit une augmentation de plus de 6 % par rapport au mois précédent et de près de 14 % par rapport à mars 2023. Cette semaine encore, en présentant son rapport sur l’inflation, le gouverneur de la Banque Centrale, Mugur Isărescu, a souligné que les revenus en Roumanie augmentaient généralement bien au-delà de la productivité, ce qui a un impact significatif sur l’inflation. Ainsi, la Banque Nationale de Roumanie a-t-elle légèrement révisé à la hausse ses prévisions d’inflation pour la fin de cette année, passant de 4,7 % à 4,9 %. Cependant, selon les prévisions de printemps de la Commission européenne, la Roumanie devrait afficher une inflation d’environ 6 % d’ici la fin de 2024, soit plus du double de la moyenne européenne estimée. Mugur Isărescu a expliqué, dans ce contexte, que la Roumanie avait enregistré un rythme de croissance de l’inflation plus lent ces dernières années et qu’elle connaissait également un rythme de baisse plus modéré de cet indicateur par rapport aux pays de la région avec lesquels le pays peut se comparer.-
Le Parlement durcit plusieurs lois
Le Parlement de Bucarest a adopté une loi selon laquelle les chauffeurs dépistés en état d’ébriété ou sous l’influence de drogues au volant risquent de perdre leur permis de conduire pendant une période pouvant aller jusqu’à dix ans. Le texte interdit également le report de la peine d’emprisonnement pour les personnes condamnées pour avoir causé des accidents mortels sous l’influence de l’alcool ou de substances psychoactives. Concrètement, toute personne dépistée au volant sous l’influence de l’alcool ou de substances psychoactives se verra non seulement condamner mais également interdire le droit de conduire pendant jusqu’à 10 ans, contre 5 ans actuellement. Si ces chauffeurs causent un accident mortel, la peine sera comprise de 15 à 25 ans de prison ferme. De plus, la loi prévoit que les personnes dépistées avec des substances illicites ne seront plus seulement passibles d’amendes, mais recevront aussi des peines privatives de liberté. Par ailleurs, le Législatif de Bucarest a également adopté une loi stipulant que les personnes condamnées à la prison et ayant fui le pays devront supporter elles-mêmes les coûts de leur extradition vers la Roumanie. Plus précisément, l’État pourra récupérer ses dépenses liées à leur rapatriement. Selon la ministre de la Justice, Alina Gorghiu, pour chaque personne fugitive ramenée au pays pour purger sa peine le coût varie de quelques milliers à 25 000 euros, somme que l’État couvre actuellement, tandis que le phénomène des fugitifs ne cesse de croître d’année en année .
La Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes
Précédemment critiquée pour l’inefficacité de ses mesures de lutte contre la traite des personnes, la Roumanie a lancé lundi sa Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes 2024-2028. Cette stratégie vise à réduire ce phénomène, à identifier les victimes, à leur fournir une assistance et à punir les trafiquants. A comparer avec le début des années 2000, le pays a fait des progrès significatifs dans la mise en place d’un cadre juridique et l’organisation institutionnelle nécessaire pour lutter contre ce fléau, mais il reste encore du travail à faire, selon les participants au lancement. Selon le ministère de l’Intérieur, la stratégie repose sur quatre piliers : prévention, sanction, protection et partenariat, et elle offre un cadre d’action clair visant à améliorer les capacités de toutes les structures impliquées dans la lutte contre la traite des êtres humains. Selon l’Agence nationale de lutte contre la traite des personnes (ANTIP), créée en 2005, ces 19 dernières années, la Roumanie a enregistré 19 000 victimes de la traite des personnes, avec plus de 4 000 condamnations. Les autorités affirment avoir identifié des voies d’intervention, établi des partenariats et alloué les ressources nécessaires pour combattre ce fléau.
Le port de Constanta s’agrandit
Constanța, le plus grand port roumain de la mer Noire, a récemment augmenté sa capacité grâce à l’inauguration de deux nouveaux terminaux. L’un de ces terminaux permettra de décharger directement les camions depuis les navires et gérera jusqu’à 80 000 véhicules par an. L’autre terminal, destiné au fret, opérera des équipements pour les marchandises lourdes et volumineuses. Ces nouvelles installations renforceront la connectivité entre les services de transport maritime et ferroviaire existants en Roumanie. De plus, elles auront un impact sur la circulation des marchandises entre l’Europe continentale et la mer Noire, l’Adriatique et la mer du Nord. L’investissement total s’élève à environ 65 millions d’euros et il a été réalisé par la société DP WORLD basée à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. Constanța, qui est déjà le plus grand port de conteneurs de la mer Noire, devient ainsi un hub de plus en plus important pour le commerce européen, favorisant la croissance économique dans toute la région. L’année prochaine, une nouvelle plateforme multimodale devrait y être ouverte suite à un investissement de 50 millions d’euros de la même compagnie en Roumanie.