La semaine du 13 au 18 février 2017
Le budget de l’Etat 2017
Roxana Vasile, 18.02.2017, 13:19
Le budget de l’Etat 2017
Le président roumain Klaus Iohannis a promulgué jeudi les lois du budget d’Etat et du budget de la sécurité sociale pour 2017. Il a affirmé avoir pris cette décision uniquement parce que la Roumanie avait besoin d’un budget, mais qu’à son avis les recettes étaient surévaluées et les dépenses très grandes. C’est pourquoi le président Iohannis a demandé au gouvernement de coalition constitué par le Parti Social Démocrate (PSD) et l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) de faire preuve de responsabilité dans la mise en œuvre du programme assumé.
Klaus Iohannis: « Certains ont affirmé que les recettes budgétaires étaient optimistes. Moi, je dirais qu’elles sont « surévaluées ». La somme prévue pour les dépenses est très grande. L’approche hyper-optimiste du budget devient évidente, si l’on compare les recettes du budget général consolidé de 2016 et les prévisions pour cette année : on constate une augmentation des recettes de 14%, sans aucune explication sur la façon dont cette progression fantastique sera obtenue. 14% c’est beaucoup pour le budget général consolidé. »
Le premier ministre, Sorin Grindeanu, a déclaré, lui, que la Loi du budget d’Etat était un projet ambitieux et que le gouvernement avait prévu les sommes nécessaires pour toutes les mesures annoncées.
Sorin Grindeanu: « Nous avons réussi, je dirais, en un temps record, à présenter un budget qui respecte notre programme de gouvernement et toutes les mesures que nous nous sommes engagés à mettre en œuvre. Nous avons fait notre travail, nous avons adopté les documents législatifs nécessaires, nous avons prévu de l’argent, par le budget d’Etat, pour toutes ces mesures. »
Sur quels indicateurs économiques le gouvernement de Bucarest peut-il compter ? Selon l’Institut national de la statistique, en 2016 le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Roumanie a progressé de 4,8% par rapport à 2015. En 2017, la croissance économique est estimée à 3,7%, par la Banque Mondiale, à 3,8% – par le FMI et à 4,4% par la Commission européenne. Dans ses prévisions économiques d’hiver, publiées lundi, la Commission avertit pourtant que le déficit public devrait se chiffrer cette année à 3,6% du PIB, pour atteindre 3,9% en 2018.
Décret gouvernemental et référendum
A l’agenda de la Chambre des Députés, chambre décisionnelle du Parlement de Bucarest, figure depuis mercredi le décret par lequel gouvernement abroge les modifications controversées apportées aux Codes pénal et de procédure pénale, modifications à l’origine de l’ample crise politique qui touche le pays ces derniers temps. La veille, le plénum du Sénat avait adopté le document à l’unanimité. Depuis le début de la crise, le 31 janvier dernier, des centaines de milliers de Roumains ont manifesté dans les villes du pays et à l’étranger, pour demander la démission du cabinet Grindeanu. Les protestataires ont accusé le gouvernement d’avoir tenté, par les modifications apportées aux Codes, d’exonérer, de leur responsabilité pénale, des hommes politiques influents et des fonctionnaires de l’administration centrale et locale. Le PSD a nié ces accusations, affirmant que le gouvernement souhaitait mettre en accord la législation de ce domaine avec certaines décisions de la Cour constitutionnelle.
Critiqué, lui aussi, pour avoir embrassé la cause des protestataires anti-gouvernementaux, le président Klaus Iohannis a initié un référendum sur la lutte contre la corruption. Sa démarche a été avalisée lundi par le Parlement. Afin d’assurer tous les partenaires européens de la Roumanie que la lutte anticorruption est un des objectifs prioritaires du gouvernement de coalition en place à Bucarest, le premier ministre Sorin Grindeanu a effectué, en fin de semaine, une courte visite à Bruxelles.
A cette occasion, Sorin Grindeanu a déclaré: « En ce qui concerne les réglementations dans le domaine de la justice, nous souhaitons, à l’avenir, que ce genre de choses soient débattues au Parlement, avec la participation des institutions de Roumanie, des ONGs, des parlementaires, bien sûr, de sorte que les décisions de la Cour constitutionnelle sur les articles du Code pénal et du Code de procédure pénale puissent être approuvées par le Parlement. »
De son côté, le premier vice-président de la Commission Européenne, Frans Timmermans, a recommandé au gouvernement de Bucarest de faire preuve de plus de transparence dans ses démarches. Harmoniser la législation nationale avec les normes de l’UE est une bonne chose, mais le gouvernement doit le faire dans un esprit d’ouverture – a ajouté Frans Timmermans.
La Roumanie et le flanc oriental de l’OTAN
500 militaires américains sont arrivés cette semaine sur la base aérienne de « Mihail Kogălniceanu », dans le sud-est de la Roumanie. Ils ont amené des véhicules blindés de transport et des canons autopropulsés, nécessaires pour participer à des exercices multinationaux.
Le colonel Romeo Feraru, de l’Etat Major des forces terrestres roumaines, précise : « Les 500 militaires et la technique de combat des forces terrestres américaines, appartenant au 1er Bataillon « Fighting Eagles », sont déployés en Roumanie pour une période de 9 mois, au-delà de laquelle ils seront remplacés par des militaires d’une autre unité de combat. Cela assure une présence américaine importante et constante en Europe. »
L’arrivée des militaires américains, qui participeront à des exercices militaires dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve, fait partie des démarches de l’OTAN visant à renforcer le flanc oriental de l’Alliance. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a félicité la Roumanie pour ses efforts importants visant à porter le budget de la Défense à 2% du PIB en 2017. Il a affirmé qu’elle était un exemple à suivre pour d’autres Etats membres de l’OTAN.
Voyage sans visa au Canada pour les Roumains
Tous les Roumains pourront voyager sans visa au Canada à partir du 1er décembre prochain. Cette décision est liée à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada (CETA), approuvé cette semaine à Strasbourg, par le Parlement européen. La levée des visas était la condition imposée par Bucarest pour donner son aval au CETA. Le traité doit entrer provisoirement en vigueur, jusqu’à sa ratification par tous les Parlements nationaux et régionaux de l’UE.
Outre la levée de visas, cet accord comporte de nombreux bénéfices économiques – affirme le député européen Iuliu Winkler : « Si nous nous rapportons aux aspects très complexes de commerce et de coopération économique, il faut dire que les moyennes entreprises du secteur de l’énergie, par exemple, ou d’autres secteurs technologiques, auront la possibilité de collaborer sur le marché des services publics du Canada. La protection des droits de propriété intellectuelle, la protection des brevets, des inventions et des innovations sera assurée par le CETA. »
Selon Iuliu Winkler, le CETA pourrait être le plus important document de libre-échange du 21e siècle. (Trad. Dominique)