La semaine du 10 au 15 février 2020
Crise gouvernementale prolongée à Bucarest
Roxana Vasile, 15.02.2020, 13:14
Crise gouvernementale prolongée à Bucarest
Lundi, à Bucarest, le premier ministre désigné de la Roumanie, le libéral Ludovic Orban, a mis sur la table du Parlement la liste des ministres de son cabinet et un programme de gouvernance mis à jour, en vue du déclenchement des procédures d’investiture du nouveau cabinet. Le responsable libéral a précisé que la composition de son deuxième cabinet est la même que celui qui a été destitué par motion de censure. Rappelons-le, cette motion a été déposée par le PSD et l’UDMR en réaction à la décision du gouvernement Orban d’engager sa responsabilité politique sur le retour à l’élection des maires à deux tours, quelques mois seulement avant le scrutin. C’est le 24 février que l’investiture du nouveau gouvernement roumain aura lieu au Parlement de Bucarest. Les futurs ministres seront auditionnés la semaine prochaine. Cette décision a été prise mardi lors de la réunion des Bureaux permanents du Parlement. A cette occasion, le premier ministre désigné, le libéral Ludovic Orban, a réitéré son objectif déclaré de déclencher les élections anticipées, afin de « donner aux Roumains le pouvoir d’élire un nouveau Législatif, plus correct, plus honnête et plus représentatif ». C’est pourquoi des voix importantes du PNL ont déjà fait savoir que les parlementaires libéraux n’allaient pas voter pour l’investiture de leur propre gouvernement, dans l’espoir que cela entraînera des élections législatives anticipées. En attendant, Ludovic Orban mène des négociations avec les partis parlementaires dans une tentative d’obtenir leur soutien en vue de l’organisation d’un scrutin anticipé.
Prévisions économiques pour la Roumanie
L’avancée de l’économie roumaine a ralenti à 4,1% l’année dernière après des croissances de 4,4% en 2018 et de 7,1% en 2017, selon les plus récentes estimations de l’Institut national de la statistique. En novembre 2019, la Commission nationale de stratégie et de prévision avait révisé à la baisse ses estimations sur la croissance économique pour l’année 2019, près du seuil inférieur de 4% par rapport à 5,5% comme estimé au printemps dernier. A son tour, la Commission européenne a annoncé que la Roumanie a enregistré une croissance économique de 3,9% en 2019 par rapport à 4,4% en 2018, selon les prévisions économiques de cet hiver, et table sur une croissance de 3,8% en 2020 et respectivement de 3,5% en 2021. Au niveau de l’UE, seule Malte connaîtra une croissance économique plus importante que la Roumanie à l’avenir, estime encore la Commission européenne.
Mesures de protection des forêts roumaines
La Commission européenne a accordé à la Roumanie 30 jours afin de mettre fin aux exploitations forestières illégales ; sinon, elle peut mettre en place des sanctions supplémentaires. La Roumanie dispose de 526.000 ha de forêts vierges, habitat pour des animaux sauvages tels les ours, les loups et les lynx. Les défrichages illégaux massifs ont toutefois mutilé de vastes zones du pays. Pire encore, certaines zones semblent malheureusement être laissées pour compte par les autorités de Bucarest.
Dans une conférence de presse, le ministre destitué de l’Environnement, Costel Alexe, a mentionné que l’Exécutif européen avait envoyé des avertissements dès 2016 : « C’est depuis lors que la Roumanie était questionnée pourquoi elle ne faisait rien pour que la forêt demeure une forêt et non pas un trésor pris d’assaut par les voleurs. Plus de trois années sont passées depuis, trois ans pendant lesquels la Commission a fait preuve de patience à l’égard de tous ceux qui ont dirigé ce secteur et ce pays. Vous savez ce que je pense, moi ? Que l’Europe et la Commission européenne se sont souciées davantage des forêts roumaines que les gouvernements antérieurs. »
L’année dernière, trois ONGs d’environnement ont porté plainte auprès de la Commission européenne face à la destruction de dizaines de milliers d’ha de forêts séculaires et primaires. Les ONGs affirment que les pouvoirs publics de Roumanie approuvent des coupes dans les aires protégées Natura 2000 sans examiner l’impact sur ces zones. Qui plus est, selon la Fédération syndicale forestière Silva, six gardes forestiers ont été tués ces dernières années, dont deux en 2019, alors que 650 ont été battus, attaqués à la hache ou au couteau, voire tués par balle lorsqu’ils surprenaient en flagrant délit les coupeurs illégaux de bois.
Mesures de protection contre le nouveau coronavirus
Jeudi, un citoyen roumain figurant parmi les passagers du navire de croisière « Diamond Princess », en quarantaine au large de Yokohama, près de Tokyo, a été testé positif au nouveau coronavirus d’origine chinoise, a fait savoir jeudi le ministère des Affaires étrangères de Bucarest. Il a été transféré dans un centre hospitalier japonais spécialisé dans le traitement de la maladie. La mission diplomatique de la Roumanie au Japon est en contact avec le citoyen roumain hospitalisé ainsi qu’avec les autres Roumains se trouvant à bord du navire.
Entre temps, à Bucarest, les autorités assurent qu’il n’y a aucun cas d’infection par le nouveau coronavirus en Roumanie à l’heure où l’on parle. Le ministre de la Santé, Victor Costache, affirme que la Roumanie est en capacité de donner un diagnostic correct et qu’à part Bucarest, la capitale, trois autres centres seront mis en place pour procéder aux analyses nécessaires en cas d’infection. Enfin, le ministre des Finances, Florin Cîţu, a fait savoir à son tour que son ministère avait alloué les fonds nécessaires à l’acquisition de caméras thermiques pour doter les aéroports roumains. Par ailleurs, l’épidémie de grippe saisonnière bat son plein en Roumanie, et a fait jusqu’ici une trentaine de victimes.
Les sportifs demandent à l’Etat de financer le sport
Plusieurs anciens et actuels sportifs champions ont lancé mercredi un appel commun, demandant un financement correct pour le sport roumain. L’ancienne numéro 1 du tennis mondial, Simona Halep, aux côtés de la gymnaste mondialement connue Nadia Comaneci, du fameux joueur de tennis Ilie Nastase, de l’athlète Gabriela Szabo, de la nageuse Camelia Potec et de la judoka Alina Dumitru exhortent le pouvoir de Bucarest d’allouer au moins 1% du PIB au sport. Invités par deux politiciens sociaux-démocrates, tous ces champions se sont rendus au Sénat pour plaider leur cause.
Nadia Comăneci : « Nous n’avons pas l’obligation d’être là. C’est la conscience qui nous pousse à faire quelque chose pour que cette génération puisse bénéficier au moins des opportunités dont nous avons bénéficié. Il est important pour la génération d’aujourd’hui de voir qu’elle peut compter sur notre soutien. »
D’ailleurs, les deux parlementaires qui ont invité les sportifs au Sénat ont déjà initié un projet de loi qui transforme la base sportive Arenele BNR, de Bucarest, en propriété de l’Etat.