La semaine du 07 au 12 octobre 2013
Nouvelles tensions entre le chef de l’Etat et son premier ministre
Roxana Vasile, 11.10.2013, 22:00
L’accord de collaboration institutionnelle entre la présidence et le gouvernement de Bucarest a été débattu la semaine dernière par les ministres des Affaires étrangères, Titus Corlatean, et de la Justice, Robert Cazanciuc, ainsi que par deux conseillers présidentiels. Le chef de l’Etat, Traian Basescu, a expliqué qu’il avait déclenché ce mécanisme visant à régler les disputes, après avoir constaté des violations de l’accord par le premier ministre Victor Ponta dans des domaines tels la politique étrangère, l’indépendance de la justice et l’Etat de droit. Le ministre de la Justice, Robert Cazaciuc fait le point sur la série de pourparlers : « Personnellement, je considère qu’on a assisté à un modèle de dialogue entre les représentants de plusieurs institutions, qui a permis aux participants de faire part de leur point de vue sur la façon dont ledit accord a fonctionné jusqu’à présent. Pour conclure, nous avons décidé que cet accord devrait rester en place et qu’on devrait chercher des solutions en ce sens ».
Après les élections de décembre dernier, remportées par l’Union Sociale Libérale, à présent au pouvoir, un pacte de cohabitation a été conclu entre Traian Basescu et Victor Ponta. Toutefois, le conflit larvé entre les deux est sur le point de se rallumer, le président mettant en garde contre une possible rupture de l’entente avec le premier ministre. Par contre, le chef de l’Exécutif affirme que l’accord est nécessaire pour éviter au pays une crise politique.
Report d’un rapport européen
Bien qu’il ait décidé dans un premier temps de la publication en décembre du rapport sur les progrès réalisés par la Roumanie dans le domaine de la justice au titre du mécanisme de coopération et de vérification, Bruxelles a finalement reporté à janvier sa publication. Le porte parole de la Commission Européenne, Mark Gray, a précisé en début de semaine avoir reçu de nombreux documents de la part des ONGs portant sur la situation au sein du Parquet national anti-corruption suite aux récentes disputes autour de la nomination de plusieurs procureurs en Roumanie. Pourtant, aux dires de M. Gray, Bruxelles ne se laisse pas influencer par des cas particuliers. «Le Parquet National Anti-corruption se retrouve dans tous les rapports élaborés jusqu’à présent par la Commission Européenne au sein du MCV comme l’une des institutions publiques les plus efficaces, les plus indépendantes et les plus objectives. Pour ce qui est des récentes discussions menées en Roumanie au sujet des différentes nominations et désignations, les rapports présentent clairement notre position. La Commission Européenne ne fait pas de commentaires sur les nominations à titre individuel, mais la situation générale du Parquet sera examinée comme d’habitude dans le prochain document élaboré par Bruxelles ».
Des fonds structurels au développement
Le premier ministre, Victor Ponta, a présenté à la Chambre des députés l’Accord de partenariat entre la Roumanie et l’UE concernant le mécanisme financier pluriannuel pour les 7 prochaines années. Point de vue fonds européens alloués pour la période 2014 — 2020, la Roumanie a été défavorisée face à d’autres Etats, par rapport au nombre d’habitants — a affirmé Ponta. Et lui d’ajouter que les fonds alloués à la Roumanie seront utilisés principalement pour réduire les décalages graves entre différents comtés et régions du pays. Le chef du gouvernement a rappelé que l’absorption des fonds européens s’était triplée suite au déblocage des programmes opérationnels sectoriels suspendus par Bruxelles en raison de graves problèmes de gestion des fonds. Le jour même où Bucarest assistait à la présentation du Mécanisme financier pluriannuel, Bruxelles annonçait, lui, le déblocage du programme opérationnel sectoriel pour l’augmentation de la compétitivité économique. Celui-ci figure aux côtés de l’Infrastructure, des Ressources, de l’Administration et de la Gouvernance parmi les principales directions à suivre par la Roumanie durant l’exercice budgétaire 2014-2020.
Le chef de la diplomatie roumaine — en visite à Londres
Les autorités roumaines et britanniques vont collaborer afin de prévenir les éventuels abus en matières de droit à la libre circulation des travailleurs à l’intérieur de l’espace communautaire. Le sujet a été mis sur le tapis jeudi à Londres lors des entretiens entre le ministre roumain des Affaires étrangères, Titus Corlatean et son homologue britannique William Hague. Les deux responsables ont reconnu la contribution de la plupart des Roumains du Royaume-Uni au développement de l’économie britannique, dans le contexte où les restrictions pour les ressortissants roumains sur le marché de l’emploi du Royaume–Uni doivent être levées à partir du 1er janvier prochain. Certains quotidiens britanniques ont fait savoir que bon nombre de Roumains envisagent de déménager au Royaume-Uni, histoire d’obtenir des bénéfices. Ce qui plus est, une campagne du ministère britannique de l’Intérieur, encourageait, l’été dernier, les départs volontaires de migrants illégaux . Des affiches placardées sur des camions, illustrées dune image de menottes et indiquant le nombre dimmigrants arrêtés en une semaine faisaient passer le message : « Vous êtes au Royaume-Uni de manière illégale? Rentrez chez vous ou prenez le risque de vous faire arrêter ». Autant d’éléments qui ont amené l’ambassadeur de Roumanie à Londres, Ion Jinga, à écrire dans un article pour huffingtonpost.co.uk, que la vie et la réputation des Roumains qui travaillent au Royaume-Uni pâtissent des statistiques trompeuses et de la rhétorique alarmiste des hommes politiques et des médias.
Nouveau Code sylvicole
Approuvé par le gouvernement, un nouveau Code sylvicole devrait être adopté par le Parlement, suite à des débats en régime d’urgence. Le changement du code était impérieusement nécessaire: depuis la révolution anticommuniste de 1989 jusqu’à nos jours, la Roumanie a perdu près de 400 mille hectares de forêt, les dégâts dépassant les 5 milliards d’euros. Et ce en raison d’une gestion inefficace et d’un abattage incontrôlé dans certaines régions. Par conséquent, le nouveau code sylvicole prévoit des sanctions plus dures pour vol et complicité au vol de bois. Par contre, les propriétaires qui ne coupent pas le bois se verront accorder des récompenses financières. La ministre déléguée aux eaux et forêts, Lucia Varga a estimé que Romsilva, la Régie chargée de la gestion des forêts appartenant à l’Etat, et les propriétaires de forêts seront soutenus en vue d’une exploitation plus efficace de la matière ligneuse: « Ils se soucient du fait qu’ils devront supporter du budget des coûts supplémentaires ; mais la vente des certificats va leur rapporter de l’argent. Ils auront les fonds nécessaires pour assurer la garde des forêts et doter les entrepôts. Quant aux propriétaires de forêts, ils seront tout d’abord stimulés à ne pas couper leur bois et ils pourront se voir accorder, compte tenu du certificat, des montants allant jusqu’à 200 dollars par hectare. »
En ce qui concerne la commercialisation, le bois ne pourra être vendu que depuis des entrepôts après avoir été mesuré et coupé. (trad. : Ioana Stancescu, Alexandra Pop)