La semaine 16 – 21.11.2015
Priorités du nouveau gouvernement de Bucarest
Roxana Vasile, 21.11.2015, 13:34
Priorités du nouveau gouvernement de Bucarest
Le nouveau gouvernement roumain dirigé par l’ex-commissaire européen, Dacian Cioloş, s’est installé mardi aux mannettes du pays, après avoir été voté à une large majorité par le Parlement. A court et moyen terme, le nouveau cabinet doit notamment élaborer le budget pour 2016 et organiser les élections municipales et législatives de l’année prochaine. Il envisage également de mettre sur pied un plan d’investissements sur 10 ans, une stratégie nationale de développement et d’entreprendre des réformes dans la Santé et l’Education. Parmi ses priorités, on retrouve aussi le renforcement de la position et du rôle de la Roumanie au sein de l’OTAN et de l’UE, le développement du Partenariat stratégique avec les Etats-Unis, ainsi que l’appui aux aspirations d’intégration européenne de la République de Moldova voisine.
Le nouvel Exécutif est formé des personnalités sans étiquette politique, des spécialistes expérimentés du secteur privé ou des institutions européennes. Les attentes de Roumains sont importantes, a souligné le président roumain Klaus Iohannis : «Vous avez l’opportunité de montrer comment la Roumanie peut être bien gouvernée, dans une année compliquée et avec des attentes très importantes de la société, du peuple, mais aussi du milieu politique, soyez assurés. Je suis persuadé que tout le monde souhaite que les affaires du pays aillent comme sur des roulettes et pour cela il y a besoin d’un gouvernement efficace.»
PSD, le bilan
Un gouvernement s’installe, d’autres s’en vont. Les cabinets dirigés pendant 4 ans par le social – démocrate Victor Ponta ont dressé lundi leur bilan, par la voix de Liviu Dragnea, le chef de file des sociaux-démocrates. Selon lui, les cabinets de Ponta ont hérité en 2012 d’une économie en train de sortir de la crise économique et ont réussi à ramener la croissance économique à 3,8%, soit une des plus élevées en UE. A l’heure actuelle, le déficit budgétaire est de 1,5% du PIB, par rapport à 5,4% en 2011.
Liviu Dragnea passe en revue d’autres réussites des cabinets à majorité sociale – démocrate: «La Roumanie a emprunté moins d’argent à l’étranger et au marché intérieur, parce que l’économie s’est portée bien. Le PIB a augmenté de 133 à 158 milliards d’euros en 2015. Ainsi, le gouvernement Ponta a-t-il réussi à réunir l’argent nécessaire pour faire deux choses fondamentales : d’une part, accroître le pouvoir d’achat de la plupart des Roumains, par la hausse des revenus et la réduction des taxes ; d’autre part : encourager le milieu des affaires par le biais de mesures correctes incluses dans le Code Fiscal. »
Par ailleurs, parmi les bémols de la gouvernance de Victor Ponta, les spécialistes dénoncent une relation conflictuelle permanente avec l’ancien président Traian Basescu, ce qui a beaucoup nui au pays, tout comme les faits de corruption supposés dont Victor Ponta a été accusé, sans oublier son échec aux élections présidentielles en 2014.
Vote par correspondance pour les Roumains de la diaspora
La Cour Constitutionnelle de la Roumanie a décidé à l’unanimité que la loi du vote par correspondance était conforme à la Constitution. Par la suite, jeudi, le président Klaus Iohannis a promulgué la loi. Selon le document, les Roumains ayant leur domicile ou leur résidence à l’étranger et qui souhaitent voter par correspondance doivent s’inscrire au Registre Electoral sur la base d’une demande déposée personnellement ou envoyée par la poste à la mission diplomatique ou au bureau consulaire de la Roumanie dans le pays d’accueil. L’inscription n’est pas possible en ligne. Cette alternative du vote par correspondance est censée remédier aux lacunes de l’organisation des élections, en raison desquelles, lors du scrutin présidentiel de novembre 2014, des milliers de Roumains n’ont pas pu exercer leur droit de vote. Dans un premier temps, la loi sera mise en application au scrutin parlementaire de l’année prochaine. Si le système s’avère efficace, il sera utilisé aux prochaines élections présidentielles et européennes.
La Roumanie et la lutte contre le terrorisme
Le terrorisme fonctionne s’il suscite la peur, a affirmé le chef de l’Etat roumain, suite aux attentats de Paris, parmi les victimes desquels il y avait aussi deux Roumains. Klaus Iohannis: «Ce n’est qu’au moment où l’on permet à la peur de pénétrer le tissu social de nos pays que les terroristes parviennent à leur fin. Or force nous est d’empêcher que cela arrive. Nous ne devons pas laisser la xénophobie, l’ultra-nationalisme, le chauvinisme à gagner du terrain dans nos sociétés. Par ailleurs, il est hors de question de laisser cette peur nous mener à stigmatiser certaines communautés religieuses qui n’y sont pour rien.
Alliée de la France au sein de l’OTAN et partenaire dans l’UE, francophone et francophile par tradition, la Roumanie a vite fait de se rallier aux mesures adoptées par la communauté internationale qui essaie d’éviter que de telles atrocités se répètent à l’avenir aussi. Par respect pour les minorités ethniques et religieuses, la population musulmane de Roumanie ne fera pas l’objet de mesures spéciales, a fait savoir le président Iohannis. Massés surtout dans le sud-est du pays, les quelque 70 mille musulmans de Roumanie, tatares et turcs notamment, sont un véritable modèle d’intégration et de loyauté envers l’Etat roumain.
Bilan alourdi de la tragédie dans la discothèque Colectiv
Trois semaines après l’incendie meurtrier dans la discothèque bucarestoise Colectiv, le bilan des victimes s’alourdit encore, approchant les 60 décès. Plus de 40 personnes sont toujours hospitalisées, dont une dizaine sont dans un état critique et grave. 30 autres patients ont été transférés dans des hôpitaux de l’étranger. Rappelons-le, un incendie violent a eu lieu pendant un concert de rock auquel participaient plusieurs centaines de jeunes. Le nombre si grand des décès a été causé non seulement par les brûlures, mais aussi par l’inhalation d’un mélange de gaz extrêmement toxiques. ( trad. Valentina Beleavski, Andrei Popov)