La rétrospective des principaux événements de 2018
Le dossier de l’immigration
Bogdan Matei, 29.12.2018, 13:40
Le dossier de l’immigration
« 2018 touche à sa fin et, à jeter un regard en arrière, on pourrait conclure que ce ne fut pas une bonne année ni pour l’UE, ni pour ses voisins », affirme le politologue roumain Cristian Preda, dont le mandat de parlementaire européen sachèvera en mai 2019. A en croire les statistiques onusiennes, 2018 fut la cinquième année de suite quand l’Europe a dépassé le seuil de 100.000 immigrants. A ce chiffre déjà impressionnant s’ajoute un autre: les 2000 réfugiés qui ont péri dans le courant de l’année, dans leurs tentatives de traverser la Méditerranée. Même si le nombre d’immigrants est à la baisse par rapport aux années précédentes, la question de l’immigration continue à influencer la politique communautaire et les sociétés européennes. Interrogés sur la possibilité que leurs pays accueillent encore plus d’immigrants, moins d’un tiers des Européens se sont dit d’accord. Pour le reste, c’est non. Ils sont 82% en Grèce, 72% en Hongrie, 71% en Italie ou encore 58% en Allemagne à espérer même une fermeture de leurs frontières aux réfugiés.
Par crainte d’attentats islamistes, une vague de populisme et de xénophobie a déferlé dernièrement sur toute l’Europe. Les conséquences en sont multiples à commencer par l’installation, à Rome, d’un gouvernement de coalition formé du Mouvement Cinq Etoiles – ni de droite, ni de gauche et revendiquant la démocratie participative – et le parti d’extrême-droite La Ligue du Nord. A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a décidé de mettre fin à une carrière de deux décennies à la tête de l’Union chrétienne-démocrate, après avoir subi un déficit grave d’image suite à sa politique pro-immigration. Moins de deux ans après son installation à l’Elysée et pendant que les actions des Gilets jaunes se poursuivent, le président français, Emmanuel Macron, a atteint son taux de popularité le plus bas. A Bruxelles, le gouvernement du francophone Charles Michel a démissionné après que les nationalistes flamands ont quitté le gouvernement belge en raison de désaccords sur le Pacte de l’ONU sur les migrants. Controversé et non contraignant, le Pacte a reçu le oui de 150 pays, dont la Roumanie, sur un total de 193. Il recense des principes, tels la défense des droits de l’homme et des enfants, la reconnaissance de la souveraineté nationale – et une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux migrations. Le document interdit les détentions arbitraires et considère les arrestations comme solution ultime. Issus principalement de l’Europe centrale et de l’Est, les pays contestataires dénoncent l’absence d’une délimitation claire entre la migration légale et illégale, le renforcement des droits des migrants et l’encouragement de l’immigration par son inclusion sur la liste des droits de l’homme.
Brexit, un divorce compliqué
Prolongées au-delà du calendrier prévu initialement, les négociations sur le Brexit se sont compliquées en raison de la frontière irlandaise et des incertitudes au sein du camp conservateur de la première ministre britannique, Theresa May. La Roumanie soutient l’accord conclu entre l’UE et le Royaume Uni, tout comme la déclaration politique sur le futur cadre de sa relation post-Brexit, a tenu à préciser le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Melescanu. Et lui d’ajouter que Bucarest envisage de mener une série de négociations bilatérales avec le Royaume Uni dans le cadre de leur partenariat stratégique. Questionné sur le sort des plus de 400.000 ressortissants roumains de Grande Bretagne, M Melescanu a invoqué l’entrevue qu’il a eue avec son homologue britannique, Boris Johnson, lors de laquelle il s’est vu rassurer quant à leur avenir. Si les médecins ou les infirmières de Roumanie travaillant en Grande Bretagne quittent le pays, le système sanitaire britannique en souffrira beaucoup, a tenu à préciser le ministre Johnson lors de cet entretien.
Tensions dans la région de la mer Noire
L’escalade des tensions et l’appétit territorial grandissant de la Russie inquiètent les grandes chancelleries mondiales. Membre de l’UE et de l’OTAN, voisine de l’Ukraine et riveraine de la mer Noire, la Roumanie est fortement préoccupée par ce qui se passe autour d’elle.
Dans une interview sur Radio Roumanie, le chef de la diplomatie roumaine, Teodor Melescanu, a affirmé: «Malheureusement, la Roumanie est de plus en plus préoccupée de voir dernièrement la Russie renforcer sa présence militaire dans la région de la mer Noire et aux frontières orientales de l’UE et de l’OTAN. Bucarest accorde une attention particulière aux manœuvres militaires qui y sont menées, à la mise en place d’une structure militaire très puissante en Crimée, annexée illégalement par Moscou ou encore aux récents incidents qui ont eu lieu dans le détroit de Kertch.»
La région de la mer Noire sera parmi les thèmes majeurs de la future présidence roumaine de l’UE, a encore précisé le chef de la diplomatie roumaine.
Comptabilité et politique
L’Union européenne a déboursé d’une manière inadéquate presque 3,3 milliards d’euros, ce qui se traduit par un trou de 2,4% dans son budget pour 2017, relève un rapport sur 2018 de la Cour des comptes européenne. La façon dont cet argent a été dépensé contrevient aux normes communautaires, peut-on lire dans le document. La Cour des comptes européenne a noté pourtant de nets progrès concernant la justesse des dépenses de l’UE, dans son rapport 2018, après que les dépenses inappropriées se sont montées à 3,1% du budget en 2016 et à 3,8% en 2015. Les analystes remarquent pourtant que ce document intervient dans un moment critique pour l’Union quand l’euroscepticisme risque de donner le vent en poupe aux partis populistes aux futures élections européennes de l’année prochaine. (Trad. Ioana Stancescu)